Lectures partagées
Année 2018-2019
Lectures partagées continue durant l'année 2018-2019. Une activité appréciée à côté des livres nomades pour permettre aux lecteurs de faire de belles découvertes de lecture et de les partager avec les autres.
Littera 05 vous invite donc à venir aux dates ci-dessous, présenter un livre , actuel ou ancien, que vous aimeriez partager avec d'autres amoureux de la lecture .Vous pouvez aussi venir seulement pour écouter .
Sans avoir d’obligation quant à la façon de faire connaitre un livre, il peut être utile de rappeler, en quelle année il a été écrit et peut être quelques mots sur l'auteur, histoire de le situer pour ceux qui ne le connaitraient pas. Une lecture d’un bref extrait aide aussi à donner une idée du style de l’auteur, mais toute latitude est laissée au « présentateur ».
Comme les autres années,
"Lectures partagées" aura lieu à La Nouvelle Librairie,
6 cours Victor Hugo à Gap,
de 18h à 19h30
Jeudi 4 octobre 2018
Jeudi 8 novembre 2018
Jeudi 6 décembre 2018
Jeudi 10 janvier 2019
Jeudi 7 février 2019
Jeudi 7 mars 2019
Jeudi 4 avril 2019
Jeudi 9 mai 2019
Jeudi 6 juin 2019
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Lectures partagées du 9 mai 2019 à la Nouvelle Librairie,
9 participants.
– Moi et les miens de Patrick Azzurra - Ed. Passiflore, 2008
1er roman. Une famille, Daniel, Cécile et leurs deux enfants, Nicolas et Elodie. Chacun prend la parole, à tour de rôle, pour raconter leur histoire, le chômage du père, la déchéance, le déménagement, d’un pavillon de banlieue à une cité HLM sordide où les dealers pullulent, la délinquance du fils et son envie d’écrire, l’alcoolisme du père, la dépression de la mère, l’envie de s’en sortir, de réussir par les études de la fille. Un thème connu, rabattu, tous font des bilans, ont des regrets, s’en veulent, essaient de survivre mais ce qui sauve le livre et le rend si humain et si émouvant c’est l’amour qui se fraye constamment un passage dans la misère , un amour qui perdure malgré tout et la langue est très belle, il y a des expressions magnifiques pour dire la souffrance. Il y a malgré tout de l’humour. Un beau livre. Extraits : « Je garde les yeux fermés et assiste à l'embrasement de la mer, à cette agitation perpétuelle, à ces scintillements qui ne sauraient mourir. ». « Celle que j'aime s'est mise à me regarder avec dédain. C'est elle qui m'a fait le plus saigner. J'ai pris la forme ronde d'un zéro et tout doucement me suis effacé. ». « "Par superstition, je garde tout pour moi, de peur que mon projet ne se brise dans l’œuf. La poisse, j’ai déjà donné. Pour l’instant, ce n'est qu'une ébauche qui plane sans envergure, mais elle peut se vanter d’avoir décollé. La nuit, avant de m’endormir, je pense au bonheur qu’elle pourrait engendrer. Depuis le temps que je cours après !".
– Un hiver sur le Nil d’Anthony Sattin
Hiver 1949, c'est un voyage sur le Nil du Caire à Abou Simbel auquel nous convie l’auteur à travers la correspondance croisée entre deux personnages qui vont devenir célèbres, Florence Nightingale, fille d’aristocrate anglais, pionnière des soins infirmiers modernes, et Gustave Flaubert, écrivain débutant. Ils ne se rencontrent pas mais effectuent le même voyage à la même époque, Chacun a puisé dans ce voyage des qualités qui vont les révéler à eux mêmes, un voyage sur plusieurs mois, très riche en découvertes dans une Egypte encore vierge de tourisme, authentique, deux cultures différentes, difficultés pour les femmes de visiter certains monuments, Les descriptions du vieux Caire aujourd’hui disparu sont passionnantes, c’est très intéressant culturellement. Florence est de confession unitarienne et fait des rapprochements entre les différents cultes de façon très pertinente, Gustave s’est attaché à décrire chaque détail. On découvre une Egypte envoûtante. C’est un livre paisible et un vrai plaisir de lecture.
– Les gratitudes de Delphine de Vigan - Jean Claude Lattès, 2019
2ème livre du cycle entamé avec « les loyautés » qui parlait des adolescents. Là, c’est la vieillesse qui est au coeur du livre qui tourne autour de 3 personnages. Le livre commence par les nombreuses façons de dire « merci ». La narratrice, Marie, s’occupe de sa voisine, Michka, une vieille dame rescapée de la Shoah à qui les mots échappent peu à peu. Elle est aidée pour se réapproprier le langage par un orthophoniste, Jérôme. A travers les mots tordus prononcés par la vieille dame, on va découvrir son histoire. C’est une belle histoire, simple et émouvante.
– Retour à Reims de Didier Eribon - Flammarion, 2018
Après la mort de son père, Didier Eribon retrouve son milieu d’origine avec lequel il avait plus ou moins rompu trente ans auparavant. Il décide alors de se plonger dans son passé. S’attachant à retracer l’histoire de sa famille et la vie de ses parents et grands-parents, évoquant le monde ouvrier de son enfance, restituant son parcours d’ascension sociale, il mêle à chaque étape de son récit les éléments d’une réflexion sur les classes sociales, le système scolaire, la fabrication des identités, la sexualité (lui-même est homosexuel), la politique, les partis, la signification du vote, etc, dans la lignée de Bourdieu. Réinscrivant ainsi les trajectoires individuelles dans les déterminismes collectifs, il s‘interroge sur la multiplicité des formes de la domination et donc de la résistance.
Ca raconte Sarah de Pauline Delabroy Allard - Les Editions de minuit, 2018
La narratrice est professeur documentaliste, elle a une petite fille de 8 ans, elle vit une vie bien rangée quand un jour, elle rencontre Sarah pour laquelle elle va avoir une folle passion. La première partie raconte cette folie, cette tempête, cette passion dévorante qui la submerge avec des phrases très courtes. Une belle écriture. La deuxième partie se finit mal comme toutes les passions dévastatrices...
– La blessure de Jean-Baptiste Naudet - L'Iconoclaste, 2018
1er roman. Une blessure venue de la guerre d’Algérie. La mère de Jean-Baptiste, Danielle a sombré peu à peu dans la folie après le décès de Robert, son grand amour, tué pendant la guerre d’Algérie. Ils devaient se marier. Elle épouse Gilles, le père de Jean-Baptiste, un ami de Robert. Gilles a conservé la correspondance échangée entre Danielle et Robert, de magnifiques lettres d’amour qui vont aider Jean-Baptiste devenu grand reporter et souffrant de stress post traumatique, à comprendre la folie de sa mère et son propre désarroi. Un roman très fort, une réflexion sur la guerre, toutes les guerres.
