Une campagne d’Alsace, un garçon d’un village protestant, en face, de l’autre côté du pont, une fille « sauvageonne ». Le temps d’un été sans parole et la naissance d’un bébé, le récit se construit et nous guide dans les comportements de ce morceau de vingtième siècle dans l’Est de la France un peu bousculé par les guerres mais guidé dans ces personnages par l’humanité et une force de vie qui incite le lecteur à aller plus avant pour comprendre le ressort qu’il sous-tend chez chacun et chacune.
Blondine, soucieuse de soustraire leurs destinées à la violence du père, et dans la volonté d’offrir à son enfant la lumière, quitte l’Ubac pour déposer Jacques à l’Adret et part, seule.
L’histoire fait la part des choses sous l’influence des éléments et notamment de la lune, entre chance et destinée, dans l’éclairage d’événements majeurs d’une vie, comme le sentiment amoureux, l’implication partisane en temps de guerre, le labeur des champs dans la production des ressources vitales, l’entité familiale dans ses atouts et ses travers, et des éléments humains qui la structurent, la force des relations et le respect des non-dits, la solidarité clanique dans sa générosité, la place de l’amour, la force des croyances.
L’écriture d’Elisabeth Clementz procure le vif plaisir de la phrase bien faite qui donne à voir instantanément ce qu’elle décrit et le message qui s’en dégage. Une qualité aigüe d’émotion s’offre à chaque page. Et de conclure par un extrait de ces atmosphères décrites dans le roman :
« Une brindille, une puce, une crevette. La chétive créature semblait avoir grandi en terrain peu favorable et à son âge, douze, treize ans peut-être, elle aurait dû être bien plus costaude. Mais va savoir avec ces gens de l’ubac, ils étaient différents et Simon, grand observateur de ceux de son clan ignorait tout de ces voisins inconnus, ils étaient de l’autre monde et, qui plus est, leurs ennemis. »
(Présentation : Annie Contin)