Année 2020-2021
Lectures partagées continue durant l'année 2020-2021. Une activité appréciée à côté des livres nomades pour permettre aux lecteurs de faire de belles découvertes de lecture et de les partager avec les autres.
Littera 05 vous invite donc à venir aux dates ci-dessous, présenter un livre , actuel ou ancien, que vous aimeriez partager avec d'autres amoureux de la lecture .Vous pouvez aussi venir seulement pour écouter .
Comme les autres années,
"Lectures partagées" aura lieu à La Nouvelle Librairie,
6 cours Victor Hugo à Gap,
de 18h à 19h30
Comme il était impossible de continuer les lectures partagées en présentiel, Littera05 s'est adaptée :
- D'abord, les lectures partagées ont continué en ligne (Voir le compte-rendu ci-dessous)
- Puis à partir de Février , nous allons les poursuivre en utilisant la visio-conférence
Lectures partagées virtuelles du 8 juin 2021 - La Pépinière
6 participantes.
– Friday Black de Nana Kwame Adjei-Brenyah : Terres d’Amérique chez Albin Michel, 2021
Recueil de nouvelles d’un jeune écrivain noir qui décrit tous les maux et la réalité la plus crue de l’Amérique d’aujourd’hui. A la fois futuriste, dystopique donnant à voir ce qu’il est possible d’arriver mais également ce qui est déjà là. Les sentiments sont très sincères. Par un système de notation, de 1 à 10, il nous fait comprendre l’état de noirceur, comment on ressent le fait d’être noir. Dans un bus, il est à 6,7, quand il fait des achats dans un magasin, il monte à 8. Il y a un vrai style. Avec une troublante lucidité, il décrit un monde déshumanisé où les gens ne se parlent pas, plus, ce qui augmente les paranoïas. C’est un livre violent, puissant, un uppercut.
– De sable et de neige de Chantal Thomas – Mercure de France, 2021
Livre de mots et d’images avec de belles illustrations. Chantal Thomas évoque ses souvenirs d’enfance, des images, des éléments, un paysage avec légèreté, sans nostalgie, c’est un hommage à son père, homme mutique avec lequel elle a partagé de beaux moments dans son enfance. Ce livre est un hymne à la vie, l’art de vivre l’instant avec toujours la présence, si importante pour elle, de l’océan.
– Impossible d’Erri de Luca – Traduit de l'italien par Danièle Valin - Gallimard, du monde entier, 2020
Dans le style habituel d’Erri de Luca, un roman assez court, concentré, condensé, intense où il excelle à développer ses thèmes de prédilection, la montagne et l’engagement politique.
Sur un sentier escarpé des Dolomites, un homme chute dans le vide. Derrière lui, un autre homme donne l’alerte. Ces deux hommes se connaissaient. Dans un passé lointain, le premier a trahi le second, l’a livré à la police alors qu’ils appartenaient au même groupe révolutionnaire. Le magistrat ne croit ni au hasard ni aux coïncidences. Il tente de faire avouer au suspect un meurtre prémédité. L’échange entre le jeune magistrat et le vieux révolutionnaire est l’occasion d’une belle réflexion sur ce qu’est l’engagement, la justice, l’amitié, la trahison, la fidélité sur fond d’amour pour la montagne et d’une passion tardive pour une femme.
– Ceux que je suis d’Olivier Dorchamps – Finitude, 2019
Le narrateur doit accompagner le cercueil de son père au Maroc en avion pendant que le reste de la famille arrivera plus tard en voiture. Lui et ses deux frères ne comprennent pas pourquoi leur père a souhaité être enterré à Casablanca. Ils ne savaient pas qu’il avait payé une assurance pour le rapatriement de son corps. Jamais ils n’en ont parlé. Ils ont un lien très lointain avec le Maroc, leurs parents ayant toujours souhaité qu’ils s’intègrent à la société française. C’est une belle histoire sur l’identité, la découverte de l’autre, les secrets de famille.
– L’été sans retour de Guiseppe Santoloquido - Gallimard, 2021
Italie, petit village de la Basilicate, dans le sud. Il y a eu un faits divers, la disparition d’une adolescente. Il faudra 15 ans à Sandro pour pouvoir en parler. Deux familles sont au centre du drame. Si les enfants et les conjoints se parlent, il y a une rivalité terrible entre les deux sœurs . Sandro, personnage très attachant, est rejeté par les deux familles et vit à part, sur les hauteurs. Il y a une enquête avec les codes du polar, les traumatismes vécues dans l’enfance déterminent lla vie d’adulte. Les équipes de télévision qui débarquent vont mettre un temps en lumière le village perturbant la vie des habitants.
– Une vie de Maupassant
Plaisir de relire un classique si bien écrit.
– Quelques jours dans la vie de Tomas Kusar d’Antoine Choplin – La Fosse aux ours, 2017
Ce livre raconte avec délicatesse l’histoire de la rencontre de Tomas Kusar, humble cheminot et de Vaclav Havel, l’amitié qui se noue, l’évolution de Tomas au contact de Vaclav. Il nous parle avec beaucoup d'humanité, d'humilité des luttes pour les libertés, de l'engagement politique, de la défense d’idées plus justes et ce que cela peut consentir de sacrifices, de risques, de solidarité…Un livre sobre et beau comme sait si bien les écrire Antoine Choplin.