– Le colis d’Anosh Irani - Philippe Rey, 2018
Inde. Le livre se passe à Bombay où l’auteur a vécu jusqu’à ses 23 ans.
Madhu est une hijra : née dans un corps d’homme, amputée de ses attributs sexuels masculins, elle est une sorte de troisième sexe, ni homme ni femme. La quarantaine passée, après des années de prostitution, Madhu doit mendier pour vivre et rester auprès de sa gurumai, sa guide. Par l’entremise de cette dernière, Madame Padma, tenancière redoutée, lui confie une mission qu’elle ne peut refuser : s’occuper d’un colis. Les colis, ce sont ces fillettes, vendues par leur.familles pour devenir des esclaves sexuelles. Un livre dont on ne sort pas indemne.
– Une femme en contre jour de Gaëlle Josse - Les Editions Noir sur Blanc, 2019
– Raconter Vivian Maier, c’est raconter la vie d’une invisible, d’une effacée. Une nurse, une bonne d’enfants. Une photographe de génie qui n’a pas vu la plupart de ses propres photos. Une Américaine d’origine française, arpenteuse inlassable des rues de New York et de Chicago, nostalgique de ses années d’enfance heureuse dans la verte vallée des Hautes-Alpes où elle a rêvé de s’ancrer et de trouver une famille. Son œuvre, pleine d’humanité et d’attention envers les démunis, les perdants du rêve américain, a été retrouvée par hasard – une histoire digne des meilleurs romans – dans des cartons oubliés au fond d’un garde-meubles de la banlieue de Chicago. Vivian Maier venait alors de décéder, à quatre-vingt-trois ans, dans le plus grand anonymat. Elle n’aura pas connu la célébrité, ni l’engouement planétaire qui accompagne aujourd’hui son travail d’artiste. Une vie de solitude, de pauvreté, de lourds secrets familiaux et d’épreuves ; une personnalité complexe et parfois déroutante, un destin qui s’écrit entre la France et l’Amérique.
– Le bonhomme de neige de Jo Nesbo - Folio, 2017
L’inspecteur Harry Hole, se retrouve confronté à une énigme complexe, un tueur en série s’en prend à des mères de famille qui disparaissent sans laisser d’indices. Les cadavres sont retrouvés dans des bonhommes de neige. Tueur en série, psychopathe, mise en scène machiavélique… Tout pour rendre ce polar réjouissant (dixit Zabeth)….
Lectures partagées du 7 mars 2019 à la Nouvelle Librairie
11 participants.
* La porte de Magda Szabo - Le livre de poche, 2017
L'action se passe en Hongrie. Autobiographie ou non ? La narratrice, Magda, est une jeune femme de lettres, une intellectuelle cultivée qui embauche, plus précisemment qui est "recrutée" par son employée, Emerence, une femme assez agée, presque illétrée. Leur relation est complexe. Emerence a une forte personnalité très secrète. Elle entretient le mystère sur sa vie, elle n'accueille jamais personne chez elle, sa porte est toujours fermée. La relation distante au début se resserre entre les deux femmes que tout oppose à priori. Les personnages sont d'une grande épaisseur.
* Mato Grosso de Ian Manook - Albi Michel, 2017
Après avoir exploré les steppes de la Mongolie avec son enquêteur Yerruldelgger, Ian Manook change de latitude pour plonger dans le climat chaud, moite, humide de la jungle brésilienne. Un écrivain bourlingueur qui vient de publier un livre sur le Brésil, y revient après 30 ans d'exil, il va être confronté à son passé, construction étonnante, un livre dans le livre, belle description et roman très noir comme il se doit.
* Sérotonine de Michel Houellebecq - Flammarion, 2019
Il fallait bien que l'on en parle ! Dans tous les magazines culturels, à toutes les devantures de librairies, on ne voit que lui, en France et à l'étranger, c'est un auteur français qui est dit « incontournable », sans doute la raison de la méfiance éprouvée par une partie de notre petit groupe de lecteurs mais une « rebelle » a choisi de nous le présenter. On peut toutefois concéder à l'auteur une belle écriture et un cynisme à la Cioran qui peut être jouïssif...
Ce livre ne fait pas exception à la règle Houellebecq, c'est l'histoire d'un dépressif chronique, amateur de petites pilules sensées libérer l'hormone du bonheur, la sérotonine, l'alter ego de l'auteur donc, les 150 premières pages parlent de sa vie sexuelle, puis à partir de la 200ème, cela devient passionnant, on bascule dans le monde agricole (que l'auteur connait bien), la difficulté de vivre, les suicides, les barrages pour se faire entendre. Un des personnages du livre, un chatelain reconverti en paysan est à l'initiative de la lutte et, pour concrétiser ses paroles et ses actes, se suicide en public. Peut-on voir dans ce roman une anticipation du mouvement des gilets jaunes ?
* Ma dévotion de Julia Kerninon - Ed. Rouergue, 2018
Roman raconté à la première personne. La narratrice, une dame d'un certain âge rencontre à Londres sur un trottoir son ex compagnon qu'elle a quitté 20 ans plus tôt. Elle reprend le cours de sa vie avec lui, une histoire commune qui les a rapprochés au début, des parents diplomates qui s'occupent peu ou mal d'eux. Adolescents, ils s'aiment, à 17 ans, ils partent ensemble en Hollande. Relation inégale, elle travaillait, lui vivait à ses crochets, elle acceptait ses aventuress. Un jour, elle s'en va, se marie aux Etats Unis. Lui devient un peintre célèbre. Elle ne s'est jamais vraiment remise de leur rupture. La complexité de leur lien et des sentiments qui les unissent est très bien décrite par Julia Kerninon, un portrait de femme subtil et émouvant.
* Là où les chiens aboient par la queue de Estelle Sarah Bulle - Liana Lévi, 2018
Roman autobiographique qui se passe en Guadeloupe. Roman choral, plusieurs narrateurs pour raconter la vie de la famille Ezéchiel. Chaque enfant prend la parole à tour de rôle et reconstitue à travers leur histoire, celle de toute la Guadeloupe depuis les années 50, l'enfance au fin fond de la campagne, dans un village où il n'y a rien, les splendeurs et les taudis de Pointe-à-Pitre, le commerce en mer des Caraïbes, l'irruption du roi béton, la poésie piquante du créole, et l'inéluctable exil vers la Métropole. Un roman à l'écriture colorée, piquante, romanesque. Très agréable à lire et très intéressant au niveau historique.
