Ces dernières années, une fois par trimestre, en partenariat avec la Médiathèque, nous avons organisé une
table ronde
autour d'un thème choisi.
Les lecteurs intéressés sont venus présenter des livres en relation avec le thème
choisi ou
sont venus simplement écouter les autres en présenter.
Littera05 et la Médiathèque sont en train d'étudier une autre formule.
Les séances du mercredi midi pouraient être remplacées par des animations ponctuelles dans le cadre de temps forts, si possible en partenariat avec d'autres associations.Les créneaux-horaires ne seraient pas fixes.
Les rendez-vous vous seront communiqués ultérieurement.
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Echappée-livres du 24 avril 2019 à la Médiathèque
La Nouvelle littéraire
Un genre littéraire qui se différencie du roman par sa brièveté, par le petit nombre de personnages, la concentration et l'intensité de l'action et le caractère insolite des événements contés.
C'est au XIXè siècle que la nouvelle a été définie en tant que genre, en particulier par Edgar Poe pour qui celle-ci se caractérise par une unité d'intrigue et doit être tout entière conçue en vue de la chute.
De nos jours, les auteurs de nouvelles s'affranchissent de ce cadre et produisent des textes dont la richesse et la diversité renouvellent le genre.
Ci-dessous, et par ordre alphabétique, les livres présentés par les participantes :
Russell Banks: Un membre permanent de la famille. Actes sud, 2015
Les héros de ces nouvelles sont des laisssez-pour compte suite à la crise de 2008 aux Etats-Unis.
Dans ces douze nouvelles d’une extraordinaire intensité, peuplées de personnages cheminant sur le fil du rasoir, Russell Banks, convoquant les angoisses et les tensions où s’abîment les fragiles relations que l’être humain tente d’entretenir avec ses semblables, transmue magistralement le réel et le quotidien en authentiques paraboles métaphysiques.
Claire Castillon : Insecte. Fayard, 2006
19 nouvelles dont le thème central est le rapport mère-fille et dans lesquelles s'expriment des sentiments intenses, des pensées fugitives, parfois irréelles.
Qu'elles soient immatures, méchantes, irresponsables ou larguées, les mères sont ignobles, mais les filles aussi savent être cruelles. Claire Castillon dresse d'une plume acérée des portraits de micro-familles éclatées, en souffrance, sans hésiter à verser dans l'extrême au travers d'une écriture souvent acide et de chutes implacables.
Anna Gavalda : Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part. Le Dilettante, 1999
À travers ces 12 textes, Anna Gavalda met en scène des personnages dans des situations plutôt loufoques ou grotesques. Cela peut aller d'un orgueil démesuré à un couple qui ne tient plus la route. Ces nouvelles nous révèlent une part de chacun d'entre nous, la faiblesse de l'être humain et en même temps ses espoirs et ses pensées les plus insensées ou les plus profondes. Anna Gavalda a cette faculté de traiter des situations avec légèreté et justesse, alors qu'à première vue ces situations semblent assez dramatiques. Les personnages de ces nouvelles nous attendrissent et nous touchent. On peut facilement s'identifier à eux, et comprendre leurs motivations dans l'existence.
Jim : L'amour (en plus compliqué). Bamboo éditions, 2018
Jim, auteur de romans graphiques, écrit aussi pour le cinéma. Toutes les nouvelles de cet ouvrage tournent autour de l’amour, au sens très large. C’est un mariage, c’est une claque, c’est une maman qui ne voit pas assez souvent ses enfants, c’est une histoire de textos vides, c’est l’histoire d’un soir de printemps qui ressemble à un soir d’été… Certaines sont émouvantes, d'autres très drôles, avec souvent une phrase de chute à la fin qui fait sourire le lecteur. Il parle de sa mère, de sa fille, mais aussi de plein d'autres histoires fictives sur l'amitié et sur la famille, sur les coups sans lendemain et sur l'amour qui dure toute la vie, sur la mort et sur la vie, sur la tromperie et sur la fidélité. Jim traite de tout, dans un style fluide, très contemporain.
Laura Kasischke : Si un inconnu vous aborde. Livre de poche, 2018
15 nouvelles dans lesquelles on retrouve le climat caractéristique de Laura Kasischke: l’étrangeté, à la frontière du surnaturel, un malaise palpable, souvent innommable, un éventail raffiné de violences et une tension sous-jacente. Une femme accepte un paquet d’un inconnu avant de monter
dans l’avion et s’avère incapable d’accomplir sa mission, rattrapée par son quotidien. Un homme dévasté par un divorce est poussé aux exactions domestiques les plus folles. Des intrigues faites d’humiliations et de rancœurs dont l'auteure a le secret, avec cette alternance de rétention d’émotion et de débordement névrotique qui régit souvent le psychisme de ses personnages.