– Mon mari de Maud Ventura - Iconoclaste, 2021
Une histoire acidulée, qui joue avec les codes des histoires à l’eau de rose. Ils sont beaux, riches et amoureux. Elle est obsédée par son mari, chaque jour de la semaine, elle va guetter le moindre faux pas. Ce conte de fée moderne est une observation pleine de finesse sur le couple sur lequel l’autrice porte un regard ironique et mordant.
– Vivre avec nos morts de Delphine Horvilleur – Grasset, 2021
Delphine Horvilleur n’est pas seulement une femme rabbin extrêmement cultivée, talentueuse et charismatique, elle nous entraine avec elle dans l’exploration de la dimension spirituelle de nos vies. Dans son travail d'accompagnement des défunts et de leurs proches, elle côtoie la mort comme une vieille connaissance, sans pour autant s'habituer à sa présence. Elle s’inspire des grandes figures bibliques et de son expérience pour, tout en parlant de la mort, transmettre une belle leçon de vie.
Lectures partagées virtuelles du 4 mai 2021
4 participantes.
– Frakas de Thomas Cantaloube – Série Noire Gallimard - 2021
Polar sur fonds historique : la naissance de la France Afrique et la guerre du Cameroun en 1962. Une enquête sur une personnalité africaine tuée dans d’étranges circonstances va amener un journaliste et ses deux acolytes à se pencher sur le rôle peu glorieux de la France. Barbouzes, truands, politiques se croisent dans ce polar très bien documenté.
– Envoyé un peu spécial de Julien Blanc Gras - Stock, 2021
À mi-chemin entre le « touriste professionnel » et le « reporter à temps partiel », ce nouveau roman est composé de petites cartes postales des différents pays que l’auteur a parcourus.
Avec l’humour qu’on lui connaît, il nous embarque dans un nouveau tour du monde, avec la curiosité et la joie de la découverte pour seules boussoles.
– Entre fauves de Colin Niel – Editions du Rouergue, 2020
Roman choral, 4 narrateurs :
– Charlie le lion seul et vieillissant.
– Martin garde au parc national des Pyrénées, ultra protecteur envers les ours et inquiet de ne plus voir le dernier.. Farouchement anti-chasse, il fait partie d'un groupe d’ultras sur internet, qui traque ceux dont la passion est d'aller tuer des animaux dans des pays lointains.
– Apolline, jeune femme blonde qui, pour ses vingt ans, reçoit en cadeau, de la part de son père, un très bel arc de chasse et une photo du lion qu’elle doit partir chasser en Namibie.
– Kondjima, un jeune Himba, qui assiste impuissant au massacre de son troupeau de chèvre par un lion, dont il veut se venger mais c’est un animal protégé en Namibie.
Sont interrogées dans ce roman toutes les problématiques de la protection et réintroduction des espèces, des rapport de l’homme avec la nature, du chasseur et de sa proie, les rôles pouvant s’inverser de façon surprenante, les rapports avec l’image, le pouvoir d’internet.
Un roman riche et bien plus complexe qu’il n’y paraît..
– La montagne blessée de Luc Bronner – Seuil – 2020
Histoire d'un village des Hautes-Alpes, Chaudun, situé entre Dévoluy et Champsaur, que les habitants ont dû vendre à l'Etat, plus spécialement aux Eaux et forêts, en 1895, pour échapper à la misère et s'exiler vers les montagnes voisines, l'Amérique ou l'Afrique du Nord. Histoire d'un désastre écologique et humain, d'un suicide collectif et d'une étonnante résurrection.
– Les orages de Sylvain Prudhomme - Gallimard, 2021
Avec "Les orages", Sylvain Prudhomme explore ces moments où un être vacille, où tout à coup il est nu. Heures de vérité. Bouleversements parfois infimes, presque invisibles du dehors. Tourmentes après lesquelles reviennent le calme, le soleil, la lumière.
– Des diables et des saints de Jean-Baptiste Andréa - Iconoclaste, 2021
Le roman commence avec Joseph un homme d’un certain âge qui joue divinement du Beethoven dans des gares ou des aéroports. Il nous raconte son histoire. On le retrouve cinquante ans plus tôt, il vit une adolescence tranquille avec des parents aisés, une insupportable petite sœur et son vieux professeur de piano. Tout bascule le jour où l’avion qui transportait ses parents et sa sœur s’écrase sous ses yeux. Il n’a aucune autre famille . Il est envoyé à l'orphelinat Les Confins, dans les Pyrénées, un lieu sinistre où il subira des mauvais traitements. Il fera la connaissance d’adolescents aussi démunis que lui. Ils noueront une amitié profonde et solide qui leur permettra de résister et un jour de s’enfuir. Ce séjour le marquera à jamais. Encore une histoire d’enfance abîmée traversée parfois de lumière, du pouvoir apaisant de la musique et de la quête d’un amour à peine entrevu.
Lectures partagées virtuelles du 6 avril 2021
6 participants.
