Kostia, jeune soldat russe revenu de Tchétchénie, a le visage brûlé après l 'attaque de son char. Il est défiguré et fait peur aux enfants. Ainsi, Olga, sa voisine l'appelle - t - elle lorsque son fils ne veut pas aller au lit. Pour oublier, il se met à boire comme seuls les Russes savent le faire…à mort.
Son enfance a été marquée par le départ de son père qui l'a laissé seul avec sa mère. Marquée aussi par l'influence du directeur de son école, peintre raté et gros buveur de vodka qui lui a appris deux choses : boire de la vodka et regarder le monde pour le peindre. Il est vrai que l'enfant a du goût pour le dessin.
Après avoir plongé dans le néant éthylique, il mettra en pratique la deuxième leçon de son maître : apprendre à voir, donc à dessiner, donc à vivre.
Récit haletant, style très sobre, mêlant le présent, le passé récent et douloureux en Tchétchénie avec des flash-back de son enfance.
A.Guelassimov est né à Irkoutsk, en 1965. A fait des études de lettres et du théâtre à Moscou. La Soif est son deuxième roman.
Quelques extraits :
-page 9 : " Je ne vais pas réussir à caser toute la vodka dans le frigo. J'avais d'abord essayé de poser les bouteilles debout, puis je les avais couchées les unes sur les autres…Mais je n'avais plus de place pour les 10 dernières. "
-page41 : " Le directeur m'avait dit de ne pas abandonner le dessin. Sinon il reviendrait m'arracher la tête ou plus exactement la caboche… "
-page 123 : " On roulait. Et je dessinais. J'avais même plus de plaisir à dessiner qu'à regarder. Je voulais que le monde entier reste sur ma feuille… "
-page130 : " En me voyant, le gamin courut immédiatement dans sa chambre. - Arrête de gigoter, ai-je dit. Qu'est ce qui te fait rigoler ? - Moi, je sais, dit l'enfant. - Qu'est-ce que tu sais ? - Que tu n'es pas méchant .C'est juste ta figure qui est comme ça. - Allez ,au dodo... sinon j'appelle ta mère ! Il pouffa de nouveau et se coucha sous la couverture…Un peu plus tard, je remarquai sur la table une feuille de papier avec un crayon à côté. Quand Olga entra, j'avais presque fini. - C'est le visage de qui ? - Le mien ,dis-je en reposant le crayon. Niquita ronflait bruyamment sous sa couverture... "
Paru dans Les Belles Etrangères, (Actes Sud, 2004) une nouvelle extraite d'un roman en cours, intitulée
" Les dieux de la steppe "
(Présentation : Josette Reydet)