Zoya Pirzad : Le goût âpre des kakis. Zulma, 2009
Dans les cinq nouvelles de ce recueil, Zoyâ Pirzâd explore sous divers angles, avec subtilité, lucidité, tendresse et une certaine nostalgie, la vie de couple en Iran.
Comment les femmes vivent-elles dans l'Iran d'aujourd'hui ? Zoyâ Pirzâd le dépeint par petites touches, en ethnographe de l'ordinaire. Fragiles et secrètes, ses héroïnes sont souvent condamnées à jouer des rôles subalternes. Leurs époux les surveillent, n'aiment pas qu'elles s'émancipent en quittant le foyer pour aller travailler, leur font des scènes si elles pendent mal leurs chemises dans les placards. Et pourtant il leur arrive de s'évader : derrière les persiennes, dans le silence de leur exil intérieur, elles brûlent d'imiter les Européennes, de partir en Amérique, d'échapper aux pesanteurs de la tradition patriarcale... Pas d'intrigues spectaculaires dans ces récits, mais des gestes furtifs, des tremblements de tchadors, et des rêves de délivrance qui s'esquissent par-delà les murailles d'une nation immobile.
Ugo Riccarelli : L'ange de Coppi. Phébus, 2013
Qui sont ces dieux du stade ? Ces anges de la piste, ces fous de victoire, ces passionnés de vitesse ? Gloires oubliées ou mythiques du XXe siècle, tous fascinants, ses héros s’appellent entre autres Fausto Coppi, Emil Zátopek... Ils font partie de ces icônes des temps modernes, qui grâce à leur exigence intérieure, leur puissance physique ont élevé l’exercice du sport à un véritable art. Entre songe et tragédie, L’Ange de Coppi exalte la beauté de ces athlètes qui avaient du sport la plus haute idée. Derrière l’intensité de la souffrance, la rigueur de la discipline, l’éclat de la victoire, la folie du dépassement de soi, se lisent dix nouvelles, dix joyaux.
Eric-Emmanuel Schmidt : La rêveuse d'Ostende. Albin Michel, 2007
Pour guérir d'une rupture sentimentale, un homme se réfugie à Ostende, ville endormie face à la mer du Nord. Sa logeuse, la solitaire Anna Van A., va le surprendre en lui racontant l'histoire étrange de sa vie, ou se conjuguent l'amour le plus passionné et un érotisme baroque. C'est le thème de la première nouvelle qui donne son titre à ce recueil de cinq nouvelles. Cinq portraits, tantôt émouvants, tantôt acerbes, tantôt amusants, de personnages que l’on croise quotidiennement et qui, sous la plume d'Eric-Emmanuel Schmitt, prennent une dimension on ne peut moins quotidienne dans laquelle le rêve et l’imagination prennent une large part.
Bulbul Sharma : Mangue amère. Ed. Philippe Picquier, 2010
Huit femmes se retrouvent pour préparer le repas d’anniversaire des funérailles d’un certain Bharueai Jog. Tandis qu’elles lui mitonnent, en souvenir, ses mets favoris, chacune des cuisinières, prend tour à tour la parole pour raconter une anecdote.
Chaque histoire met en scène une femme, presque toujours mariée dans le cadre d’un arrangement, vivant selon la tradition dans la belle-famille et dans une relation à la nourriture et à la préparation des repas. Leurs histoires intimes se mêlent alors aux parfums des recettes traditionnelles : la femme soumise à sa belle-famille (et surtout sa belle-mère) et aux prêtres de divers temples. Mais aussi leurs ruses pour prendre le contrôle de leur mari, qu’elles n’ont souvent pas choisi. L’exil pour les études ou le travail, en Inde ou aux États-Unis, des hommes surtout, est aussi évoqué au fil de ces pages qui cachent derrière un ton badin une réalité profonde et difficile.
Et nous avons évoqué également quelques grands noms de la Nouvelle du XXè siècle : Jack London, J.D. Salinger, Annie Saumont, Virginia Woolf, Stefan Zweig...
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Compte-rendu Echappée-livres du samedi 13 octobre 2018
La vie des scientifiques est un roman
En préambule, Marie-Ange, bibliothécaire, nous a proposé une sélection de bandes dessinées et romans graphiques sur le thème de la science.
