Une compagnie de soldats allemands, installée dans un pays très froid, en Pologne, est chargée de "liquider" les prisonniers à mesure de leur arrestation. Pour échapper à une nouvelle séance d'exécutions sommaires, trois copains, Emmerich, Bauer et le narrateur, demandent à partir en "chasse". Nous comprendrons vite de quelle traque il s'agit. Ils savent qu'ils ne peuvent rentrer les mains vides. Ils marchent longtemps, dans une nature hostile, en évoquant leur famille. Emmerich par exemple, parle de son fils adolescent et de ses craintes si lui meure.
Par hasard, ils tombent sur un Juif terré dan un trou.
Escortant leur prisonnier, ils vont trouver refuge un moment pour se réchauffer et se nourrir, d'un pain gelé et d'un peu de semoule de maïs à faire cuire, dans une masure abandonnée, mais où il y a une cuisinière. Mais pas de bois, sinon dehors sous la neige.
Ils vont trouver quelques victuailles, de quoi faire une soupe qui va les faire rêver, mais la cuisson est longue. Mingarelli sait nous montrer combien cette attente les fait saliver. Mais il faut du bois pour cuire tout ça. Ne restent que les quelques meubles, une chaise, un banc, une table…
Un Polonais passant par là les rejoint. Son animosité vis-à-vis du Juif est palpable. Il ne leur est pas sympathique, mais il a une petite flasque d'alcool qui leur fait bien envie. La tension monte dans la maison.
L'humanité se révèle peu à peu chez ces hommes. Tout en sachant que même un semblant de fraternité, un témoignage de sympathie envers leur prisonnier vont les fragiliser. Jusqu'où iront-ils ?
Comme toujours, Hubert Mingarelli s'attache à des petits détails avec une écriture ciselée : un flocon brodé sur un bonnet qui ravive des souvenirs, les odeurs de la soupe qui torturent leur ventre affamé. Un roman qui ne laisse pas indifférent sur les ressorts de l'âme humaine.
(Présentation : Annette Rit)