* Montana 1948 de Larry Watson - Poche, 2017
Un roman de l'ouest américain . Un grand père ancien shérif inflexible, un de ses fils est devenu shérif à son tour (pas à la hauteur pour le père), le deuxième ( le préféré) est médecin.
Le récit est raconté par un enfant de 12 ans, David, le fils du shérif, qui perd ses illusions en découvrant le monde des adultes. Le fils médecin, charismatique héros de guerre et médecin respecté s'intéresse de très près, de trop près, aux petites indiennes, l'une d'elles porte plainte. L'affaire est dévoilée, la femme du shérif, révoltée, force son mari à enquêter et arrêter son frère ainé . Il va devoir choisir entre la fidélité à sa famille et son devoir de justice..
* Juanita de Franck Pavloff - Au format OLP, Publié le 2 Novembre 2018 par C. Héranval
Juanita est la petite fille d'un tyran en Amérique du Sud. Il fait très chaud et le ventilateur est en panne... Très petite nouvelle de la collection « Ouvrage Littéraire Postal » dont on dira juste qu'elle est horrifique.
* Comme à la guerre de Julien Blanc Gras - Stock, 2019
Après In Utero, récit autobiographique sur la grossesse de son épouse, Julien Blanc Gras nous parle des premières années de son fils avec toujours le même sens de l'humour mais le cadre est plus grave, les réflexions plus profondes, le récit commence après l'attentat de Charlie Hebdo, la vie du jeune père est bouleversé par ces évènements marquants, Charlie, Le Bataclan, Nice... Comment conserver pour son enfant la capacité de rire, de s'émerveiller, d'être heureux ? Pour relativiser et parce qu'il est question de transmission, de valeurs, vient se greffer au récit le journal tenu par un des grands pères au début de la guerre de 39-45.
* Les billes du Pachinko d'Elisa Shua Dusapin - ED. Zoé, 2018
Claire passe l'été chez ses grands-parents à Tokyo. Elle voudrait les emmener revoir leur Corée natale où ils ne sont pas retournés depuis la guerre, il y a 50 ans. Le grand-père gère un Pachinko, un lieu très populaire et très fréquenté au Japon et en Corée, où sont entreposées des machines très bruyantes, sorte de flippers à billes. Le temps de les décider à faire ce voyage, Claire s'occupe de Mieko, une petite japonaise à qui elle apprend le français, étrange relation avec la mère qui est elle-même professeur de français et l'enfant à laquelle elle va s'attacher peu à peu.
C'est l'affrontement de plusieurs cultures, coréenne, nippone et européenne, la narratrice, comme l'auteure a une trentaine d'années et a du mal à faire coincider ses identités multiples. Roman de filiation qui explore avec art les liens rongés par l'histoire. Elisa Shua Dusapin excelle à décrire l'ambivalence propre aux relations familiales, les cruels malentendus qui vont pourtant de pair avec un attachement profond. Elle dépeint l'intériorité de ses personnages grâce à une écriture dépouillée, distanciée et pourtant sensorielle.
Il règne une chaleur moite, les appartements sont minuscules, manque d'intimité, manque de dialogues, difficultés de compréhension, tout concourt à rendre l'atmosphère étrange et empreinte d'une violence feutrée. Voyage en demi-teinte au pays du soleil levant.
Lectures partagées du 7 février 2019 à la Nouvelle Librairie,
9 participants.
* Le jour où la Durance de Marion Muller Colard - Gallimard, 2018
. La 1ère phrase du livre est « tout le monde n'a pas le don des larmes ». Bastien, lourdement handicapé, meurt à 37 ans, sa mère pendant les quelques jours qui suivent raconte le deuil, ses pensées les plus secrètes, la violence des sentiments et, quand les eaux de la Durance enflent sous une pluie diluvienne, ses souvenirs la ramènent aussi à la destruction du village de Savines.
* Jeu blanc de Richar Wagamese - 10/18, 2019
En cure de désintoxication, Saul Indian Horse a décidé de raconter son histoire : son enfance au cœur du Canada, bercée par les légendes et les traditions ojibwés, rythmée par la récolte du riz et la pêche ; son exil à huit ans avec sa grand-mère, suite à un hiver particulièrement dur ; son adolescence, passée dans un internat où des Blancs se sont efforcés d’effacer en lui toute trace d’indianité. C’est pourtant au cœur de cet enfer que Saul trouve son salut, grâce au hockey sur glace. Joueur surdoué, il entame une carrière parmi les meilleurs du pays. Mais c’est sans compter le racisme qui règne dans le Canada des années 1970, même au sein du sport national qui doit rester un jeu de blancs. Sur un sujet fort différent, un récit aussi fort, intense et bouleversant que l'était « les étoiles s'éteignent à l'aube »
* La traversée de Philippe Labro
L'auteur livre son expérience de « mort approchée » pendant 8 à 10 jours où il était en réanimation à l'hôpital, il retranscrit toutes les phases, il séquence les jours, les nuits, Proche des morts au début, il revoit des visages, des paysages, entre le rêve, le cauchemar et la réalité, il revient peu à peu vers la lumière et se concentre sur les éléments qui lui ont permis d'en sortir. Une belle leçon de vie.
* Mathématiques congolaises de In Koli Jean Bofane
Le livre se passe à Kinshasa, nous sommes en complète immersion dans cette ville bouillonnante, corrompue où les habitants doivent déployer des trésors d'inventivité pour survivre. Un jeune congolais, Célio Matématik qui connait bien des galères, rencontre un homme puissant qui l'embauche. Célio fait taire ses scrupules et arpente un temps les arcanes nauséabondes du pouvoir tout en conservant une certaine innocence. Célio garde précieusement un vieux manuel scolaire de mathématiques, retrouvé dans le sac de son père tué pendant une des guerres qui ravage le pays. C'est grâce à ce livre, à des théorèmes et des définitions que Célio cherche l'inspiration pour solutionner ses problèlmes et s'attacher à venger la mort suspecte de son ami, Baestro.
