Nous sommes à Saint Pétersbourg, à la veille des commémorations du tricentenaire, en 2003. Les travaux ont envahi la ville, des travaux de ravalement des façades. La guerre de Tchétchénie fait rage, cette guerre qui demande toujours plus de soldats pour aller vaincre le pays rebelle. Ce sont les mères de soldats qui sont les héroïnes du livre.
Les premières mères que nous rencontrons sont celles qui viennent au "Comité des Mères des Soldats", un organisme créé pour aider les mères qui ne veulent pas que leurs fils rejoignent les rangs de l'armée russe, connue pour ses atrocités. Elles étaient en proie à une sorte de folie. Elles se consacraient à sauver leurs fils. Sauver était ce qui les faisait vivre. Aussi longtemps qu'elles étaient des mères, elles ne pouvaient pas mourir".
Il y a d'abord Marina, responsable du comité, qui a vu son fils Pavel partir à la guerre et qu'elle est allée arracher aux milices tchétchènes qui l'avaient enlevé.
Zainap elle, est une grand-mère tchétchène, qui a vu mourir son mari et son fils, et qui va user de toutes les ruses possibles pour sauver son petit-fils Rouslan, en le faisant passer en Russie. La grand-mère disparue, Rouslan n'aura de cesse de retrouver sa mère qui l'a abandonné à l'âge de deux mois.
Andreï lui, a été chassé de chez lui par son beau-père qui l'a obligé à faire son service miluitaire, sous prétexte qu'il endurcit les gens et forge le caractère. Et sa mère a laissé faire, sachant que dans l'armée sa vie allait devenir un enfer : une vie faite d'humiliatiopns, de coups, de représailles et de pratiques abjectes et plus avilissantes les unes que les autres. Sa mère sera-t-elle enfin capable d'amour et d'abnégation pour sauver son fils ?
Les trajectoires de Rouslan et Andreï vont se croiser pour vivre une histoire où amour, violence et peur vont s'entremêler mais dans de telles circonstances, l'amour peut-il être une réponse ? Il ne semble pas y avoir d'échappatoire. L'amour des mères peut-il empêcher le piège de se refermer ? Peut-il faire que les enfants ne soient plus des victimes expiatoires dans un monde en folie ?
Et quel espoir peut-il subsister quand les mères sont coupables, coupables d'avoir abandonné leur enfant, de ne pas l'avoir protégé et de ne plus le connaître ?
Comment renouer les liens ?
Et cette chimère qui arrive à la fin du roman et qu'il faut tuer parce que porteuse de mauvais augure, ne serait-elle pas le symbole des rêves impossibles et de toutes nos illusions ?
Présentation : Anne-Marie Smith