Gap -  Hautes-Alpes

 La littérature théâtrale
de l'Afrique noire francophone

par Alfred Dogbé

 

- Accueil

- Qui sommes-nous ?

- Livres nomades 2024_2025 :

   Presentation de l'action
    Choix des livres nomades
    Les lieux relais

- Livres nomades :
      (années précédentes)


   2024_2025
   2023_2024
   2022_2023
   2021_2022
   2020_2021
   2019_2020
   2018_2019
   2017_2018
   2016_2017
   2015_2016
   2014_2015
   2013_2014
   2012_2013
   2011_2012
   2010_2011
   2009_2010
   2008_2009

- Autres livres autour du theme choisi :

    Les livres nomades retournent vers le futur
    Les livres nomades passent à l'Est
    Le roman, écho de notre temps
    Petites maisons d'édition
    Terres d'Afrique
    Des histoires de grands espaces
    L'art dans le roman
    Chemins d'exil


- Rencontres littéraires :

     Sylvain Prudhomme et Marion Bortoluzzi
     Dima Abdallah
     Fanny Saintenoy
     Giosue Calaciura
     Laurent Petitmangin
     Yamen Manaï
     Céline Righi
     Andreï Kourkov
     Hadrien Klent
     Serge Joncour
     Sorj Chalandon
     Clara Arnaud
     M. de Kerangal et S. Prudhomme
     Luc Bronner
     Mohamed Mbougar Sarr
     Abdourahman Ali Waberi
     Catherine Gucher
     Guillaume Jan
     Jean Hegland
     Pierre Benghozi
     Jean-Baptiste Andrea
     David Vann
     Joseph Boyden
     Guy Boley
     Franck Pavloff
     Michel Moutot
     Nicolas Cavaillès
     Sandrine Collette
     Slobodan Despot
     Gauz
     Pierre Lieutaghi
     Kaoutar Harchi
     Sylvain Prudhomme
     Olivier Truc
     Maylis de Kerangal
     Antonio Altarriba et Kim
     Makenzy Orcel
     Metin Arditi
     Dinaw Mengestu
     Gilles Leroy
     Denis Grozdanovitch
     Alice Zeniter
     Serge Joncour
     Liliana Lazar
     Joel Egloff
     Christophe Bigot
     Boualem Sansal
     René Fregni
     Jean Pierre Petit
     Hubert Mingarelli
     André Bucher
     Beatrice Monroy
     Samuel Millogo
     Alfred Dogbé
     Ghislaine Drahy
     Autour d'Isabelle Eberhardt
     Hélène Melat, littérature russee

- Des coups de coeur :

   La Liste

- Lecture à haute voix :


    2024_2025
    2023_2024
    2022_2023
    2021_2022
    2020_2021

- Lectures partagées à Gap :

    2024_2025
    2023_2024
    2022_2023
    2021_2022
    2020_2021
    2019_2020
    2018_2019
    2017_2018
    2016_2017
    2015_2016
    2014_2015

- Pérégrinations littéraires :

    2023_2024
    2022_2023
    2021_2022
    2020_2021
    2019_2020
    2018_2019
    2017_2018
    2016_2017
    2015_2016

- Emission-radio sur la ram et rcf :

    2024_2025
    2023_2024

- Emission-radio sur Fréquence Mistral (archives)

    2022_2023
    2021_2022
    2020_2021
    2019_2020
    2018_2019-

- Contact

-bulletin adhesion



Alfred Dogbé, auteur et metteur en scène de théâtre, a fait au cours des rencontres "Francofffonies" à Gap,
une présentation de la littérature théâtrale de l'Afrique noire francophone

Alfred Dogbé aux côtés de Samuel Millogo et Noëlle Revaz
Gap - 1er Avril 2006

Une des caractéristiques de cette littérature est son apparition tardive : Les premières tentatives d'écriture pour le théâtre ont été des devoirs d'étudiants dans les écoles normales. C'est une écriture destinée à brimer les coutumes barbares de l'Afrique et à mettre en évidence la modernité après le colonialisme. Ces pièces sont essentiellement des pièces historiques dont les personnages sont des héros de la lutte contre la colonisation.
Le premier auteur de théâtre d'Afrique noire qui s'est affirmé prioritairement comme auteur de théâtre c'est :
 Sony Labou Tansi dont la première pièce date de 1979 :