Entre autres :
- Jim Ottaviani et Lelend Myrick : Feynman. La Librairie Vauvert, 2012
- Fabien Grolleau et Jérémie Royer : Sur les ailes du monde, Audubon . Dargaud, 2016 et HMS Beagle, aux origines de Darwin . Dargaud, 2018
- Marion Montaigne : Tu mourras moins bête. Ankama, 2011-2015 et L'intelligence artificielle : fantasme et réalité» avec Jean-Noël Lafargue. La petite bédéthèque des savoirs, 2016
Une présentation riche et très vivante par une bibliothécaire enthousiaste. Les participants sont repartis en ayant emprunté certains de ces livres.
Les ouvrages suivants ont été commentés par des membres de Littera05 . Un échange fructueux et enrichissant malgré le petit nombre de participants !
Yoko Ogawa - La formule préférée du professeur - Actes sud, 2005
Une aide-ménagère est embauchée chez un ancien mathématicien, un homme d'une soixantaine d'années dont la carrière a été brutalement interrompue par un accident de voiture qui a réduit l'autonomie de sa mémoire à quatre-vingts minutes. Chaque matin en arrivant chez lui, la jeune femme doit de nouveau se présenter car le professeur oublie son existence d'un jour à l'autre, mais c'est avec beaucoup de patience, de gentillesse et d'attention qu'elle gagne sa confiance et, à sa demande, lui présente son fils âgé de dix ans. Commence alors entre eux une magnifique relation. Le petit garçon et sa mère vont non seulement partager avec le vieil amnésique sa passion pour le base-ball, mais aussi et surtout appréhender la magie des chiffres, comprendre le véritable enjeu des mathématiques et découvrir la formule préférée du professeur.
François-Henri Désérable - Evariste - Gallimard, 2014
Ce livre est une évocation de la vie d'Evariste Galois, mathématicien de génie qui vécut à Paris au cœur des Trois Glorieuses, fut emprisonné durant six mois et mourut en duel en 1832 à l'âge de 20 ans. Durant son incarcération, il écrit son mémoire sur « les conditions de résolubilité des équations par radicaux », qui deviendra son testament mathématique. Ses démêlés avec les autorités, tant scientifiques que politiques, les zones d'ombre entourant sa mort prématurée, ont contribué à en faire l'incarnation du génie romantique et d'une jeunesse prometteuse et mal aimée.
Irène Frain - Marie Curie prend un amant - Seuil, 2015
Le 4 novembre 1911, un journal à grand tirage annonce une nouvelle extravagante : Marie Curie a un amant. La presse et l’opinion s’enflamment. Procès, duels, publication de lettres volées. Veuve depuis cinq ans, Marie a effectivement une liaison avec un homme marié, Paul Langevin, physicien d'exception et grand admirateur de Pierre Curie dont il a été le disciple. Quel secret les unissait ? Pour le comprendre, Irène Frain a interrogé des archives négligées, des photos méconnues, des lieux inexplorés. Et ressuscité, par-delà le thriller médiatique d’une modernité souvent glaçante, une femme-courage prête à tout risquer pour ceux qu’elle aime.
Rosa Montero - L'idée ridicule de ne plus jamais te revoir - Ed. Métailié, 2015
Chargée d'écrire une préface pour le journal que Marie Curie a tenu après la mort de Pierre Curie, Rosa Montero fait un parallèle avec sa propre expérience du deuil. Elle nous parle du dépassement de la douleur, de la perte de l'homme aimé qu'elle vient elle-même de vivre, de la reconstruction de soi, de la science et de l'ignorance, de la force salvatrice de la littérature et de la sagesse de ceux qui apprennent à jouir de l'existence avec plénitude et légèreté.
Un récit sincère, émouvant, captivant dès ses premières pages.
Per Olov Enquist - Blanche et Marie - Actes sud, 2006
Très jeune, Blanche Wittman fut enfermée à l'hôpital de la Salpêtrière, où officiait le professeur Charcot, grand spécialiste de l'hystérie des femmes. Des années plus tard, devenue l'assistante de Marie Curie, Blanche, brûlée par la radioactivité, sera amputée des deux jambes et d'un bras et se retrouvera dans une caisse en bois. Dans ses carnets, Blanche parle de fluide magique, de rapport entre radium, beauté, rayonnement de mort et d'amour. Marie Curie, plongée dans ses recherches, entame après son veuvage une liaison avec Paul Langevin, mais la liaison fait scandale. Désespérée, elle se confie à Blanche, qu'elle a prise comme assistante. Une biographie fictive dans laquelle l'auteur entrecroise deux destins de femmes emblématiques de l'évolution des sciences physiques et des sciences humaines.
