Korsakov n'est pas un personnage mais un syndrome, une maladie de la mémoire, un trouble neurologique : plus de mémoire de fixation mais une mémoire qui prolifère, se reconstruit avec des fausses reconnaissances, des fabulations... Le souvenir se perd au fur et à mesure.
Pour François Ardanuit, la vie d'enfant est un cauchemar : pas de père, une mère enfant trop souvent accompagnée d'autres hommes. Lorsqu'elle épouse Marcel Signorelli, ostréiculteur en Charentes, il a dix ans. Il trouve un père, un nom, une famille. A l'âge mur, François Signorelli , brillant neurologue à Palerme, se découvre atteint du syndrome de Korsakov, maladie dont il connait parfaitement le déroulement.
Il parle alors de Korsakov comme d'un personnage qui l'accompagne... et qualifie ce syndrome de maladie de secours, lui faisant oublier ce fils qui ne veut plus le voir, la femme qui ne veut plus l'aimer et ce père qui n'existera pas ou ne sera jamais là. Sa maladie lui fait prendre alors la figure du grand-père Fosco Signorelli qu'il a tant aimé (seul souvenir épargné par Korsakov). Il se déplace dans le désert tunisien de Fosco, cavalier magnifique qui le fait voler dans la lumière... Il oublie tout jusqu'à Vista, le tueur de la Mafia qu'il a chargé de le supprimer.
C'est un très beau roman, touchant et émouvant.
(Présentation : Anne-Marie Achard)