* La divine chanson d'Abdourahman A. Wabéri
C'est l'histoire du Bob Dylan noir, le chanteur, compositeur, poète, Gil Scott Heron, qui dans le livre prend le nom de Sammy l'enchanteur, racontée par un vieux chat roux, qui vit sa septième vie en compagnon et groupie du célèbre chanteur. On se promène entre la naissance du blues sur les rives du Mississipi jusqu'aux scènes internationales du jazz en passant par le maitre soufi du chat philosophe, l'engagement politique de Sammy, son influence sur les populations noires des ghettos, sur les grands musiciens de jazz, ses fulgurances, ses errances, ses succès, les dérives dues à la drogue, l'alcool, sa fierté, son refus de toute compromission. La divine chanson trace un parcours de vie peu connu qui mérite de se plonger à nouveau dans l'oeuvre de ce musicien de génie.
* La chambre des merveilles de Julien Sandrel
Couverture flashy à souhait. Ecriture facile mais roman plaisant à lire.
Louis a 12 ans, il vit à Paris avec sa mère Thelma qui est très occupée, tout le temps pen
Couverture flashy à souhait. Ecriture facile mais roman plaisant à lire.
Louis a 12 ans, il vit à Paris avec sa mère Thelma qui est très occupée, tout le temps penchée sur son téléphone portable, elle ne lui accorde pas d'attention. L'enfant déçu, fâché s'enfuit, se fait renverser par un camion, sombre dans le coma. Tout va basculer. Perturbée, la mère se fait licencier. Dans la chambre d'hôpital, elle trouve le « carnet des merveilles » de son fils dans lequel il a listé tout ce qu'il avait envie de faire. Thelma va les réaliser et lui raconter.
* Le monarque des ombres de Javier Cercas
Le Monarque des ombres retrace le parcours de Manuel Mena, grand oncle maternel de Javier Cercas, mort à 19 ans en 1938. Ce jeune homme, idéalisé, adoré par sa mère et sa famille, franquiste, phalangiste, une cause moralement indéfendable pour Javier Cercas, combattait du mauvais côté de l'histoire, victime d'une idéologie toxique. C'est dire s'il est l'incarnation du tabou familial, celui qui est probablement à l'origine de tous les romans de Cercas ; à commencer par Les Soldats de Salamine.
L'auteur met à jour les contrastes et les ambiguïtés, les causes de la guerre civile, les violences qu'elle a engendrées , s'interroge sur ceux qui furent franquistes " par action ou omission " , "foncer ou éclaircir les ombres"?
C'est une lumineuse réflexion philosophique sur la mémoire et l'héritage, l'héroïsme , la guerre, la vérité , l'exil.
* La seule histoire de Julian Barnes
Un premier amour, la seule histoire qui compte. Paul a 19 ans quand il rencontre, au cours d'un match de tennis, une femme de 30 ans plus âgée, Susan. C'est leur histoire, pas une passion, mais un amour total qui perdure. Ils vivent un moment ensemble, puis elle devient alcoolique. Que va faire Paul ? La construction est intéressante, 3 chapitres, 3 angles différents : je, tu, il.
* Aux animaux, la guerre de Nicolas Mathieu
Le titre est emprunté à un vers des Animaux malades de la peste des Fables de La Fontaine. C'est un roman noir qui se passe dans le Nord-Est de la France . La peste, c'est la désindustrialisation qui frappe les Vosges, le chômage, le RSA, plan social, déclassement qui attend les ouvriers victimes de la fermeture de leur usine qui délocalise ; Deux personnages principaux, Martel un délégué syndical à qui la situation désespérée fait prendre de mauvaises décisions et Rita une inspectrice du travail désenchantée mais profondément humaine.
* La transparence du temps de Léonardo Padura
Comme dans ses précédents romans, on retrouve l'enquêteur fétiche de Padura, Mario Conde qui broie du noir à l'approche de ses 60 ans. Il est appelé par un ami à résoudre le vol d'une vierge noire. Comme toujours chez Padura, l'enquête est prétexte à une recherche historique très poussée et se passe toujours au cœur de Cuba, description très précise et très noire de La Havane.
Lectures partagées du 10 janvier 2019 à la Nouvelle Librairie,
9 participants.
* Quand Dieu boxait en amateur de Guy Boley - Grasset, 2018
Deuxième opus après un premier roman éblouissant « fils du feu » qui avait rencontré un vrai succès médiatique. Celui-ci est plus intime, plus autobiographique avec toujours une belle prose poétique, frondeuse, émouvante, de l'humour, de la tendresse. L'auteur met en scène son père boxeur et forgeron et son ami d'enfance qui deviendra abbé. Mais c'est surtout la relation fils-père qu'il décrit avec beaucoup de sensibilité. Un père héros dans l'enfance, dont on se détache et se moque à l'adolescence et avec lequel on resserre les liens quand la fin est proche. Un vibrant hommage aux gens de peu...
* La saga de l'Amie prodigieuse d'Elena Ferrante - Gallimard
4 volumes qui retracent la vie sur plus de cinquante ans de deux amies d'enfance Lila et Elena,qui, nées toutes deux dans un quartier pauvre de Naples auront des destins bien différents. Histoire d'une amitié, d'une possession et d'une émancipation. Histoire d'école., d'éducation, d'une accession au savoir, histoire d'une libération, du passage de l'enfance à l'adolescence. Histoire de deux femmes. Histoire des femmes. Egalement pour l'auteur, l'occasion d'une étude sociologique et politique de l'Italie avec une foule d'autres personnages très fouillés. Les avis sont partagés sur ces livres, certains ont adoré, ont dévoré les 4 livres à la suite, d'autres ont laissé tomber dès le premier tome.
* Les Bourgeois d'Alice Ferney - Actes Sud, 2017
C'est toute l'histoire du vingtième siècle, revue à l'aune de quatre générations d'une famille aisée, appartenant à la bourgeoisie. Outre une analyse intéressante de l'histoire des conflits qui ont marqué ce siècle passé, de la grande boucherie de 14-18, à la guerre d'Algérie longtemps pudiquement évoquée comme « les événements » , en passant par la seconde guerre mondiale et la guerre d'Indochine, on mesure l'impact de ces événements sur les vies individuelles et l'évolution de la vie familiale.
* Sorcières de Mona Chollet - Zones, 2018
En explorant l'histoire des chasses aux sorcières, notamment à partir des analyses des féministes actuelles, Mona Chollet recherche les origines de la stigmatisation qui touche aujourd'hui les femmes indépendantes, les femmes célibataires, les femmes sans enfants, en particulier celles qui prétendent vouloir contrôler leur fécondité, les femmes âgées et celles qui assument tôt les signes de vieillissement. Elle brise les symboliques misogynes liées aux sorcières et les renverse en faisant surgir une puissance positive : « La sorcière incarne la femme affranchie de toutes dominations, de toutes limitations ; elle est un idéal vers lequel tendre, elle montre la voie. »
* Soudain seuls d'Isabelle Autissier - Le livre de poche, 2016
Ce livre avait été sélectionné par Littera en 2016.
