Gap -  Hautes-Alpes


Autres récits que nous avons aimés sur le thème des Livres nomades

Le roman, écho de notre monde
2021/22

 

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Outre la sélection Livres nomades 2021-22 "Le roman, écho de notre monde"

nous avons aussi aimé d'autres romans et récits

que nous avons découverts au cours de nos lectures sur ce thème.

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Groupe Colette Lagier

Juliette Bouchet – Mon cœur vient du désert d’Atacama - Sable Polaire 2019

Un roman choral : 3 générations de femmes : Phaedra qui a connu le monde d’avant, celui des humains, Bellone, sa fille, qui très jeune a dû survivre six pieds sous terre suite à la destruction de la terre habitable par les hommes, et Cybèle, née de l’union de Bellone avec un artilect, qui grandit comme l’éclair et s’adapte si bien qu’elle veut sortir du bunker, malgré les dangers qui rôdent à l’extérieur : la radioactivité, les cyborgs et les humains augmentés qui continuent à vouloir dominer la nature.

Un roman d’anticipation écologique où les personnages les plus humains sont nés du cerveau de chercheurs visionnaires, décidés à construire une nouvelle humanité grâce à l’intelligence artificielle. C’est aussi un roman fort sur l’amour maternel et le conflit des générations. Etonnant, intelligent, optimiste malgré l’effondrement nucléaire du monde que l’on connaît.

Négar Djavadi – Arène – Liana Levi 2020

Benjamin Grossman, d’origine modeste, a réussi. Dirigeant d’une plateforme américaine de séries diffusées à des millions d’abonnés, il a reconstruit son personnage à l’image de la Silicon Valley. Venu rendre visite à sa mère à Belleville, bousculé par un gamin en survêtement, il égare son portable, véritable bureau portatif et mine d’adresses utiles. Sa vie va déraper en apprenant la mort du voleur, qu’il a poursuivi et bousculé au bord du canal St Matin.

L’auteur sait mettre à jour les logiques destructrices qui agitent tous les acteurs de cette tragédie, la présentant comme inévitable tant la violence des antagonismes est latente, une étincelle mettant rapidement le feu au poudre, comme dans ces fictions qui irriguent les cerveaux contemporains. Le regard de cet écrivain est sans concession et il n’épargne personne.

Nicolas Mathieu – Aux animaux la guerre – Acte Sud 2014

La fermeture d’une nième usine dans les Vosges va plonger une centaine d’ouvriers dans les tracas financiers : comment payer la maison de retraite de sa mère, envoyer son gosse en colo, réparer la bagnole ? Mais c’est aussi du lien social qui se délite, une fraternité qui se meurt.

Ces futurs chômeurs n’ont plus rien à perdre, alors on cherche de l’argent facile comme on peut, enfin pas si facile que ça : après l’enlèvement d’une jeune prostituée commandée par des truands, Martel, le syndicaliste tatoué et Bruce le junkie bodybuildé vont se retrouver dans de gros ennuis, et ce n’est pas Rita, la généreuse inspectrice du travail qui va les sortir de là !

Nicolas Mathieu explore la sociologie d’un prolétariat déclassé, poussé au désespoir, qui se réfugie dans la haine des autres, tous les autres : patrons, Arabes, nantis, assistés… la lutte des classes se mue en violence guerrière, destructrice

Groupe Tiziana Champey

Nana Kwame Adjei-Brenyah – Friday Black - Sable Polaire 2019 - traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Stéphane Roques - Albin Michel «Terres d’Amérique» - 2021

Nana Kwame Adjei-Brenyah est un jeune auteur né en 1991 dans le Queens à New York, de parents ghanéens. Son amour de la littérature l’a poussé à lire dès son plus jeune âge et sa rencontre à l’université avec un professeur de master de création littéraire l’a encouragé dans la voie de l’écriture alors qu’il travaillait parallèlement comme vendeur dans un centre commercial.
«Friday Black» est sa première publication. Fruit d’une longue gestation, ce recueil de nouvelles illustre une variété d’ inspirations et reflète les expériences de vie de l’auteur. Le style passe de la dystopie («L’ère», «Zimmer Land», « Friday Black») au surréalisme ( «Lark Street»), à la confession intime et au réalisme social («Les choses que me disaitma mère», «Le lion et l’araignée») mais toujours il mêle le fantastique à un réalisme magique dans des pages qui dressent un sombre portrait de l’Amérique contemporaine.

Les textes sont émouvants, déroutants, percutants, voire terrifiants, et cependant emprunts d’humanité par leur constat accablant : la société qui nous est décrite là est nauséabonde. Une voix intérieure, celle d’un jeune afro américain, observe cet «ensauvagement» du monde.- Dans un univers dystopique où les humains ont renoncé à l’empathie et à la fraternité, à leur liberté, au profit des pilules de «bien» qui permettent une optimisation chimique de leurs capacités dès l’enfance, «L’ère» évoque un monde dans lequel l’inégalité des êtres humains est assumée, un monde totalitaire.

- En proposant l’autodéfense comme distraction, «Zimmer Land» est un parc d’attractions qui offre l’exaltante sensation de se faire justice soi-même en tirant sur des agresseurs feints, mais immanquablement noirs. Divertissement assuré pour adultes et enfants !

