Pérégrination littéraire du Dimanche 26 Juin 2016
La Roche des Arnauds
"Sur le sentier de la Poltrona"
Une chaude journée s’annonce, neuf participants se retrouvent au col de la Plaine pour célébrer l’Arbre à travers pas et pages.
Le sentier s’élève en pente douce dans un bois de petits chênes, de pins et de cornouillers. Des genêts, des arbres à perruque, des fleurs encore. Beaucoup de chants d’oiseaux.
Les vestiges d’œuvres de land-art, dont Monica nous conte l’origine, ponctuent notre cheminement : le ‘rond-point’ triangulaire des pommes de pin, les lieux de prédilection des fées, etc… autant d’occasions de faire halte pour de courtes mais riches lectures. Nous rejoignons ainsi Apollinaire, Saint-Exupéry, Thoraud, Lieutaghi, Rilke, Germain, Michelet, Neruda, Rousseau, Bachelard, Tchekhov, Desnos, Bergèse, Landry, Al-Rumi , Chateaubriand, Baudelaire, Elisée Reclus ….
La partie terminale du sentier, plus rocheuse, nous amène à l’ancienne carrière où Alejandro a, un jour, installé la ‘poltrona’ (canapé) pour sa bien-aimée et où nous trouvons une boîte à livres … Echange de livres, de cerises, de paroles, posture de l’arbre pour nous sentir devenir arbre… Il est temps de redescendre doucement en savourant le calme, le bonheur d’être dans l’écoute des arbres et l’empreinte des mots. Des cigales se mettent à chanter.
Pour finir, nous sommes invités par Alejandro et Monica à aller voir leur très belle exposition. Pour ceux qui n’ont pu participer, voici deux sites à visiter :
www.la-poltrona.net et www.espaceplaine.com
Et en conclusion, le beau texte de Sylvie Germain :
« Après les arbres, je me découvrais une nouvelle famille : les livres. Mais les seconds ne prenaient-ils pas corps dans la chair des premiers, n’étaient-ils pas tout autant emplis de feuilles bruissantes, chuchotantes ? Les uns et les autres puisaient dans la terre, dans l’humus et la boue des jours, leur force et leur élan, et ils s’épanouissaient dans l’espace, en plein vent. La sève, l’encre –un même sang obscur coulant avec lenteur, roulant vers la lumière, et frémissant de la rumeur du monde. »
Danielle Alloin, Simone Delorme
Pérégrination littéraire du Dimanche 17 Avril 2016
« Qui craint le nuage, jamais ne voyage »
Ce sont des nuages gonflés de pluie qui nous ont accueillis dimanche à 9 h, sur le petit parking de la route de Rabou, pour une pérégrination sur le thème du voyage.
Beaucoup avaient renoncé par crainte du mauvais temps et nous étions finalement cinq courageux à prendre le chemin le long du canal de Charance, munis de parapluies et de besaces remplies de livres .
Poèmes, citations, extraits de romans et de récits de voyages....... de nombreux textes, riches, variés,
ont été lus à chaque étape près des petits ponts de pierre.
Nous avons entendu entre autres des extraits de romans de Laurent Gaudé, Alessandro Baricco, Italo Calvino et des récits de Nicolas Bouvier, R.L. Stevenson, Mark Twain, sans oublier de très beaux poèmes de Du Bellay, Mallarmé, Henri Michaux et Emile Verhaeren.
La balade a été l'occasion d'échanges fructueux lors de nos moments de marche entre deux pauses-lecture. La promenade a été évidemment un peu écourtée par la pluie et nous étions de retour à 11h.
Quelques péripéties en cours de route: rencontre avec un cheval, repêchage d'un parapluie dans le canal. En bref une sortie littéraire assez courte mais finalement réussie.
Et pour conclure, un court texte de Robert Louis Stevenson, qui bien avant nous, avait goûté au plaisir de la pérégrination littéraire :
« Quelqu’un qui effectue une randonnée pédestre avec un seul livre dans son sac à dos lit avec circonspection, s’arrêtant souvent pour réfléchir et posant souvent le livre pour contempler le paysage ou les gravures dans la petite salle de l’auberge ; car il redoute de parvenir au bout de son plaisir et de se retrouver seul dans les dernières étapes de son voyage. »
Catherine S.
Pérégrination littéraire du Dimanche 25 Mars 2016
« Le renouveau et le printemps »
Aujourd’hui, 25 mars, alors que je couche sur l’écran ce petit compte-rendu de notre première pérégrination littéraire, la floraison des cerisiers est annoncée à Tokyo…
Mais pour célébrer l’arrivée du printemps et le renouveau des énergies vitales ici même à Gap, nous nous sommes rendus, dimanche dernier, sur le chemin qui longe le canal de Charance. Le temps plutôt frisquet et le soleil boudeur n’avaient pas découragé la dizaine de personnes rassemblées pour marcher et lire à haute voix de beaux textes. Les ponts de pierre qui ponctuent le tracé du canal offrent des lieux de halte parfaits pour la lecture, dont certains bercés par le murmure des eaux.
Notre pérégrination s’est déroulée de 9 :00 à 12 :30. Les textes apportés par les participants étaient variés, riches, poétiques… Parmi les autres occupants de ce même lieu, joggeurs, randonneurs et cyclistes du dimanche matin, certains ont répondu à notre invitation à se joindre à nos lectures et ont choisi un court texte parmi la provision des haïkus que nous avions apportés !
Ce fut un moment privilégié de partage au milieu d’une nature hésitant entre derniers froids de l’hiver et promesses du printemps.
Danielle A.
Ci-dessous le magnifique texte de Christian Bobin qui a ouvert la pérégrination, extrait de « La grande vie » 2014 :
« Les fleurs du vieux cerisier jacassaient. Je rêvais de les emballer dans cette lettre et de vous les tendre en vous disant : tenez, voici un bouquet de l’éternel, des coups de sang dans le crâne en bois de Dieu, une incarnation de la lumière.
Planté dessous le cerisier aux bras maigres je contemplais le secret de leur joie. Certaines fleurs étaient serrées sur leur naissance. Des petits parachutes blancs pliés. D’autres étaient déjà écloses. Toutes surgissaient du bois noir des branches comme des enfants qui se précipitent vers leur mère-lumière après une trop longue mort.
Certains jours le printemps bégayait, il faisait froid. Je me posais ces questions qu’on se pose quand on vient d’abandonner quelqu’un sous la terre au cimetière : est-ce que la pluie les décourage ? Est-ce que le froid les empêche de dormir ? Je crois que tout souffre dans cette vie. Ne soyez pas effrayé par cette phrase, je pourrais aussi bien dire, et ce serait aussi vrai : tout se réjouit dans cettevie.
Campé comme un idiot sous le vieux cerisier, regardant la pluie suspendue des fleurs en extase, admirant leurs têtes hilares de sacrifiées, je reçois une leçon de courage.
Le papillon monte au ciel en titubant comme un ivrogne. C’est la bonne façon.
Si je pouvais, je prendrais mes livres et je les secouerais par la fenêtre comme de vieux tapis : trop de poussière, trop de mots.
La floraison des cerisiers ne dure pas. L’essentiel on l’attrape en une seconde. Le reste est inutile. »