Gauz (de son vrai nom Armand Patrick Gbaka-Brédé) est né en 1971 à Abidjan.
Venu en France pour des études de biochimie, il devient bientôt « un étudiant sans-papiers ». Photographe, documentariste, scénariste et directeur d’un journal économique satirique, Debout-payé est son premier roman.
Debout - Payé - Le Nouvel Attila, 2014
Debout-payé résume en deux mots le métier de vigile dans un grand magasin : rester debout toute la journée dans un magasin, répéter cet ennuyeux exploit de l’ennui, tous les jours, jusqu’à être payé à la fin du mois
Pleins de rêves et d’espoir, des Africains quittent leur pays pour venir en France en espérant trouver un travail et de meilleures conditions de vie. Gauz fait le portrait de trois des leurs, depuis les années 60 jusqu’en 2001. Très vite ils deviennent vigile, parce que devenir vigile est pour les Africains à Paris la façon la plus simple d’avoir un travail et même un CDI. On suit ainsi l’histoire de la communauté africaine à Paris et l’évolution de ce métier très souvent réservé aux Noirs, parce que « Les Noirs sont costauds, les Noirs sont forts, les Noirs sont obéissants, les Noirs font peur. »
Mais être vigile, c’est occuper un poste d’observation sur la société. Entre chaque chapitre qui retrace le parcours de ces trois personnages, on trouve de courts paragraphes , des anecdotes assez mordantes croquées sur le vif, sans doute des souvenirs de Gauz lui-même qui à un moment, a goûté aux joies de ce métier qu’il décrit ainsi : « Ennui, sentiment d'inutilité et de gâchis, impossible créativité, agressivité surjouée, manque d'imagination, infantilisation, etc., sont les corollaires du métier de vigile. »
Les cibles visées par Gauz sont nombreuses : la société de consommation, les travers des consommateurs, les difficultés auxquelles se heurtent les arrivants (la précarité, la solitude, les logements sordides, le rejet de la société, la vie dans les banlieues…). Il porte un regard sévère sur les relations politiques entre la France et l'Afrique, sur les séquelles du colonialisme ….
Un portrait drôle, riche, à la fois mordant et tendre et sans concession des sociétés française et africaine. Gauz porte aussi un regard assez lucide sur l’Afrique.
Gauz répond aux questions de Cécile Candido (la médiathèque de Gap)
et d'Anne-Marie Smith (Littera05)
Prix des libraires Gilbert Joseph, 2014
Meilleur premier roman français de l’année 2014 au classement annuel des Meilleurs livres de l'année du magazine Lire
Grand prix des lycées et collèges à Abidjan