Un jeune couple Louise et Ludovic décident de partir faire un tour du monde en bateau. Sur leur route entre la Patagonie et le Cap Horn, se trouve une petite île, qu'un de leurs amis leur décrit comme un petit paradis. Cette île a autrefois abrité une base baleinière, mais maintenant elle est devenue une île déserte, une réserve pour tous les animaux. Le jeune couple attiré par la description que leur a fait leur ami alpiniste, brave l'interdit et s'arrête sur l'île. La tempête va les couper du monde. Soudain, seuls, ils vont se confronter à la nature dans le plus grand dénuement. Isabelle Autissier nous conte la confrontation de deux personnes qui s'aiment et qui se retrouvent hors de leur culture dans des conditions extrêmes. Avec beaucoup de finesse elle nous fait suivre le cheminement de Louise dans cette lutte pour la vie.Dans une dernière partie, l'auteur nous décrit le difficile retour à une civilisation médiatique où la réalité n'a pas toujours sa place. Comment vivre après ?
* Dans la forêt de Jean Hegland - Gallmeister, 2017
Roman que l'on pourrait qualifier d'anticipation écologique paru en 1996 aux Etats Unis et fort heureusement pour nous traduit et réédité par Gallmeister en 2017.
Rien n’est plus comme avant : le monde tel qu’on le connaît semble avoir vacillé, plus d’éléctricité ni d’essence, les trains et les avions ne circulent plus. Des rumeurs courent, les gens fuient. Nell et Eva, dix-sept et dix-huit ans, vivent depuis toujours dans leur maison familiale, au cœur de la forêt. Quand la civilisation s’effondre et que leurs parents disparaissent, elles demeurent seules, bien décidées à survivre. Il leur reste, toujours vivantes, leurs passions de la danse et de la lecture, mais face à l’inconnu, il va falloir apprendre à grandir autrement, à se battre et à faire confiance à la forêt qui les entoure, emplie d’inépuisables richesses. Un roman puissant sur la relation entre les deux sœurs, leur faculté à survivre, à apprendre l'une de l'autre, à s'opposer pour mieux grandir, à apprivoiser la nature jusque là considérée comme sauvage et qui sera peut-être leur salut. Beaucoup d'interrogations, un livre prémonitoire s'il en est, qui est d'une brûlante actualité face au dérèglement climatique et aux sombres prévisions environnementales.
* Le messie du Darfour d'Abdelaziz Baraka Sakin - Zulma, 2016
C'est l'histoire d'une femme Abderahman, portant un prénom masculin qui va apprendre à devenir une guerrière pour venger les siens et elle-même contre les crimes orchestrés par les janjawids. Afin de réussir sa mission, elle sera aidée de Shiriki et d'Ibrahim, deux soldats qui ont été enrôlés de force dans l'armée. Leurs méthodes seront néanmoins différentes, certains ne pensent qu'à se venger, d'autres ne veulent pas prendre les armes et pronent la force du Verbe et de l'Amour. Magnifiquement écrit mais le fil conducteur peut dérouter certains lecteurs avec les nombreux flashbacks. Ils sont pourtant nécessaires afin de mieux cerner la réalité du présent, connaître le passé où l'esclavage était une pratique plus que courante... Et heureusement que l'auteur a l'âme d'un poète parce que la dureté des descriptions est sans appel. Exactions, viols, tortures et ce paradoxe troublant d'un mercenaire Janjawid capable des pires atrocités mais qui se met à pleurer si un compagnon meurt sous ses yeux... Si les derniers chapitres apportent un message d'espoir autour de la magie du Verbe, les cicatrices restent à vif face à la haine rampante et le fanatisme religieux. Ce roman nous plonge au cœur des conflits ethniques du Soudan. La construction narrative avec un aller-retour entre des époques différentes nous montrent les racines du mal qui rongent le pays. On se croirait au Moyen Age alors que les situations décrites ont eu lieu dans les années 2000 et perdurent mais, face aux horreurs, à la barbarie, il y a l'humour de l'auteur. Une belle découverte.
Prix LITTÉRATURE MONDE 2017
Prix du Livre engagé de la Cène Littéraire 2017
Prix du Livre d'humour de résistance 2016
Lectures partagées du 6 décembre 2018 à la Nouvelle Librairie,
12 participants.
* Marx et la poupée - Maryam Madjidi - Le Nouvel Attila, 2017
Un beau premier roman qui parle avec poésie, humour et émotion de l'exil. L'exil d'une petite fille de 6 ans qui quitte l'Iran pour la France avec ses parents communistes. C'est un récit tout en délicatesse où la réalité se transforme en conte, une construction qui n'est ni linéaire, ni chronologique mais fait des allers retours d'un pays à l'autre, de la gravité à la légèreté, à la rencontre d'une langue oubliée, d'une grand-mère adorée et d'une identité et d'une langue à redécouvrir.
* Six fourmis blanches - Sandrine Colette - Poche, 2016
D'un côté, un jeune couple qui gagne un voyage, un trekking à la découverte des belles montagnes enneigées d'Albanie. Ils se retrouvent avec un groupe de six personnes et un beau guide pour les accompagner, de l'autre Mathias, un sacrificateur respecté et connu pour apaiser les mauvais esprits de la montagne... Tout paraît idyllique au début mais le lecteur est rattrapé par les croyances ancestrales, une présence maléfique et indéfinissable, la tension monte au fil des pages. Etonnant roman noir, sombre et fascinant.
* Zen de Maxence Fermine - Michel Lafon, 2015
Chaque jour, de l'aube au crépuscule, Maître Kuro pratique l'art subtil de la calligraphie. Pendant de longues heures, dans un recueillement proche de la plénitude, il reste agenouillé devant un rouleau de papier de riz et le couvre d'encre noire. Poésie et méditation.