– Un homme effacé d’Alexandre Postel – Poche, 2014
Goncourt du premier roman en 2013
Un universitaire discret, sérieux, un professeur de philosophie honorable est arrêté par la police et accusé d’avoir téléchargé des images provenant d’un réseau de pédophilie. L’inculpé n’est pas coupable mais la machine judiciaire est en marche et, confronté à la calomnie, à la malveillance, à l’emballement médiatique, il ne sera pas en capacité de prouver son innocence.
Le tram de Noël de Giosuè Calaciura – 2021- Noir sur Blanc -
C’est le soir de Noël, un tram roule dans la nuit, un bébé abandonné à son bord, un bébé noir que les lumières de la nuit éclairent parfois. Le tram s’éloigne de Rome en direction des zones périphériques. A chaque arrêt une personne monte, des laissés pour compte, des miséreux, des travailleurs pauvres, une prostituée déportée d'Afrique et son client malheureux, un vendeur ambulant de parapluies, un magicien, un jeune africain sans papiers qui vit avec d’autres dans une ferme abandonnée et s’est attaché à un lapin qu’il n’a pas pu tuer.... Tous se dirigent, silencieux, vers le réveillon vers quelqu’un qui les attend ou pas... Tous ont une histoire différente, triste et banale mais tous vont être dans la lumière parce que pour une fois, on s’attache à eux, à leur histoire, ils ne sont plus seulement des anonymes. Miracle de Noël, ce mystérieux bébé abandonné à l'arrière du tramway va les rassembler et rompre l'indifférence.
– Un bref instant de splendeur d’Océan Vuong – Gallimard – 2020
Premier roman écrit dans une langue splendide, poétique avec cette qualité de trouver le ton juste. Un fils écrit à sa mère analphabète des lettres qu’elle ne pourra pas lire. Lui parle anglais, elle vietnamien. La guerre plane sur ce livre, le mot est très souvent cité. Il est question de violence, des coups de sa mère, de la folie de sa grand-mère, de son homosexualité, de la puissance de l’écriture, des mots qui ont la force de l’émotion..
– L’âne mort de Chawki Amari – Ed. L’observatoire - 2019
Ce livre est un conte moderne comportant une critique acerbe non déguisée de l’Algérie contemporaine. Un trio de jeunes « ados » quadragénaires, 2 hommes, une femme, diplômés mais sans emplois, en quête d’argent, en quête de sens, vont devoir fuir Alger avec un âne mort dans le coffre d’une voiture qui évidemment marche mal, de nombreuses haltes sont nécessaires avant d’atteindre la Kabylie et les monts Djurdjura où ils vont se réfugier chez un libraire qui n’a pas de clients mais qui a la particularité de tuer ses femmes sans état d’âme tout en étant très fin philosophe.... C’est assez drôle, fantasque et percutant, on s’attache à ces pieds nickelés et même au libraire assassin. Il y a de la poésie dans cette histoire où il est question de physique, de métaphysique, de sens de la vie et des difficultés de vivre en Algérie. C’est un livre écrit en 2014, édité très récemment en France et qui donne un aperçu sans doute assez précis des raisons du mal être qui a mené au soulèvement de la jeunesse algérienne.
– Gallmeister s’ouvre au reste du monde :
– un roman italien, un jour viendra de Guilia Caminito - 2021
À Serra de’ Conti, sur les collines des Marches italiennes, Lupo et Nicola vivent dans une famille pauvre et sans amour. Fils du boulanger Luigi Ceresa, le jeune Lupo, fier et rebelle, s’est donné pour mission de protéger son petit frère Nicola, trop fragile, trop délicat avec son visage de prince. Flanqués de leur loup apprivoisé, les deux frères survivent grâce à l’affection indestructible qui les unit. Leur destin est intimement lié à celui de Zari, dite Soeur Clara, née au lointain Soudan et abbesse respectée du couvent de Serra de’ Conti. Car un mensonge sépare les frères et un secret se cache derrière les murs du monastère. Alors que souffle le vent de l’Histoire, et que la Grande Guerre vient ébranler l’Italie, le jour viendra où il leur faudra affronter la vérité. Dans une langue aussi tendre et rude que l’amour entre deux frères, Giulia Caminito donne voix à des personnages intenses en lutte face au chaos du monde.
– un roman sarde, l’île des Ames de Piergiorgio Pulixi - 2021
Depuis plusieurs décennies, la Sardaigne est le théâtre de meurtres rituels sauvages. Enveloppés de silence, les corps de jeunes filles retrouvés sur les sites ancestraux de l’île n’ont jamais été réclamés. Lorsque les inspectrices Mara Rais et Eva Croce se trouvent mutées au département des “crimes non élucidés” de la police de Cagliari, l’ombre des disparues s’immisce dans leur quotidien. Bientôt, la découverte d’une nouvelle victime les place au centre d’une enquête qui a tout d’une malédiction. De fausses pistes en révélations, Eva et Mara sont confrontées aux pires atrocités, tandis que dans les montagnes de Barbagia, une étrange famille de paysans semble détenir la clé de l’énigme. La première enquête de Mara Rais et Eva Croce nous plonge dans les somptueux décors de la Sardaigne, au coeur de ténèbres venues du fond des âges.
