Paul va chercher sa petite fille Marion à la sortie de l’école ; elle quitte cette école pour toujours. Tous deux reviennent vers leur maison devant laquelle se trouve un camion de déménagement. Peu après arrive Clément le garçon, l’aîné. Ils quittent leur maison pour aller s’installer à Saint Malo où Paul a passé son enfance et où il va retrouver son frère et sa belle-sœur. Un drame a anéanti cette famille : Sarah, la mère des enfants, n'est plus là : elle a disparu un jour, sans aucune explication et sans donner de nouvelles depuis.
Paul et les enfants sont détruits : rien ne peut colmater leur blessure. Clément, le garçon rieur et plein de vie avant, se mure maintenant dans le silence. Manon, la petite fille, pleure souvent en réclamant sa maman et fait d'horribles cauchemars. Quant à Paul, il se sent impuissant et le désespoir ne le quitte guère : il ne trouve pas à St Malo la seconde chance qu’il croyait y trouver.
"Non je ne m'en sortais pas, ici j'avais cru trouver un second souffle, un répit, mais le poids était trop lourd, chaque jour apportait son lot d'emmerdes, me cassait le dos, me brisait les membres. Quant aux enfants, je ne savais plus quoi faire, ils se contrôlaient mais au fond ils étaient détruits. Quelque chose en eux s'était brisé que rien ne pourrait jamais réparer. On n'y pouvait pas grand chose, les marges de manœuvre se réduisaient de jour en jour et il fallait se résigner à se tenir auprès d'eux, à les accompagner le moins mal possible, à leur apprendre à marcher avec un trou dans le cœur et du vent dans la poitrine".
Ce sont ses enfants qui lui permettent de tenir le coup, il a pour eux un amour infini et Olivier Adam sait trouver les mots pour parler de cet amour.
Olivier Adam a aussi beaucoup de talent pour décrire la mer, qui joue un rôle important :
la mer refuge qui console, qui apaise, qui gronde, qui accueille quand la douleur est telle que plus rien ne peut vous atteindre, qui lave des souvenirs douloureux :
"J'ai marché vers le large et c'était comme s'enfoncer dans la nuit pour ne plus jamais revenir. Tout sentait la pluie, l'iode et la terre gelée. Sarah se tenait là, invisible et mouillée, je sentais sa présence auprès de moi, sa main dans mon cou, ses doigts frigorifiés qui jouaient sur mon ventre. L'escalier plongeait dans le vide, le vent sifflait dans les herbes accrochées à rien. J'avançais vers des flots invisibles et perdus dans le ciel noir, le ventre tordu et la poitrine serrée dans un étau. Il s'est mis à pleuvoir, des gouttes lourdes comme des balles, je me suis laissé trouer, transpercer, je me suis laissé laver de fond en comble, jusqu'à ce que Sarah s'en aille, son visage et son corps, et l'empreinte que creusait son absence".
"Des vents contraires" est un très beau roman où le désespoir voisine avec la tendresse, où les personnages sont capables de réagir pour contrer la douleur de ceux qu'ils aiment : "Je l'ai prise dans mes bras. Je ne savais plus que faire. Les mots manquaient, ne restaient plus que les gestes". Paul ne sait plus qu'ouvrir les bras pour que Manon vienne s'y blottir. " Manon a déboulé dans mes pattes et ses yeux brillaient comme du quartz, on aurait dit qu'elle venait de pleurer. J'ai préféré ne rien remarquer, elle s'est pendue à mon cou sans rien dire, un vrai petit singe, elle me serrait comme si un océan nous avait séparés des journées entières, laissés sans nouvelles l'un de l'autre".
Une fois de plus Olivier Adam a réussi un roman où il parle avec beaucoup de talent de personnes écorchées vive, de personnes en perdition, prêtes à s’effondrer, pour lesquelles il a une réelle empathie. Il est au plus près des émotions de ses personnages et son écriture très maîtrisée traduit tout cela : souvent des phrases brèves, haletantes, une écriture dépouillée, des absences de ponctuation pour rendre les sentiments, traduire la tristesse ou même des instants de bonheur. Il utilise un vocabulaire très réaliste, quasi pictural pour décrire le paysage et en rendre l’atmosphère.