* Les noces barbares - Yann Queffélec- Gallimard, 1987
Fruit d'une alliance barbare et d'un grand amour déçu, Ludovic, enfant haï par sa trop jeune mère — Nicole — et ses grands-parents, vit ses premières années caché dans un grenier. La situation ne s'arrange guère après le mariage de Nicole avec Micho, brave et riche mécanicien qui cherche à protéger Ludovic. Hantée par ses amours brisées, sombrant dans l'alcoolisme et méprisant son mari, la jeune femme fait enfermer son fils dans une institution pour débiles légers. Mais Ludovic est loin d'être le crétin qu'on suppose. Il ne cesse de rêver à sa mère qu'il adore autant qu'il la redoute. Même une première expérience amoureuse ne parvient pas à l'en détourner. Son seul but, son unique lumière : la retrouver. S'enfuyant un soir de Noël, il trouve refuge sur la côte bordelaise, à bord d'une épave échouée, écrit des lettres enflammées qui restent sans réponse. Et c'est là que va se produire entre Nicole et son fils une scène poignante et magnifique de re-connaissance mutuelle. Prix Goncourt 1985
* La chance de leur vie d'Agnès Desarthe - L'Olivier, 2018
Hector, Sylvie et leur fils Lester s'envolent vers les États-Unis. Là-bas, une nouvelle vie les attend. Hector a été nommé professeur dans une université de Caroline du nord. Très vite, son charisme fait des ravages parmi les femmes qui l'entourent. Fragile, rêveuse, Sylvie n'en observe pas moins avec lucidité les effets produits par le donjuanisme de son mari, tandis que Lester qui se fait appeler Absalon, devient le guide d'un groupe d'adolescents qui, comme lui, cherchent à donner une direction à leurs élans. Pendant ce temps, des attentats meurtriers ont lieu à Paris. Dans ce roman la France est vue à distance, comme à travers un télescope, chacun demeure étranger à son propre destin, jusqu'à ce que la vie se charge de lui en révéler le sens.
* Si belle mais si morte - Rosa Mogliasso - Points policiers 2018
Un chemin sur la berge d’un fleuve. Ils sont nombreux à l’emprunter chaque matin : une jeune femme y promène son chien, un couple de lycéens s’y cache pour sécher les cours, un clochard y traîne sa folie, un jeune boulanger aime y méditer. Mais ce jour-là, au bord de l’eau, une femme aux escarpins rouges est allongée. Morte. Tous passeront devant elle, tous la verront, aucun n’interviendra. Personne n’appellera la police, personne n’en parlera. Ils ont tous d’excellentes raisons de l’ignorer et de tenter de se convaincre qu’un autre s’en chargera.
Mais il n’est pas si facile de vivre avec cette lâcheté, cette indifférence, cet égoïsme. Chez chacun d’eux, la confrontation avec la belle morte causera un séisme intime. Et leur vie s’en trouvera radicalement changée.
* Un océan, deux mers, trois continents - Wilfried N'Sondé - Actes Sud, 2018
Il s'appelle Nsaku Ne Vunda, il est né vers 1583 sur les rives du fleuve Kongo. Orphelin élevé dans le respect des ancêtres et des traditions, éduqué par les missionnaires, baptisé Dom Antonio Manuel le jour de son ordination, le voici, au tout début du XVIIe siècle, chargé par le roi des Bakongos de devenir son ambassadeur auprès du pape. En faisant ses adieux à son Kongo natal, le jeune prêtre ignore que le long voyage censé le mener à Rome va passer par le Nouveau Monde, et que le bateau sur lequel il s'apprête à embarquer est chargé d'esclaves. Roman d'aventures et récit de formation, Un océan, deux mers, trois continents plonge ce personnage méconnu de l'Histoire, véritable Candide africain armé d'une inépuisable compassion, dans une série de péripéties qui vont mettre à mal sa foi en Dieu et en l'homme. Tout d'ardeur poétique et de sincérité généreuse, Wilfried N'Sondé signe un ébouriffant plaidoyer pour la tolérance qui exalte les nécessaires vertus de l'égalité, de la fraternité et de l'espérance. ..
* Le monde d'hier de Stefan Zweig - Poche, 1996
Le monde d’hier, c’est la Vienne et l’Europe d’avant 1914, où Stefan Zweig a grandi et connu ses premiers succès d’écrivain, passionnément lu, écrit et voyagé, lié amitié avec Freud et Verhaeren, Rilke et Valéry… Un monde de stabilité où, malgré les tensions nationalistes, la liberté de l’esprit conservait toutes ses prérogatives. Livre nostalgique ? Assurément. Car l’écrivain exilé qui rédige ces «souvenirs d’un Européen» a vu aussi, et nous raconte, le formidable gâchis de 1914, l’écroulement des trônes, le bouleversement des idées, puis l’écrasement d’une civilisation sous l’irrésistible poussée de l’hitlérisme.
Rédigé en 1941, alors que, émigré au Brésil, Stefan Zweig avait déjà décidé de mettre fin à ses jours, Le Monde d'hier est l'un des plus grands livres-témoignages de notre époque. Zweig y retrace l'évolution de l'Europe de 1895 à 1941, le destin d'une génération confrontée brutalement à l'Histoire et à toutes les "catastrophes imaginables". Chroniqueur de l'Âge d'or européen, Zweig évoque avec bonheur sa vie de bourgeois privilégié dans la Vienne d'avant 1914 et quelques grandes figures qui furent ses amis : Schnitzler, Rilke, Romain Rolland, Freud ou Valéry. Mais il donne aussi à voir la montée du nationalisme, le formidable bouleversement des idées qui suit la Première Guerre Mondiale, puis l'arrivée au pouvoir d'Hitler, l'horreur de l'antisémitisme d'État et, pour finir, le «suicide de l'Europe.» «J'ai été témoin de la plus effroyable défaite de la raison» écrit-il.
* Le jour d'avant - Sorj Chalendon - Grasset, 2017
Venge-nous de la mine », avait écrit mon père. Ses derniers mots. Et je le lui ai promis, poings levés au ciel après sa disparition brutale. J’allais venger mon frère, mort en ouvrier. Venger mon père, parti en paysan. Venger ma mère, esseulée à jamais. J’allais punir les Houillères, et tous ces salauds qui n’avaient jamais payé pour leurs crimes.
En 1974, Michel Flavent est adolescent, son père Jean est cultivateur, son frère Joseph abandonne son métier de mécanicien pour celui de mineur. Joseph va travailler à la fosse Saint-Amé à Liévin, mine qui fera la Une le 27 décembre 1974 lorsque 42 mineurs périront à cause d'un coup de grisou laissant des familles dévastées et une ville en colère car la catastrophe aurait pu être évitée. Michel veut faire payer les responsables. Il y aura procès et des retournements de situation inattendus. . Il y a plusieurs lectures, une histoire de fraternité, d'identité, de traumatisme, de culpabilité, avec omniprésente la mine qui détruit tous ceux qu'elle a séduit car les mineurs sont fiers aussi d'y travailler. Roman humain, sociologique, psychologique, très émouvant.