– La papeterie Tsubaki d’Igo Ogawa – Ed Piquier - 2020
Hatoko a vingt-cinq ans quand elle revient à Kamakura, la ville de son enfance pour tenir la papeterie Tsubaki que lui a léguée sa grand-mère, pas seulement le commerce mais aussi et surtout pour reprendre sa place comme écrivain public.
Sa grand-mère (qu’elle appellera toujours l’Aînée) vient de décéder, elle ne la voyait plus, elle était si sévère et exigeante qu’Hatoko s’en était éloignée, elle lui en voulait d’avoir volé son enfance. Au lieu de jouer avec les autres, elle avait dû fournir un travail acharné pour apprendre l'art difficile de la calligraphie, la belle écriture, le choix des mots, de la formule, de l’encre, du papier. Tout devait être parfait, l’Aînée y veillait et Hatoko n’avait pas mesuré ni compris à l’époque la valeur de cet héritage.
Très vite, les clients passent la porte de la papeterie, les demandes sont nombreuses et parfois surprenantes, des cartes de vœux, des mots de condoléances, des lettres d’adieu ou d’amour..
C’est un roman tranquille, au doux parfum d’ailleurs, des promenades à l’ombre des cerisiers en fleurs, un délicat parfum de thé, un goût d’épices en bouche, une poésie du bonheur, léger et fragile, l’effleurement des sentiments, un raffinement de tous les instants. C’est exquis, reposant, apaisant, une respiration qui fait du bien.
– Les gratitudes de Delphine de Vigan - Jean-Claude Lattès, 2019
Michka est une vieille dame attachante qui ne peut plus rester seule. Elle doit quitter sa vie et s'installer en EPAHD. Elle perd peu à peu son autonomie. Marie est là pour l’accompagner, la soutenir et Jérôme l’orthophoniste va tenter de l'aider à retrouver ses mots qui peu à peu lui échappent. Un concentré d’émotion, un livre humain et sensible sur la vieillesse, la fin de vie et son accompagnement.
Lectures partagées virtuelles du 2 mars 2021
7 participants.
– Douleur de Zeraya Shalev – Gallimard , 2017 - Laurence Sendrowicz (Traduction)
Dix ans après avoir été blessée dans un attentat, Iris ressent toujours des douleurs persistantes, autant physiques que psychiques. Elle est directrice d’école, est très investie dans son travail, essaie de contrôler sa vie mais tout bascule quand en allant consulter un médecin, elle reconnaît Ethan, le grand amour de ses 17 ans, un homme qui l’avait brutalement quittée. C’est un tournant, nous partageons le vertige et le marasme dans lesquels se débat Iris. Elle croit que c’est une deuxième chance, que cet amour peut renaître mais ses interrogations vont l’amener à reconsidérer sa vie, à réinvestir dans ses enfants, son couple et pour la première fois, elle réalise ce qui est vraiment important et essentiel dans sa vie. Une belle exploration d’une vie de femme, bien décrite avec le contexte des attentats en Israël.
- Il est des hommes qui se perdront toujours de Rebecca Lighieri – P.O.L., 2020
C’est sous ce pseudonyme qu’écrit Emmanuelle Bayamack Tam quand elle veut être plus féroce. Et ce roman ne déroge pas à la règle.
Le livre commence par la mort du père, assassiné à coups de pierre à la décharge du quartier. « Qui a tué mon père ? » interroge d’emblée Karel, narrateur du roman. « Personne et beaucoup de gens. ». C’est l’histoire d’une fratrie née dans des quartiers défavorisés de Marseille. Parents drogués qui peinent à nourrir leurs enfants, père maltraitant, haï, mère effacée. La beauté des deux aînés ne leur permet pas d’éviter les mauvais traitements, la fille percera dans le milieu du cinéma, l’aîné, le narrateur, n’arrivera pas à échapper à sa cité, le plus jeune, qui se construit dans l’adversité, sera une étoile qui s’éteindra trop vite. Bien sur, c’est encore une histoire de cité, une histoire de pauvreté, une histoire où les enfants sont victimes mais Rebecca Lighieri donne vie à de beaux personnages, à des interrogations et une prise de conscience nécessaire. Même si on ne veut pas savoir, même si on pense ne pas être responsable, il y a une humanité à découvrir sous la détresse et le mal de vivre.
Les pouvoirs publics ont abandonné ces enfants, ces familles. C’est la misère, la pauvreté, la drogue qui dominent la vie de la cité. Les enfants sont battus, maltraités dans l’indifférence générale.
C’est un livre coup de poing écrit avec fureur. On sent la colère de l’auteur et son empathie pour ces enfances dévastées. Les destins sont brisés dès l’enfance, certains survivront et l’auteure nous donne à voir l’énergie vitale dont ces enfants victimes doivent faire preuve pour survivre. C’est édifiant. Malgré le sujet, un très beau livre.
– Le goût du vrai d’Etienne Klein – Lettre de Gallimard , 2020
Ce livre est une antidote contre la pensée magique, une dénonciation du relativisme.
