Le territoire que Maylis de Kerangal nous présente dans ce livre, c’est une mine de fer située au Nord de la Suède.
On peut dire qu’il s’agit d’un reportage, un reportage littéraire. Maylis prend l’avion, elle est accueillie par Lars qui sera son guide. Kiruna n’est pas une ville mais un territoire, ce qui est différent .
Maylis est donc venue à Kiruna pour une visite guidée de cette mine colossale, démesurée , monstrueuse : superficie : 20000 km2 – Profondeur : 1365 m – Longueur : 4,5 kms – Largeur : 100 m – Produit le minerai de fer le plus pur du monde – Le réseau routier au fond de la mine couvre 400 km –
1700 personnes y travaillent dont la moitié au fond.
Maylis va descendre à -514m qui est en fait une zone d’accueil avec un musée. Elle a voulu descendre vers les zones de travail, mais on le lui interdit, sécurité oblige, confidentialité. Elle ne peut donc pas voir le fonds de la mine, alors que va-telle faire ? Arpenter la surface, imaginer le fond. Savait-elle qu'elle ne pourrait pas aller au fond ? C'est semble-t-il, à ce moment-là qu'elle a décidé de présenter des personnages qui ont marqué la mine.
- Le premier personnage : la ville de Kiruna qui, au départ a été construite au-dessus de la mine. Mais le sol a commencé à bouger et la ville à s’effondrer. Une seule solution pour le consortium minier : déménager la ville et abandonner une ville fantôme comme on en a connu ailleurs (Prypiat en Ukraine après Tchernobyl)
- Alice, une jeune géologue française, qui apporte au récit les explications techniques chères à Maylis ! Sa compétence est essentielle à l’exploitation de la mine. Mais on regrette qu'elle ne se pose pas de questions écologiques.
- Lars, le guide de Maylis.
Il est là pour faire un récit sensible, optimiste et positif de la mine. Rien ne dépasse dans son récit. Oui il y a bien un peu plus de cancers chez les mineurs mais c’était il y a 20 ans. Alors il met en avant tous les côtés positifs du lieu, aidé par une exposition photo qui montre la mine à ses débuts et maintenant. Il n’est pas là pour faire de l’écologie.
- On croise des femmes anonymes par le biais des photos de l’exposition. Les premières femmes à venir travailler dans la mine. Au début elles étaient rejetées des chantiers, d’un monde d’hommes où régnait la violence avec des rixes, des beuveries. Et pourtant on les voit sur les photos d’époque. Elles sont peu à peu parvenues à s’imposer, à se faire une place dans ce monde d’hommes .Elles ont d'abord été embauchées comme cuisinières et femmes de ménage, infirmières. Ce n’est qu’à partir de 1960 qu’elles sont devenues conducteurs d’engins , puis vers les années 80 la société a accepté qu’elles descendent au fond et sont devenues par ex foreure de mine.
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Puis Maylis évoque la présence d’une communauté érythréenne, l’occasion pour elle de parler du problème des réfugiés. Comment sont-ils accueillis à Kiruna ?
- Elle évoque rapidement les samis, peuple nomade, éleveurs de rennes, dont le parlement est à Kiruna. A la fin du livre elle dit en quelques mots les conséquences catastrophiques pour ce peuple nomade.
Et ce n'est qu'à la fin du livre que Maylis en quelques mots va donner tout son sens à l'évocation qu'elle fait de cet endroit.