Denis Guedj - La méridienne ; la mesure du monde - Pocket, 2013
Juin 1792. Deux berlines quittent les Tuileries, l’une vers Dunkerque, l’autre vers Barcelone. À leur bord, Pierre Méchain et Jean-Baptiste Delambre, les astronomes et académiciens chargés par l’Assemblée Nationale de mesurer le méridien entre ces deux villes, afin de lui donner “ pour tous les hommes, pour tous les temps ”, une mesure universelle : le Mètre, dix millionième partie du quart de méridien terrestre. Véritable expédition, cette traversée du territoire est une traversée de l’Histoire commencée aux funérailles de la monarchie et qui s’achève à l’aube de l’Empire.
Laurent Binet - La septième fonction du langage - Grasset, 2015
Le point de départ de ce roman est la mort de Roland Barthes, renversé par une camionnette de blanchisserie le 25 février 1980. L'hypothèse est qu'il s'agit d'un assassinat. Dans les milieux intellectuels et politiques de l'époque, tout le monde est suspect... A la fois thriller politique et roman érudit sur la linguistique, roman à clé où l'on croise tous les intellectuels parisiens des années 1980, ce livre s'intéresse aux sciences molles, qui ont leur place aussi dans le domaine de la recherche. « On y part du postulat que le langage est à la base de tout, alors l'étude du langage revient à étudier la philo, la socio, la psycho » fait dire L'auteur à un de ses personnages.
Patrick Deville - Peste et cholera - Seuil, 2012
Parmi les jeunes chercheurs qui ont constitué la première équipe de l’Institut Pasteur créée en 1887, Alexandre Yersin aura mené la vie la plus mouvementée. Très vite il part en Asie, se fait marin, puis explorateur. Découvreur à Hong Kong, en 1894, du bacille de la peste, il s’installe en Indochine, à Nha Trang, loin du brouhaha des guerres, et multiplie les observations scientifiques, développe la culture de l’hévéa et de l’arbre à quinquina. Il meurt en 1943 pendant l’occupation japonaise. Pour raconter cette formidable aventure scientifique et humaine, Patrick Deville a suivi les traces de Yersin autour du monde, et s’est nourri des correspondances et documents déposés aux archives des Instituts Pasteur. Un livre très documenté et un récit plein d'anecdotes passionnantes.
Edouard Launet - Sorbonne plage - Stock, 2016
Au début du siècle dernier, des universitaires parisiens prennent leurs quartiers d’été sur la presqu’île de l’Arcouest, un joli coin de Bretagne. Ils y pêchent, se baignent, naviguent en famille. Dans le groupe de l’Arcouest, aussi surnommé « Sorbonne Plage », quatre prix Nobel – Marie Curie, Jean Perrin, Frédéric et Irène Joliot-Curie – seront à deux doigts de prouver qu’une énergie formidable peut être extraite de l’infiniment petit pour être mise au service de l’humanité. Les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki feront s’effondrer le rêve de ces idéalistes. Tout en nous faisant découvrir cette histoire humaine et scientifique hors norme, Édouard Launet nous raconte aussi celle, plus dramatique, de la bombe atomique.
Javier Sebastian - Le cycliste de Tchernobyl - Métailié, 2013
Pripiat, ville fantôme, à trois kilomètres de la centrale de Tchernobyl : dans les rues désertes, entre la grande roue neuve et les autos tamponneuses abandonnées, un vieil homme fait des tours à vélo dans la zone irrédiée où l'on ne rencontre âme qui vive, sauf les samosiol, ceux qui sont revenus dans la zone interdite. Ce roman magistral est librement inspiré de la vie de Vassili Nesterenko, physicien spécialiste du nucléaire, devenu l'homme à abattre pour le KGB pour avoir tenté de contrer la désinformation systématique autour de Tchernobyl. Des paysages hallucinés aux aberrations du système soviétique, Sébastian signe un texte d'une force rare, à la fois glaçant et étrangement beau, hymne à la résistance dans un monde dévasté.
Olivier Rolin - Le météorologue - Seuil, 2014
Son domaine c’était les nuages. Sur toute l’étendue immense de l’URSS, les avions avaient besoin de ses prévisions pour atterrir, les navires pour se frayer un chemin à travers les glaces, les tracteurs pour labourer les terres noires. Il rêvait de domestiquer l’énergie des vents et du soleil, il croyait "construire le socialisme", jusqu’au jour de 1934 où il fut arrêté comme "saboteur". À partir de cette date sa vie, celle d’une victime parmi des millions d’autres de la terreur stalinienne, fut une descente aux enfers. Pendant ses années de camp, et jusqu’à la veille de sa mort atroce, il envoyait à sa toute jeune fille, Éléonora, des dessins, des herbiers, des devinettes. C’est la découverte de cette correspondance adressée à une enfant qu’il ne reverrait pas qui a décidél'auteur à enquêter sur le destin d’Alexéï Féodossévitch Vangengheim, le météorologue.