Il dénonce le trouble dans les esprits et défend la science tout en mettant en évidence ses défaillances. La crise sanitaire a révélé l'ambivalence de notre rapport à la science et le peu de crédit que nous lui accordons. Beaucoup de déclarations parfois en opposition ont semé le doute. Lorsque, d'un côté, l’inculture prend le pouvoir, que, de l'autre, l’argument d’autorité écrase tout sur son passage, lorsque la crédibilité de la recherche ploie sous la force de l’événement et de l’opinion, comment garder le goût du vrai - celui de découvrir, d’apprendre, de comprendre ? Quand prendrons-nous enfin sereinement acte de nos connaissances, ne serait-ce que pour mieux vivre dans cette nature dont rien d'absolu ne nous sépare ? Petit livre de 55 pages qui nous réconcilie avec la pensée scientifique clairement énoncée.
– Huit crimes parfaits de Peter Swanson - Gallmeister, 2021
Il y a un joli chat roux en couverture. Il s’agit effectivement du jeu du chat et de la souris. C’est la mascotte d’une librairie spécialisée en romans policiers.
Le libraire, Malcolm reçoit la visite surprise d’une agente du FBI qui enquête sur une série de meurtres qui rappellent les romans de grands auteurs de romans policiers dont Agatha Christie, Malcolm est lié à cette enquête car il a publié sur son blog une liste intitulée ”Huit crimes parfaits” où figuraient certains de ces crimes. Est-ce que le tueur s’en est inspiré ?
Réflexion sur l’écriture , comment la fiction peut inspirer le réel .
– Une joie féroce de Sorj Chalandon - Grasset, 2019
Le récit parle d’abord du cancer, quatre femmes vont se rencontrer autour de la maladie, à l’hôpital, en chimiothérapie, elles vont sympathiser, un lien fort se crée entre elles, une vraie amitié.. Elles ont également en commun une histoire compliquée autour de la maternité. La plus jeune d’entre elle, Mélodie, a une petite fille qui a été enlevée par son père, un russe qui demande une rançon. Toutes vont s’allier pour l’aider. Pour récolter l’argent, elles vont se lancer dans le casse d’une bijouterie. Ce roman est un hymne à la vie et à la force de ces femmes.
– Le vieux de Michel Rostain – Calmann Levy , 2021
Michel Rostain avait obtenu le prix Goncourt du premier roman avec « le fils » qui parlait avec beaucoup de sensibilité de la mort subite de son fils de 20 ans.
Ce nouveau roman est une interrogation sur la vieillesse. Le vieux est un metteur en scène d’opéra qui va monter « la flûte enchantée de Mozart". C’est aussi une déclaration d’amour à sa femme.
Il se présente en trois parties distinctes.
1 – les 4 bombes qui relate les enterrements d’amis proches du vieux avec une réflexion sur la vie et la mort.
2 – les contes de la Québenne . Un des personnages Simon, se suicide. Nouvelle réflexion sur la mort et la fin de vie.
3 – Dernière partie sur la fin de vie et les interrogations sur le droit de mourir dans la dignité.
Ce roman sur un sujet grave est un bel hommage au monde du spectacle, l’écriture onirique est très poétique.
– Mangeterre de Dolorès Reyès - Métailié, 2020 - Isabelle Gugnon (Traduction)
On retrouve l’écriture sud américaine avec son réalisme magique. Celle que l’on surnomme Mangeterre est d’abord une enfant secrète, considérée comme étrange, un peu sorcière, un peu voyante, elle voit, le sort des personnes disparues en mangeant la terre qu’elles ont foulées. Elle ne veut pas de ce don qu’elle comprend mal mais elle ne peut échapper à la sollicitation des proches des victimes qui lui apportent une bouteille avec de la terre la suppliant de les aider. C’est un monde violent, injuste, elle même est une enfant sauvage, mal aimée, elle vit avec son frère, le seul qui l’accepte et la comprend. C’est pendant sa petite enfance, à la mort de sa mère qu’elle a découvert cette malédiction qui l’empêche de vivre normalement. Le langage est cru, Mangeterre n’est pas instruite, elle ne lit pas, elle est essentiellement intuitive, animale, mais il y a dans le roman des moments de lyrisme et de prose poétique qui alternent et élèvent le récit. L’auteure est une militante féministe argentine qui évoque par l’intermédiaire de ce livre le sort des disparues d’Argentine.
– Change ton monde de Cédric Herrou – Les liens qui libèrent , 2020 - Préface de Jean-Marie Le Clezio
On connaît Cédric Herrou par son action avec les migrants dans la vallée de la Roya. Ce livre retrace son parcours de militant qui ne tient pas spécialement à être médiatisé mais qui l’est malgré lui. Il croit en ce qu’il fait, sa ligne de conduite c’est de faire appliquer la loi. Il parle de l’acharnement contre lui, du manque d’humanité. Il explique aussi être dépassé par le nombre et témoigne de cette première communauté agricole avec les migrants qu’il a fondée avec l’aide d’Emmaüs.
– L’inconnu de la Poste de Florence Aubenas – Ed de L’Olivier, 2021
Roman vrai. Journalisme littéraire dans lequel l’auteure excelle.