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Lectures partagées du 8 novembre 2018 à la Nouvelle Librairie,
13 participants.
* Chien Loup de Serge Joncour, Flammarion, 2018
Confrontation de deux mondes, deux périodes. On navigue entre deux époques : 1914 et 2017. En 1914, dans un village du Quercy, Orcières, on découvre la vie des femmes au labeur à la ferme pendant que les hommes partent à la guerre, les animaux réquisitionnés qu'elles doivent essayer de sauver pour survivre. En 2017, dans ce même lieu, un couple de Parisiens emménage dans une maison isolée, inacessible sans Wifi où a vécu 100 ans auparavant un dompteur de lions. Dans cette nature sauvage, un chien loup rode.
* 3 femmes puissantes de Marie N'Daye, Gallimard, 2009
3 récits, trois femmes qui toutes ont été blessées, brimées, des chemins de vie difficiles, il est question de famille, de père, de mari, de fils, de vie brisée, de différence de culture. La langue de Marie N'Daye est magnifique et exigeante.
* Magnus de Sylvie Germain, Folio Gallimard, 2007
Dans une langue très poétique, Sylvie Germain raconte la quête d'identité d'un petit garçon allemand amnésique qui ne veut pas se séparer de son ours brun, Magnus.
* La danse des vivants d'Antoine Rault, Poche, 2018
Un jeune homme se réveille dans un hôpital militaire, en 1918. Amnésique, il ne sait pas qui il est. Il est cultivé, parle le français, le russe et l'allemand. Il va être conditionné et envoyé en Allemagne comme espion . Il devient la marionnette des services secrets français. Pris au piège dans cette existence qui n'est pas la sienne, perdu dans ce monde de violence, où la guerre, le pouvoir, la fierté patriotique imbécile, les idéologies stupides, ont remplacé les vraies valeurs. L'auteur restitue parfaitement cette Europe ravagée de l'entre-deux-guerres. Des hommes et des femmes dont le destin a été kidnappé par la guerre. Cette guerre orchestrée par des hommes de pouvoir arrogants, bien à l'abri derrière leurs bureaux. Un roman historique captivant, qui démontre toute l'absurdité de la guerre.
* Une très légère oscillation de Sylvain Tesson, Editeur Des Equateurs, 2017
Journal intime post traumatisme de Sylvain Tesson, aphorismes, réflexions, sentiments, regard lucide sur l'actualité, la vie, la mort, un condensé de fulgurances littéraires.
* Le voyant de Jérôme Garcin, Folio, 2016
Réhabilitation de Jacques Lusseyran qui est devenu aveugle à huit ans, résistant à 17, marié trois fois et mort à 45 ans après une vie faite d'aventures, d'amour, de voyages, d'engagements, une sommité en Amérique, presque méconnu en France, un destin exceptionnel que Jérôme Garcin restitue avec une grande sensibilité et une empathie communicative.
* L'affaire Furtif de Sylvain Prod'homme, réédition Gallimard, 2018
Au début, un voilier prend la fuite au départ de Lisbonne avec 5 personnes à bord. Il se dirige vers un archipel, une seule personne est déposée sur chaque ilôt. Il y a la poursuite, l’effervescence, les hélicoptères, la surenchère des médias, les questions des politiques, les rebondissements de l’enquête, le bazooka de Bob Laventure, une mort violente, Puis c’est l’oubli et dix années passent. Des traces des passagers du Furtif réapparaissent. Que sont-ils devenus ? … ..
* Travaux de Georges Navel, Éditions Stock, 1945 - Folio, 1979
Livre préfacé par Paul Géraldy qui a convaincu l'auteur de témoigner sur sa vie d'ouvrier, de journalier. Il raconte avec des mots simples empreints de poésie matinée de sagesse, d'une certaine philosophie de l'existence, une tendresse pour les hommes, la nature, une appétance pour le geste, le travail bien fait, sans que soit occultée la dureté des travaux, un livre profondémment humain.
À sa parution, Travaux connut un réel succès, et Michel Ragon, vingt ans plus tard dans son Histoire de la littérature prolétarienne de langue française, écrira que Travaux est très certainement l’un des plus beaux livres, l’un des plus émouvants de la littérature ouvrière ».
Merci à la lectrice qui nous a permis de redécouvrir ce livre...
* Souvenirs de la marée basse de Chantal Thomas, Le Seuil, 2017
Un roman en demi teinte, demi ton, sur le fil de la nostalgie douce et joyeuse, un portrait de femme, Jackie, la mère de l'auteure qui n'avait l'air vraiment vivante que par son rapport fusionnel avec la mer, l'océan, un élément indispensable, seul capable de l'éloigner de la mélancolie. On suit les souvenirs qui arrivent par vagues, une petite musicalité marine accompagne tout le récit.
* Les loyautés de Delphine de Vigan, JC Lattès, 2018
Un livre choral, chaque chapitre est consacré à un des quatres personnages de ce livre : Théo un jeune ado de 12/13 ans qui vit mal la garde alternée, sa professeure de sciences, Hélène qui repère très vite son malaise ayant eu, elle même, à subir des maltraitances familiales, et cherche à l'aider, Mathis, l'ami inséparable de Théo et Cécile, sa maman qui n'approuve pas cette amitié. Quel rôle joue l'école ? Qui est le plus adulte ? Beaucoup de questionnement sur des sujets graves et tellement d'actualité.
* Loki 1942 de Pierre Benghozi, Serge Safran éditeur, 2017
Hiver 1942, la Norvège subit l’occupation nazie et entre en résistance. En représailles à un attentat contre 5 militaires, les Allemands enferment toute une nuit une institutrice et ses 5 plus mauvais élèves et menacent de condamner à mort 5 d’entre eux. Pour que le seul survivant puisse contacter le réseau, les cancres vont devoir apprendre par cœur un poème de l’ « Edda poétique » : « Les invectives de Loki », extrait du « Codex Régius », un des trésors de la culture viking, conservé à la bibliothèque royale de Copenhague. Ces vers contiennent un message caché que seul un résistant peut comprendre.
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Lectures partagées du 4 octobre 2018 à la Nouvelle Librairie
9 participants.
