Ajatashatru (prononcer " j’arrache ta charrue" ou "achète un chat roux") Lavash Patel est un faux fakir hindou : couard et lâche, il est passé maître dans l’art de transformer ses tours de magie en miracles. Il est très doué pour arnaquer les gens : un chauffeur de taxi avec un faux billet de banque, une jolie femme avec de fausses lunettes cassées pour se faire payer un repas et ce qu'il lui faut pour payer son lit. En Inde, son village, le prenant pour un saint homme, lui a payé un billet d'avion pour aller acheter un nouveau lit à clous chez… Ikea, modèle kisifrötsipik à 15000 clous, dont le vendeur lui souhaite bien du bonheur à les planter !
Obligé d'attendre 24 h. que son lit soit disponible, et n'ayant pas de quoi se payer une nuit d'hôtel, il décide de se laisser enfermer dans le magasin. Mais les ikea s'échangent des marchandises. Il va alors se trouver embarqué au sein de l'armoire où il s'est caché, pour l'Angleterre, à bord d'un camion où des réfugiés africains se planquent. Arrêtés, ils seront renvoyés, selon la loi, vers le pays d'où ils viennent, l'Espagne, où notre fakir retombera sur le chauffeur de taxi qu'il a escroqué. Pour lui échapper, il se laissera embarquer dans les bagages de Sophie… Morceaux pour Rome ! Dans la soute de l'avion, il se mettra à écrire, ce qui lui permettra de devenir écrivain, et de devenir riche.
Les aventures de notre fakir ne sont pas terminées, nous le suivrons en ballon dirigeable, en haute mer sur un navire pirate, etc…
Bref, un roman loufoque et désopilant, où les jeux de mots (il en abuse parfois) et les gags foisonnent, où l'auteur, Romain Puértolas, -dont c'est le premier roman- nous donne même des recettes d'arnaque, égratigne au passage "Monsieur Ikea [qui] avait développé un concept commercial pour le moins insolite : la visite forcée de son magasin".
Mais pas seulement : l'approche de la misère des clandestins qui essaient de gagner l'Europe, Puértolas la traite avec sincérité et conviction : on sent sa colère sur l'inhumanité avec laquelle on traite ces hommes, ces femmes et ces enfants, qui fuient leur pays par nécessité. Là il devient alors homme de conviction, presque moralisateur.
Une fin à l'eau de rose, à laquelle on ne croit pas une seconde, mais quelle importance ? on a bien ri.
(Présentation : Annette Rit)