Elle enquête sur un crime, un faits divers, l’assassinat d’une femme à Montréal-la-Cluse. La victime, c'est Catherine Burgod, tuée de vingt-huit coups de couteau dans le bureau de poste où elle travaillait. En face de ce bureau de poste habitait Gérald Thomassin, un marginal, qui vit en dehors de la société du spectacle tout en l’ayant côtoyé puisqu’il avait été acteur, il avait tenu le rôle principal du film « le petit criminel » pour lequel il avait été récompensé par un césar. Il fait figure de coupable idéal.. Il a fallu sept ans à Florence Aubenas pour reconstituer tous les épisodes de ce drame. Le résultat est saisissant. Au-delà du fait divers et de l'enquête policière, Florence Aubenas donne la parole aux différents protagonistes, sans jugement, avec un regard éclairé. En montrant leur humanité, elle nous donne à lire une enquête de société pertinente.
– Une saison douce de Miléna Agus – Liana Levi, 2021
Comme toujours, l’histoire se passe en Sardaigne. Dans un petit village qui vit paisiblement mais dépérit peu à peu, les habitants vieillissant s’ennuient, l’arrivée de migrants va bouleverser leur réalité. Face à ces « envahisseurs », les habitants sont déconcertés. Les migrants eux-mêmes ne souhaitent pas s’installer dans ce coin perdu. Forcés de cohabiter, une entraide mutuelle va s’installer. L’histoire est racontée avec candeur et poésie, de façon légère, ce qui peut donner une impression de superficialité.
– Murène de Valentine Goby - Actes Sud, 2019
Hiver 1956. Dans les Ardennes. Il fait très froid, tout gèle, les camions ne s’arrêtent pas par peur de ne pas redémarrer. Et là justement, le camion est en panne. François, un jeune homme de vingt-deux ans, venu visiter un ami, doit partir chercher du secours, il s’enfonce dans la neige, marche vers les bois à la recherche d’un village. Croisant une voie ferrée qui semble désaffectée, il grimpe sur un wagon oublié et…, quelques heures plus tard une enfant découvre François à demi mort – corps en étoile dans la poudreuse, en partie calciné. Le blessé pour survivre, suite à ses brûlures, doit être amputé des deux bras. Comment se reconstruire, traverser toutes ces épreuves et trouver la force de vivre avec son handicap ? La belle plume de Valentine Goby nous raconte cet étonnant destin.
Lectures partagées en ligne de Février 2021
"L'anomalie" - Hervé Le Tellier - Gallimard, 2020 -
Prix Goncourt 2020
"Au loin" - Hernan Diaz - 10/18-Delcourt, 2018
Traduit de l'anglais (USA) par Christine Barbaste
" Autoportrait en chevreuil" - Victor Pouchet – Edition Finitude, 2020
Dès le mois de Février, Littera 05 poursuit les lectures partagées par video conférence. Voir les modalités sur la page index du site
Lectures partagées virtuelles du 2 février 2021
10 participants.
– "Le parfum des fleurs la nuit" - Leïla Slimani - Stock, 2021
Pour la collection « ma nuit au musée », Leila Slimani accepte d’être enfermée une nuit dans le musée vénitien « à la pointe de la douane ». La veille, elle a trop mangé et a mal au ventre mais si elle est hésitante sur le projet et qu’elle n’apprécie pas particulièrement l’art moderne, elle aime la nuit, et l’enfermement ne lui pèse pas. Tout de suite, elle sent l’odeur du jasmin de nuit appelé également « galant de nuit » , ce qui lui rappelle son adolescence et toutes les traces du passé qu’elle veut conserver en mémoire. C’est aussi un livre sur l’écriture et sur la place essentielle qu’elle occupe dans la vie de l’auteure.
– "Atlas de botanique parfumé" - Jean Claude Ellena - Illustrations de Karin Doering-Froger - Ed. Arthaud, 2020
Histoire culturelle des plantes. L’auteur nous propose un voyage poétique, géographique, historique au pays des senteurs, des odeurs. C’est une ode aux parfums illustrée avec bonheur par Karin Doering-Froger.
– "Nickel Boys" de Colson Whitehead - Traduit de l'anglais (USA) par Charles Recoursé - Albin Michel, 2020
Colson Whitehead est un auteur noir qui a reçu deux fois le prix Pulitzer.
L’histoire se passe dans la Floride ségrégationniste des années 1960, le jeune Elwood Curtis vit avec sa grand-mère, son héros est Martin Luther King. Il croit en un monde meilleur. Il veut aller à l’université et réussir de brillantes études. Mais il n’en aura pas l’occasion. Un jour, il est pris en stop dans une voiture volée. Il est accusé à tort du vol, il est arrêté et envoyé à la Nickel Academy, une maison de correction qui s’avère être un endroit cauchemardesque, où les pensionnaires sont soumis aux pires sévices, beaucoup en meurent. Il n’y a cependant pas de misérabilisme, ces enfants ont une certaine distance avec ce qu’ils vivent, ils ont intériorisé leur infériorité. Nous ne dévoilerons pas l’épilogue qui est un véritable coup de théâtre.
– "Quand les animaux et les végétaux nous inspirent" - Emmanuelle Pouydebat - Odile Jacob, 2019
Grâce à l’observation du vivant, les hommes ont appris à développer des technologies pour soigner ou améliorer leur vie pratique. Les capacités d’adaptation du vivant sont infinies. L’homme ne peut que s’enrichir en l’observant. L’auteure, passionnée, donne de nombreux exemples d’inspiration : le GPS est né de l’observation des fourmis, la VMC à été conçue à partir des pommes de pins, etc...