Je n'ai pas dansé depuis longtemps - Hugo Boris - Belfond, 2010
En 1991, Ivan décolle de Baïkonour, avec deux autres cosmonautes, pour rejoindre la station Mir. Il est le premier homme qui doit passer plus de 400 jours en orbite. Avec une foule de détails, Hugo Boris nous fait vivre cette "expérience" (le mot convient tout à fait : Ivan n'est qu'un cobaye dont le rôle est de montrer quelles conséquences un long séjour en apesanteur peut avoir sur l'organisme). Ces détails concernent tout autant la technique que les bouleversements physiologiques. Hugo Boris s'est documenté scrupuleusement, en allant, notamment, interroger des cosmonautes à la Cité des Etoiles près de Moscou. Cela nous permet d'être vraiment immergés dans cette vie, loin de tout repère, de devenir nous-même Ivan, de souffrir comme lui de tous ces changements physiques. Pour lui, le Soleil se lève et se couche seize fois par jour. Au fil du temps, il perd le sommeil, l’odorat, le goût, sa colonne ne le porte plus, sa raison vacille et tout se joue sous l'oeil de Moscou...
Présentation d'Hugo Boris et de ses autres livres :
Police - Hugo Boris - Pocket,2017 :
Un soir d’été caniculaire, Virginie, Érik et Aristide font équipe pour une mission inhabituelle : reconduire un étranger à la frontière. Mais Virginie, en pleine tempête personnelle, comprend que ce retour au pays est synonyme de mort. Au côté de leur passager tétanisé, toutes les certitudes explosent. Jusqu’à la confrontation finale, sur les pistes de Roissy-Charles-de-Gaulle, où ces quatre vies s’apprêtent à basculer.
Le baiser dans la nuque - Hugo Boris - Belfond, 2005 :
Bientôt Fanny sera sourde. Bientôt elle n'entendra plus les pleurs des enfants qu'elle aide à mettre au monde. Pourtant, avant que le silence ne se referme sur sa vie, la jeune femme décide de prendre des cours de piano avec Louis qu'elle a croisé à la maternité. Un homme solitaire et secret, doux et blessé. Au fil des leçons, une complicité pudique s'installe entre eux. Peu de mots, quelques gestes, des regards, et puis la musique. Pour affronter et surmonter la maladie, qui progresse, mais aussi, surtout, pour se soutenir mutuellement.
Trois grands fauves - Hugo Boris - Belfond, 2013
Le portrait de trois prédateurs. Danton, Hugo et Churchill. Trois héros qui ont en commun d’avoir été confronté très tôt à la mort, d’avoir survécu et d’y avoir puisé une force dévorante. Trois survivants qui ont opposé leur monstruosité à la faucheuse. Trois grands fauves, ou comment défier la mort en trois leçons. Trois portraits fragmentés et subjectifs, raccourcis saisissants d’une vérité qui échappe aux historiens. Une filiation imaginaire se tisse entre les personnages, dessinant une figure nouvelle. Qu’est-ce qu’un grand homme? où est son exception?
Volia Volnaia - Victor Remizov - Belfond, 2017
Nous sommes dans le grand Est de la Russie, en Sibérie, dans la presqu'île de Rybatchi, au bord de la mer d'Okhotsk, très, très loin de Moscou, les domaines de chasse et de pêche sont à l'image de cette nature sauvage et préservée, un immense territoire de liberté pour les hommes et les femmes qui y vivent, chacun possède près de 80 000 hectares pour chasser l'ours, l'élan ou la zibeline, pêcher les œufs de saumon, pratiquer l'orpaillage, toutes pratiques illégales mais personne n'est très regardant et il faut bien vivre, tous ces petits trafics sont couverts par les autorités locales qui ferment les yeux tout en encaissant des pots de vin qui agrémentent leur solde.
Tous vivent, si ce n'est en harmonie, du moins en bonne intelligence, les homme sont grands, forts, durs au mal, résistants au froid, tous ont un point commun, leur amour pour cette taïga glaciale et grandiose et n'oublient jamais de sceller un accord ou refaire le monde autour d'une bouteille de vodka..
Un jour, un incident minime perturbe ce fragile équilibre, un homme en a assez de courber l'échine, de donner une partie de son labeur, un policier fait du zèle, un coup de feu part et la machine bien huilée s'enraye et tous s'étonnent ensuite de n'avoir rien pu faire pour éviter l'escalade. Police locale, escadron de forces spéciales venu de Moscou, fugitif et chasseurs se trouvent pris dans une chasse à l'homme éprouvante et disproportionnée. Tout dérape et chacun est amené à réfléchir sur ce qu'il convient de faire.
A son image - Jérôme Ferrari - Actes Sud, 2018
Ce somptueux roman en forme de requiem pour une photographe défunte est aussi l'occasion d'évoquer le nationalisme corse, la violence des guerres modernes et les liens ambigus qu'entretiennent l'image, la photographie, le réel et la mort.
La jeune femme, Antonia, dont on célèbre les funérailles était une jeune journaliste intéressée surtout par la photographie. Son oncle, un séminariste n'ayant pas vraiment la foi, lui offre son premier appareil et doit maintenant prononcer son éloge funèbre. Livre mystique, philosophique, bien écrit, a la particularité, en chaque tête de chapitre, de présenter une photo que l'on ne voit pas...
Boréal - Sonja Delzongle - Denoël, 2018
Huit scientifiques partent au Groënland pour étudier le réchauffement climatique, leur personnalité est très fouillée. Une nuit, ils découvrent des centaines de cadavres de bœufs musqués prisonniers du permafrost devenu un immense cimetière. Pour comprendre l'origine de cette hécatombe, le chef de la mission fait appel à Luv Svendsen, spécialiste de ces phénomènes. Empêtrée dans une vie privée compliquée, et assez soulagée de pouvoir s'immerger dans le travail, Luv s'envole vers le Groenland. Ils sont maintenant neuf hommes et femmes, isolés dans la nuit polaire. Le lendemain a lieu la première disparition. Thriller comportant de nombreux pièges, accidents, disparitions, phénomènes incompréhensibles, questionnement sur les expériences scientifiques dont les conséquences sont actuelles.
Le rouge vif de la rhubarde - Audur Ava Olafsdottir - Zulma, 2018
Conçue dans un champ de rhubarbe, venue au monde sur le siège arrière d'une Moskvitch, Ágústína n'a pas les jambes suffisamment fortes pour la soutenir. Pourtant, elle rêve de gravir la montagne qui domine son petit village islandais. 844 mètres qui sembleraient inaccessibles à toute autre que cette adolescente encouragée par l'amour inconditionnelle de Nina qui l'élève comme sa fille depuis que sa mère est partie observer les oiseaux quelque part en Afrique.
Premier roman de l'auteure de « Rosa Candida » qui porte en lui toutes les qualités propres à son écriture : la simplicité des situations, la poésie et la douceur, des personnages un peu décalés et la splendide nature islandaise