Sony Labou Tansi est né en 1947 au Congo, romancier, poète et dramaturge congolais, Sony Labou Tansi était un membre de l’avant-garde africaine. Son écriture satirique mais pleine d’espoir s’est confrontée à la censure à de nombreuses reprises. Les thèmes centraux de ses œuvres sont la corruption du pouvoir et la résistance. Il a souvent provoqué puis rompu les genres littéraires occidentaux en utilisant l’exagération, un langage démembré et une esthétique anti-naturaliste. Sony Labou Tansi n’a jamais abandonné la satire politique et la critique, mais, dans ses dernières œuvres, il touche aussi à des thèmes tels que l’amour, la vie et la mort.
                  Il a effectué en 1990, une résidence d’écriture à la Maison des Auteurs des Francophonies en Limousin. Le Festival des Francophonies a présenté et co-produit plusieurs de ses pièces parmi lesquelles La Rue des mouches, Antoine m’a vendu son destin, Moi, veuve de l’empire, Le Coup de vieux, Qui a mangé Mme D’Avoine Bergotha ? Ses pièces ont été également mises en scène : à Brazzaville, Dakar, Paris (Théâtre National de Chaillot, par Gabriel Garran), New-York (Ubu Theater, par George Wolfe).
                  Sony Labou Tansi est décédé le 14 juin 1995
                                                                                   

Les thèmes de la littérature théâtrale d'Afrique noire :

La relation entre l'histoire du continent africain et les littératures africaines est très étroite et la littérature théâtrale suit le même chemin que les autres littératures :

     - Dans les années 60, on est parti d'une écriture qui se définissait à partir du phénomène colonial.

     - A partir des années 70, on a chassé le maître blanc, on a mis le frère au pouvoir et il s'est montré aussi odieux et tyrannique que le colon. Les dramaturges, comme les romanciers ou les poètes, se sont donné comme objectifs de montrer les déceptions des Africains face aux nouveaux dirigeants plus préoccupés par leurs propres intérêts que par l'intérêt général. Sony Labou Tansi  en particulier, fait une critique très violente des pouvoirs africains et surtout politiques.
Ces pièces de théâtre sont essentiellement des tragédies. Mais on trouve aussi à côté des textes plus légers, plus proches de la comédie qui dénoncent les moeurs, les problèmes du peuple : la polygamie, la mariage forcé, l'animisme ...

    - Aujourd'hui cette frontière n'existe plus. Dans la même pièce, l'intime voisine avec le politique. Les grands problèmes nationaux tels que les questions sociales et les grands problèmes internationaux se confondent pratiquement.
      Un exemple : La pièce "Récupérations" du dramaturge togolais Kossi Efoui* : Elle raconte l'histoire de gens qui vivent dans les bas-fonds de la ville; un matin le maire décide de moderniser le quartier; on va donc le raser pour cause de salubrité publique. L'histoire est amenée de telle façon que ce n'est pas la relation entre la population en tant que groupe et le maire en tant que pouvoir qui est racontée. C'est comment chacun dans sa vie, dans sa cabane de carton, gère cette urgence-là. Les grandes questions mondiales sont vécues à travers les relations d'un homme et d'une femme par exemple, ou entre deux enfants...

              Kossi Efoui : Dramaturge et romancier né au Togo, il est l’auteur notamment de :
            - La Fabrique de cérémonies (Seuil) 2001 (Matricule N°35)
            - La Polka (Seuil) 1998
            - La Malaventure (Lansman) 1998
            - Le Petit Frère du rameur (Lansman) 1998
            - Récupérations (Lansman) 1992                                

     C'est le grand changement du théâtre moderne. On n'a plus les grands sujets d'un côté, les petits problèmes de l'autre. Il s'ensuit des difficultés pour déterminer s'il s'agit de tragédie ou de comédie. On peut cependant affirmer que les grandes tendances sont au triste, au sombre, à l'obscur, à la douleur. Les pièces actuelles font naître plus les larmes que le rire, même si on peut en rire malgré tout, si on prend du recul : une façon très saine de garder la tête froide.
     D'autre part, on a tous été piégés par Sartre et Camus. Tous les intellectuels d'Afrique sont très gauchisants. Les écrivains prétendent à un certain engagement. Il n'y a pas seulement chez eux le désir de raconter une histoire, de susciter des émotions; il y a aussi la prétention que la parole théâtrale doit faire bouger quelque chose dans la tête et dans le coeur des gens. D'où l'ambiance sombre et douloureuse dans laquelle l'histoire est racontée.
    Mais on se rend compte que cette écriture se diversifie et se complexifie beaucoup. Des rencontres et des expérimentations nombreuses sont organisés avec les formes traditionnelles de la théâtralité qui sont souvent des formes de théâtre de rue, de théâtre où la coupure entre la salle et la scène n'est pas très nette. En Afrique, toute la communauté fait du théâtre, joue une cérémonie et il y a beaucoup d'auteurs qui essaient de retrouver, de récupérer ces techniques, ces procédés-là dans leur écriture.