Lectures partagées du 6 octobre 2023
7 participant(e)s.
– Stöld de Ann Helen Laestadius – Ed. Pavillons (Robert Laffont, 2023)
traduit du suédois par Anna Postel
C’est l’histoire d’un peuple, les sami, éleveurs de rennes et l’histoire d’une petite fille pleine de fougue et d’amour qui va grandir avec la peur à cause d’un chasseur qui a tué son renne devant ses yeux. Face à la malveillance, le harcèlement, l’attaque des troupeaux, le racisme, l’indifférence des autorités, certains abandonnent, partent, se suicident ou résistent. Avenir très incertain mais Elsa y croit encore et va essayer de s’affirmer en tant que femme et éleveuse de rennes. Un récit émouvant, dur et poétiquement tendre.
– Au vent mauvais de Kaouther Adimi – Ed Seuil, 2022
Saga sur 90 ans. Destin croisé de trois personnages principaux, Leïla, Tarek et Saïd qui grandissent dans un village de l’est de l’Algérie, au début des années 1920. La première, mariée à 13 ans contre son gré, décide de se séparer et retourne chez ses parents, avec son fils, dans la réprobation générale. Tarek est un berger timide et discret. Saïd, lui, vient d’une famille plus aisée et poursuit des études à l’étranger. Tous deux sont secrètement amoureux de Leïla.
Tarek épousera Leïla et lui écrira de magnifiques lettres très poétiques alors qu’elle ne sait ni lite, ni écrire. Beau style, le titre « le vent mauvais » vient du sirocco.
– L’enfant du taxi de Sylvain Prudhomme – Ed de l’Observatoire - 2022
Ce roman débute en 45 à la fin de la guerre, dans une ferme près du lac de Constance. Il relate une histoire d’amour entre une jeune allemande et le soldat français qu’elle héberge. Le soldat n’est autre que Malusci, le grand-père de Sylvain et cette femme a déjà été évoquée dans un de ses livres précédents, « là avait dit Bahi ». Deuxième scène, enterrement du grand-père, Le narrateur, Sylvain apprend qu’un enfant était né de cette liaison, M., qui vit toujours en Allemagne. Sylvain tire le fil, s’empare du secret de famille, cherche à comprendre. Parallèlement, il décrit ses difficultés à assumer la séparation avec sa compagne, la vie à réinventer avec ses deux enfants, l’apprentissage de la solitude.
– C’est égal d’Agota Kristof -livre de nouvelles – Ed. Poche Points - 2006
Gérard nous lit une des nouvelles. Un homme guette sa boîte aux lettres qui est toujours vide. Né dans un orphelinat, il a acquis une certaine notoriété, a de l’argent. Il espère toutefois un miracle, qu’on le retrouve. Il s’imagine les lettres qu’il aurait pu recevoir de sa mère, de son père qui expliquerait leur vie misérable, qui demanderait un peu d’argent. Le jour où la lettre arrive, son vrai père qui écrit enfin après 30 ans d’attente, c’est trop tard.
– Proust roman familial de Laure Murat. - Ed. Robert Laffont
La lecture de la recherche est non seulement un héritage familial, la narratrice en a toujours entendu parler mais elle en avait peur, c’était un monument littéraire, une tour de Babel. « Toute mon adolescence, j'ai entendu parler des personnages d'À la recherche du temps perdu, persuadée qu'ils étaient des cousins que je n'avais pas encore rencontrés ». Rejetée par sa mère à cause de son homosexualité « tu es une fille perdue », c’est quand elle décide vraiment de le lire qu’elle comprend qu’il va lui permettre de s’émanciper de son milieu aristocratique. La Recherche lui révèle ses propres sentiments. Récit d’autofiction, essai littéraire et étude sociologique, un roman qui rend hommage à l’intelligence de Proust.
– La petite fille de Bernard Schlink - Ed. Gallimard –
traduit de l’Allemand par Bernard Lortholary
Fresque post 1945. Allemagne. Berlin ville réunifiée. Généalogie familiale complexe. Le narrateur, Gaspar est un libraire de 70 ans, belle figure masculine, fils de pasteur. Le nom fait appel à des mythes allemands. Sa femme, Birgit est une allemande de l’Est qu’il avait fait rentrer clandestinement en Allemagne de l’Ouest. Kaspar vient d’apprendre que son épouse Brigit, récemment décédée, a une petite fille Sigrund. Il part à sa recherche et découvre qu’elle a étéélevée dans une idéologie néo nazi dont il voudrait la sortir. La forme est un roman dans le roman. Cellules dormantes néo nazi, porosité de l’idéologue dans la société Allemande. Quel lien pourra-t’il se créer entre le vieil homme et la jeune fille ? Choc des cultures, histoire et négationnisme. Comment réconcilier les deux Allemagnes ?
– L’usure d’un monde, une traversée de l’Iran de François Henri Désérable – Ed Gallimard, 2023
Deux hommages dans ce livre, le premier à Mahsa Amini, la jeune iranienne dont la mort a enflammé le pays et le second, à l’écrivain voyageur, Nicolas Bouvier.
On suit l’auteur dans sa traversée de l’Iran au moment où la population cherche à se débarrasser des mollah. Humour + humilité. Modestie + émotion. Portraits des iraniens rencontrés. Ils sont ouverts à l’étranger, d’une grande gentillesse et portent un intérêt très marqué pour notre culture.