Magnifique roman russe contemporain. Il raconte l’épopée de Zouleikha, jeune épouse tatare, mariée à 15 ans à un homme bien plus âgée qu’elle. Elle est entraînée dans la dékoulakisation commandée par Staline. Nous suivons les péripéties de sa vie entre 1920 et 1946.
Zouleikha est déportée vers un camp de travail en compagnie de russes de toutes classes sociales sous le commandement d’un soldat russe : Ivan Ignatov.
Zouleikha va, à plusieurs reprises, ouvrir les yeux sur de nouvelles vies qui feront d’elle une femme forte. Ce roman envoûtant nous touche au cœur. Il montre à quels points les difficultés peuvent changer les Hommes. Il nous ouvre les yeux sur cette période stalinienne où le pays s’est détruit, mais aussi construit différent au prix de souffrances extrêmes d’une partie de sa population.
Zouleikha ouvre les yeux aborde aussi en filigrane les conditions de la femme, soumise aux violences de son vieux mari, de sa belle-mère presque centenaire, et de la rudesse de sa vie. Zouleikha est façonnée par les traditions et les superstitions de son époque.
Ce livre traite aussi les liens d’amitié et solidarité entre ces exploités du projet fou de Staline. Liens qui leur permettent de survivre dans ses atroces conditions, démunis de tout. Ils sont contraints à la force de leurs bras dénutris, de construire le camp qui deviendra leur nouveau lieu de « sur-vie ». L’exploitation sexuelle est également présente.
Au fil des pages, nous voyons les personnages évoluer, notamment le soldat Ivan Ignatov, lui aussi oublié sur ces rivages glaciaux en hiver et torrides en été. Puni, piégé pour quelques gestes d’humanité vis-à-vis de « ses déplacés ». Partis pour quelques jours, il restera, lui aussi, à 400 km de la toute dernière bourgade sur le fleuve sibérien Angara. Ils sont au fin fond du monde, ravitaillé selon les conditions météorologiques et le bon vouloir d’un commandant de bateau.
Zouleikha frêle jeune femme va accoucher au terme de leur périple, en pleine taïga. L’enfant est de son mari qui la prise de force la dernière nuit avant l’arrivée de la horde rouge dans leur village. Après la mort de ses 4 premiers enfants, des filles, ce garçon va survivre. Cette montagne d’épreuves inhumaines parsemée d’une multitude de morts aboutit à ce que Zouleika puisse enfin donner la vie et devenir mère.
(Présentation : Isabelle Revelard et Marie Scrimgeour)