Nous sommes en Suisse à la fin des années 80, dans l’univers des très riches, de leurs banquiers qui connaissent les tours de passe-passe pour blanchir les fortunes, de leurs subalternes qui aimeraient leur part du gâteau et qui croient, les naïfs, qu’ils s’en sortiront sans dommage.
Svetlana, jeune financière promise à une belle carrière, rencontre Aldo, plus gigolo que professeur de tennis. Ils sont beaux, s’aiment et ont les dents longues : ils mettent en place un système pour récupérer les énormes sommes d’argent en transit dans différents pays, avant d’arriver dans les banques de Genève.
Mais , bien sûr, tout s’enraie. Des prolongements inattendus en Corse nous font rencontrer des personnages étonnants : la fine fleur de la mafia locale, sous les traits d’une vieille femme cheffe de bande à la fois cultivée et impitoyable, attachée à sa terre et capable de régler ses comptes sans état d’âme, ainsi que sa famille.
Également Odile, belle femme sur le retour qui s’entiche de Aldo, mais reste lucide : elle sait que tout se marchande. Et qu’ils ne sont pas du même milieu.
Nous sommes entraînés à un rythme sans relâche dans un tourbillon de trahisons, de mensonges, de coups montés qui tournent mal, jusqu’au final, cynique, féroce, mais pouvait-il en être autrement ? Avec l’amertume de constater que le monde capitaliste est toujours aussi cruel en 2020.
« La Soustraction des Possibles » (quel titre!!) est un roman noir politique sans concession au style sec, ironique, radical, avec parfois des ouvertures sur une possibilité de l’amour, ou de la morale , mais on ne peut y croire.
Dans des apartés au lecteur, l’auteur lui décrit ce qui est en train de se mettre en place, le rend spectateur, peut-être juge ? Et nous fait subtilement et avec humour déboucher sur le processus de l’écriture en cours.
p. 377 : « L’amour et la compassion sont la preuve de notre évolution. Mais il n’est pas certain que ceux qui en font l’expérience survivront dans les temps à venir. »
De mère suisse et de père sicilien, Joseph Incardona est l'auteur d'une douzaine de livres, de scénarios (pour le théâtre, le cinéma et la bande dessinée), ainsi que réalisateur de cinéma. Personnalité atypique et auteur prolifique, ses références sont issues à la fois de cette culture mixte suisse et italienne, ainsi que du roman noir et de la littérature américaine du XXe siècle. Malgré la gravité des thèmes qu'il a pour habitude de traiter avec le style très noir et rythmé qui le caractérise, on trouve aussi dans ses œuvres un ton décalé souvent associé à une forme de pudeur. En 2015, son roman Derrière les panneaux il y a des hommes, publié aux Éditions Finitude, remporte le Grand prix de littérature policière du meilleur roman en français. (sources : Wikipédia)
(Présentation : Marie Pierre Orsoni)