– "La vengeance m’appartient" - Marie Ndiaye - Gallimard, 2021
Le titre est trompeur comme l’histoire de ce livre. Marie Ndiaye joue avec le lecteur, les codes et les genres. De la première à la dernière page, nous sommes happées par la fulgurance de l’écriture et si le mystère et le trouble persistent à la fin, peu importe tant nous sommes emportés dans un tourbillon de sentiments contraires par la richesse du procédé narratif.
L’histoire est racontée par Maître Suzanne, avocate. Elle reçoit la visite d’un homme qui la charge de défendre sa femme Marlyne accusée d’avoir tué leurs trois enfants. Maître Suzane croit reconnaître l’homme qu’elle aurait rencontré 30 ans auparavant. A partir de là, tout est décrit par le prisme, sans filtre, à la limite de la paranoïa, de la pensée de Maître Suzanne. Qui est réellement cet homme ? Quel rôle a t’il joué ou pas dans sa vie ? Qu’est-ce qui a poussé Marlyne a commettre un crime aussi atroce ? Qui est réellement Sharon, sa femme de ménage mauricienne ?
– "L’histoire du fils" - Marie-Hélène Lafon - Buchet/Chastel, 2020
Prix Renaudot 2020. Cent ans de la vie d’une famille, la chronologie n’est pas forcément respectée. On approche de l’histoire par touches, par séquences, des tableaux qui cernent au plus près la densité des personnages avec une écriture ciselée, précise, choisie, Une langue musicale et très pure, admirable.
–" Rhapsodie italienne" - Jean-Pierre Cabanes - Albin Michel, 2019
Roman d’aventure historique qui commence en 1915 et se termine à la fin de la deuxième guerre mondiale. Deux milieux sociaux et géographiques différents, Lorenzo d’un milieu aisé vit à Vérone, Nino, d’un milieu plus modeste, à Palerme. Tous deux vont faire connaissance pendant la guerre contre les autrichiens.
A travers l’histoire de ces deux personnages principaux ainsi que de très beaux personnages féminins, on suit toute l’histoire de l’Italie, la montée du fascisme, le pouvoir de la mafia en Sicile...Leur cheminement intellectuel, leur engagement nous permettent de saisir au plus près les circonstances qui ont permis à Mussolini de prendre le pouvoir..
– "Funambule majuscule" - Guy Boley - Grasset, 2021
en miroir avec « vies minuscules » de Pierre Michon
Ce petit roman, qui est une vraie déclaration d’amour, raconte leur amitié respective et le rapport qu’il peut y avoir entre le métier de funambule et celui d’écrivain.
– "Janvier 2015 – Le Procès" - Yannick Haenel et François Boucq - Les Echappés, 2021
Pendant plus de deux mois et demi, l'écrivain Yannick Haenel et le dessinateur François Boucq ont suivi pour Charlie Hebdo chaque minute du procès des attentats de janvier 2015. Cinquante-quatre jours d'audience parfois chaotiques mais nécessaires pour tenter de comprendre et de raconter un traumatisme qui dure toujours cinq ans après. Grâce aux mots et aux dessins, les auteurs de "Janvier 2015, le Procès" (Editions Charlie Hebdo et Les Echappés) nous parlent de justice, d'art et de liberté d'expression.
Lectures partagées en ligne de Janvier 2021
"Là où chantent les écrevisses" - Délia Owens - Le Seuil 2020 -
Traduit de l'anglais (USA) par Marc Amfreville.
"Apeirogon" - Colum Mc Cann - Belfond, 2020 - Traduit de l'anglais (USA) par Clément Baude.
"Histoires de la nuit" - Laurent Mauvignier - Ed. de Minuit, 2020
"Les roses fauves" - Carole Martinez - Gallimard, 2020
"Le jeu des ombres" - Louise Erdrich - Poche, 2014
"Betty" - Tiffany McDaniel - Gallmeister, 2020
"Par instants, la vie n'est pas sûre" - Robert Bober- POL, 2020
"Chaudun la montagne blessée" - Luc Bronner - Seuil, 2020
Lectures partagées du 1er octobre 2020
à la Nouvelle Librairie, 8 participantes.
- L’ile invisible de Francisco Suniaga – Editions Asphalte
Une petite île des Caraïbes, rattachée au Vénézuela...Dualité des faces, décor de rêve d’un côté, corruption et violence de l’autre. Un allemand, Wolfgang Kreutzer, a suivi Renata sa ravissante épouse qui avait eu le coup de foudre pour le sable chaud, les palmiers et la douceur de vivre. Pendant qu’elle s’épanouit dans son petit paradis, lui va sombrer dans le doute, la dépression, connaître plusieurs formes d’addictions, l’alcool et sa passion pour les combats de coqs. Il n’a pas le recul nécessaire pour résister à la violence de ce milieu.
