Entre humour corrosif et inquiétantes pensées criminelles, Valet de pique nous fait entrer dans le cerveau quelque peu perturbé d’Andrew, un auteur de romans policiers connu et plutôt classique et convenu. Andrew mène une vie tranquille et sans problèmes dans une petite ville du New Jersey, sa femme le laissant avec discrétion dans son monde de cachotteries et de silences. Un écrivain a bien le droit d’avoir des secrets, non ? Mais bientôt, les apparences se fissurent : Andrew a une double vie. Il cache un aspect de lui-même trouble et violent, en publiant sous un nom d'emprunt, le fameux Valet de pique, des romans noirs et pervers. Vie tranquille et bien réglée d’un côté, vie cachée et sulfureuse de l’autre, jusqu’au jour où cet équilibre entre deux vies, deux œuvres, deux personnalités se fragilise pour finalement exploser quand Andrew, l’auteur à succès, est accusé de plagiat, et quand, au sein de sa propre famille surgissent doutes et questionnements. Sa femme et sa fille deviennent des éléments menaçants, qui vont réveiller chez Andrew, de plus en plus perturbé et incohérent, des fantômes du passé qu'il pensait avoir définitivement oubliés. Réveiller aussi la voix de plus en plus insistante et terrifiante du Valet de pique :
« Comme si le Valet de Pique était venu se tapir dans un coin de ma vie, contre mon gré, attirant toute la lumière à lui, et en lui, à la façon d'un trou noir. »
Une histoire machiavélique et prenante, un thriller magistral de Joyce Carol Oates, efficace, inquiétant, drôle aussi, jouant brillamment sur les références à Stevenson, Poe ou Stephen King, écornant le monde de la création et de l’édition, des collectionneurs de livres…
Un roman dans lequel la folie rôde, prête à exploser à tout moment et qui éclaire les forces noires manipulant la conscience d'un auteur à succès, entraînant le lecteur hypnotisé sur une mince ligne de crête séparant génie et folie.
(Présentation : Simone Delorme)