- «Friday Black» est une satire du consumérisme où, lors de scènes d’hystérie collective le jour des soldes, les clients sont prêts à tout, jusqu’à tuer ou mourir, alors que les vendeurs, en rude compétition entre eux, gèrent avec professionnalisme le désastre.

- Autour du procès d’un américain blanc qui, se sentant menacé, a massacré cinq enfants noirs à la tronçonneuse et qui sera acquitté, la nouvelle «Les 5 de Finkelstein» porte la voix d’un jeune homme noir qui a intériorisé le racisme et tente de contrôler son « degré de noirceur».

Echo du mouvement Black lives Matter, dénonciation des maux de l’Amérique , du consumérisme déjanté, de la société du «tous contre tous», du poison des tueries de masse, «Friday Black» est une illustration réussie du pouvoir des mots , celui de la littérature qui peut racheter le monde en l’éclairant d’une juste part de lumière.

Présentation : Tiziana Champey

 

American Dirt Jeanine Cummins ( Philippe Rey – 2020)

Dès la première page l’auteur sait captiver le lecteur, le tenir en haleine.

L’enfer est décrit dès le début. Une tuerie barbare de seize personnes, d’une même famille, abattues par des narcotrafiquants.

Jeanine Cummins nous raconte l’épopée de migrants mexicains, en fuite vers les Etats Unis, qui voyagent dans un train. L’histoire de cette route de l’exil forcé est crue mais délicate, réaliste et pourtant optimiste.

Un univers qui pour la plupart d’entre nous ressemble à de la science-fiction.

Ce roman nous rappelle l’insécurité d’êtres humains qui demandent simplement le droit à la vie.

Le lecteur ressent les sentiments, la peur, les doutes, le désespoir, mais aussi la volonté de survivre. L’horreur des événements vécus est poignante : rackets, viols, faim…Les cruautés sont multiples.

Et pourtant, malgré la dureté de certaines situations, il y a des rencontres pleines d’humanité et de bonté.

Une solidarité se tisse, des amitiés naissent, les gestes d’entraide se multiplient.

Un rythme effréné tout au long de ce roman d’aventure qui nous tient aux tripes et qui démontre la capacité de l’être humain à développer des trésors d’adaptabilité pour assurer sa survie.

Présentation de Nathalie Schmidt

Groupe Simone Delorme

Nino dans la nuit - Capucine et Simon Johannin

Un livre très contemporain avec une langue crue et imagée à la fois, presque une langue étrangère pour qui n’a pas pratiqué la zone, la vie des “bas fonds” parisiens.

« Je cherche le bout du départ pour nous dérouler la grande vie, se tailler des tangas dans le tapis rouge et plus jamais suer à courir après ce qu’il faut pour passer d’un jour à l’autre. Je sais pas comment faire, alors je sors guetter, brancher la vigilance dans la rue pour voir si des fois de l’or sortirait pas de ses trous… »

« Je me roule une clope de miettes après le joint de la misère, puis je descends dans le fond de soleil pour faire lentement le tour de la ville. Ça brasse du Slave et du Guinéen, les premiers debout le long des murs à fumer de la clope de contrebande et les autres à éviter le stationnement. On a l'air moins louche quand on marche, et marcher y a que ça à foutre quand on a les pieds pris dans le drap tordu de l'exil ».

C’est Nino qui raconte, un jeune homme un peu perdu, son père le croit toujours étudiant mais il a vite décroché. Pour sortir du marasme, il a tenté de s’engager dans la Légion Etrangère, erreur d’aiguillage, « J'ai le seum qui me remonte d'un coup dans la bouche, le pourquoi j'ai fait ça, pourquoi je suis là au milieu du concentré de galériens, des prêts à crever canon en avant pour un smic... ». « Pourquoi t'es là toi, vu que t'as le droit de traverser ce pays sans risquer de te faire envoyer foutre par des talibans, une police secrète ou je sais pas quoi ? »

Exclu rapidement parce que ses urines contenaient trop de traces de drogue, c’est le retour à la case démerde, au jour le jour, de l’autre côté des boulevards de ceinture, dans un taudis qu’il partage avec Lale, sa compagne.

« Je vois le peu d’argent qui brille au fond des poches, l’amour dans les cages de chacun qui trace rouge dans les veines du cou. Les tissus tannés sur les peaux à qui on a volé le soleil et les regards envoûtés de fatigue, de désirs secrets ».

Ce qui tient Nino debout et lui donne la rage de vivre, c’est Lale, aussi désemparée que lui, qui enchaîne les boulots précaires et pour laquelle il vibre d’un amour magnifique. « Je nous sens perdus mais pas franchement préoccupés de l’être, difficile de voir l’avenir autrement quand on a jamais pu vraiment le deviner, alors on s’en occupe pas pour l’instant, on gère une merde à la fois ».

Le salut viendra peut-être de sa « gueule d’ange » cette beauté qu’il ignore mais que d’autres ont remarquée « peut-être le seul morceau de destin que la vie me tend à mâcher… ».

Ecrit par un couple de très jeunes auteurs nés dans les années 1990, ce livre est un ovni, critique acerbe de la société, hymne à l’amour fou, à la jeunesse désenchantée, l’écriture est sidérante d’inventivité et de vitalité.

Présentation Simone Delorme