Ce livre a plusieurs facettes, l’enquête, les relations, mère-fils, couple, sociales, culturelles, l’incapacité d’adaptation de certains exilés même volontaires, la face cachée d’un lieu qui semble paradisiaque, la dimension psychologique des personnages, l’aspect politique, la nostalgie d’une époque, les dérives d’un système, l’addiction. On ressent les émotions, la chaleur moite, la sensualité, on découvre la cruauté derrière la nonchalance, les vices derrière les sourires. Une réflexion sur le sens de la vie,
- Les nuits d’été de Thomas Flahaud – Editions de L’Olivier
Livre poignant. Roman social, dans la lignée du Goncourt 2018 « leurs enfants après eux ». L’action se passe dans une petite ville frontalière du Jura confrontée aux méfaits de l’ultra libéralisme. Thomas, Mehdi et Louise sont amis. Ils se retrouvent le temps d’un été dans la cité HLM où ils ont passé leur enfance. Tout tourne autour de l’usine. Les pères y travaillent, ils espèrent que leurs enfants auront une vie meilleure mais comment échapper à l’héritage social avec ce système qui broie les ouvriers, les pauvres, les gens de peu..
- Nuit d’épine de Christiane Taubira
Une autobiographie intéressante de cette grande dame politique. On y découvre son enfance guyanaise au milieu d'une fratrie de huit menée par une mère très dynamique et exceptionnelle, une éducation religieuse, tout son parcours politique jusqu'aux grands événements de son mandat en tant que ministre de la justice : l'adoption de la loi sur le mariage pour tous, la nuit du 13 novembre et la gestion post-attentats et enfin la loi sur la déchéance de nationalité qui conduira C. Taubira à présenter sa démission à F. Hollande. C'est très dense, bien écrit, mais on pourrait trouver un défaut à ce livre, il y a énormément de références littéraires, artistiques, musicales comme s’il fallait à tout prix qu’elle démontre, encore et encore qu’elle a une très grande culture.
- Penser comme un arbre de Jacques Tassin
Ecologie du sensible, biomimétisme et arborescence, miroir entre le végétal et l’humain. Un livre qui parle de sciences, d’écologie, d’humanité, de philosophie, qui nous dit que nous avons beaucoup à apprendre du végétal, lien avec la pensée catégorielle, développement des tiroirs de pensée.
« L’arbre semble vouloir s’adresser aux grands primates irrévérencieux que nous sommes devenus. Des primates aujourd’hui perdus au bord du chemin pour avoir sottement oublié qu’ils vivaient sur la planète des arbres. » J. T.
- L’arbre monde de Richard Powers
Différentes nouvelles qui parlent à chaque fois d’un arbre particulier.
La vue d’un arbre magnifique, un séquoia géant, menacé d’être abattu, a bouleversé le travail de l’écrivain et sa vie.
On suit 9 personnages qui ont tous une histoire intime et profonde avec un arbre. L’héroïne principale est une scientifique qui a démontré que les arbres communiquent entre eux. Tous vont se retrouver autour de la protection des arbres. Livre monde sur l’écologie.
- Sankara de Frédérique Deghelt
L’histoire d’un couple qui va mal. Hélène, artiste frustrée, jeune mère de jumeaux de 5 ans, et Sébastien, journaliste à l'AFP, débordé de travail, devenu distant...
Après une énième dispute, Hélène décide de partir pour 10 jours, en pleine rentrée scolaire, sans expliquer sa destination, en dehors de cartes postales qu'elle adresse quotidiennement à ses enfants... En réalité, elle va s’enfermer dans le silence d’une méditation Vipassana.
Le récit se déroule alternativement entre les narrations personnelles d'Hélène au fil de son stage de méditation et de Sébastien, dans son quotidien de père et son boulot de journaliste, en grande période de turbulences terroristes…
D'abondantes digressions sur l'actualité ponctuent le récit.
- Starlight de Richard Wagamese
Suite des « étoiles s’éteignent à l’aube ». On retrouve Franck Starlight devenu adulte.
Roman inachevé, l’auteur est mort avant de le terminer mais on retrouve intacte la qualité d’écriture, la description de la nature est toujours magnifiée, c’est un roman sur la transmission. Franck, qui a tout appris du vieil homme qui l’a élevé, devient aussi un médiateur auprès d’une femme et de sa fille en fuite qu’il a recueillies et qui vont peu à peu s’ouvrir et découvrir grâce à lui la puissance rédemptrice de la nature. Il est devenu un photographe animalier, sa capacité de se fondre dans la nature pour approcher au plus près de la faune sauvage lui ont permis de prendre des clichés exceptionnels qui vont lui apporter une notoriété dont il n’a pas envie, son seul souhait est de continuer à vivre simplement où il a été élevé avec son ami Roth qui l’aide à entretenir la ferme. Le roman est construit comme un western avec les éléments d’un thriller, des méchants, des gentils et la nature qui va peut-être tout solutionner, la fin étant laissée à notre appréciation…
- Oyana d’Eric Plamondon – Editions Quidam
A Montréal, la vie d’une femme, Oyana, bascule, un soir de mai 2018, quand elle entend une information à la radio. La dissolution de l’ETA la ramène un quart de siècle en arrière et fait s’écrouler le monde qu’elle avait construit. Une évidence s’impose à elle, elle doit rendre des comptes, rentrer en France, chez elle, au pays basque pour tenter de comprendre. Mais d’abord, elle doit s’expliquer, à travers une longue lettre à l’intention de son mari médecin avec lequel elle vit depuis 23 ans et qu’elle s’apprête à quitter.