Postface de Haruki Murakami : « Jamais auparavant je n’avais lu de livre qui
m’ait autant donné envie de demander aux gens ce qu’ils en pensaient »
« Au nord du monde » ou le roman de la fin d’un monde :
Roman d’anticipation illustrant ( si l’on veut ) les thèses de ce que l’on a nommé la
collapsologie avec des questionnements sur le devenir de l’humanité … roman à
l’atmosphère dystopique donc, sur un mode narratif souvent hyperréaliste …mais
surtout un roman d’aventures, de forme plutôt classique, où l’on retrouve les codes
du western : un héros solitaire, des armes plus qu’il n’en faut, des errances à cheval
dans des paysages désertiques, des villes fantômes, des rencontres périlleuses, des
individus malveillants ( mais pas que …) bref, la lutte de tous contre tous.
Dans le récit, la narration est à la première personne. C’est la voix de Makepeace, le
personnage qui nous entraine à sa suite, dans une contrée sauvage, où la
nécessité de survivre fait loi. Toute forme de société est détruite. La vie n’est que
rudesse, la terre n’est que désolation. Il ne reste que des bribes d’une humanité à
l’état brut.
Que s’est-il passé …
La famille de Makepeace faisait partie des pionniers venus d’Amérique quelques
décennies auparavant s’installer sur des terres sibériennes allouées par les russes.
Ces pionniers en quête d’un monde habitable alors que les villes américaines
devenaient inhospitalières, avaient fait le choix d’ un mode de vie plus respectueux
de l’environnement mais un cataclysme dont on devine l’origine climatique a décimé
la population et il ne reste à Evangeline, la ville qu’ils avaient fondée, que ruines et
Makepeace qui « chaque jour boucle » son « ceinturon de revolvers pour aller
patrouiller dans la ville miteuse »
Un jour, Makepeace, aperçoit dans le ciel un avion … le signe que, peut-être, il
existe un ailleurs… Alors, s’arrachant au néant de son environnement désespérant,
Makepeace monte en selle et se met en route , en quête « du monde d’avant » , sur
les traces d’une possible humanité.
C’est son odyssée à cheval dans une atmosphère de fin du monde mais dans une
nature à la beauté pourtant saisissante, que nous relate Marcel Théroux dans une
langue aux accents parfois poétiques, un récit haletant qui nous surprend souvent et
qui , bien que rude, ne trouve pas de complaisance dans l’évocation de la violence
brute.
(Présentation : Tiziana Champey)