Le narrateur de ce récit va entraîner le lecteur dans une aventure insensée, où se mêlent la fantaisie et l’absurde. « Il m’arrive de plus en plus souvent d’être pris pour un autre ».
Il y a ceux qui ont l’impression de l’avoir vu quelque part sans parvenir à retrouver un souvenir précis, ceux qui le reconnaissent sans hésitation en lui donnant une grande tape dans le dos. Et lui, perplexe mais brave homme, ne les détrompe pas et accepte d’endosser l’une après l’autre ces différentes identités. Au départ, les conséquences ne sont pas très importantes sur sa vie. Ces rencontres peuvent se terminer par de longues discussions, devant un café, au comptoir d’un bar. Sans plus. Mais très vite, sa vie va en être bouleversée : un homme croit reconnaître en lui son codétenu de prison et viendra lui demander asile une nuit. Le facteur va lui apporter des lettres d’amour qui ne lui sont pas destinées et il ne reste pas insensible à ces mots de pardon et d’amour. Et quand, une fois de plus, la femme qui habite l’étage au-dessous, le prend pour son mari qui l’a abandonnée et, croyant le voir revenir, veut bien lui accorder une nouvelle chance, il endosse sans hésiter, son nouveau rôle de mari et de père.
Autour de lui aussi, la confusion est totale : sa vieille tante à laquelle il rend visite deux fois par mois, attend la venue des Américains pour libérer la France ; des vieillards retombent en enfance…
Cet univers insensé et absurde, ne serait-il pas en fait le monde tel qu’il devrait être, où les gens manifestent de la bonté et de la compassion face aux autres ? Mais leur solitude fait naître en nous une forme d’angoisse parce qu’au bout, que reste-il ? Une silhouette qui disparaît…
(Présentation : Anne-Marie Smith)