Le livre est fait de deux récits mis en parallèle, à la 1ere personne, par deux narrateurs différents. On passe d’un récit à un autre, un chapitre Mathias et un chapitre Lou.
Mathias :
Le premier narrateur c’est Mathias, 40 ans. Il gravit la montagne en tirant derrière lui une chèvre par une corde. La pente est raide et dans les derniers mètres il prend la chèvre dans ses bras et il lui parle.
Mathias est un sacrificateur. Il n’y en a plus beaucoup dans le pays. Il est le seul dans la vallée. Son rôle : contenir les esprits de la montagne. Quand un événement va se passer dans un des villages, un mariage, un anniversaire, un baptême, un départ, on fait appel à lui pour repousser le Mal. Pour cela, Mathias lui offre une bête, une chèvre qu’il a lui-même choisie dans un troupeau et qu’il emmène dans la montagne pour la jeter dans l’abîme. Un acte superstitieux : Les superstitions sont enracinées, se transmettent, cohabitent sans heurt avec la télévision, Internet et le e-commerce… Elles nous donnent la force de rester sur ces terres hostiles. Un acte dans lequel Mathias voit une communion avec la nature, l’animal et les dieux.
Quand Mathias redescend de la montagne, personne ne doit savoir qu’après avoir jeté la chèvre dans l’abîme, il s’est effondré, les mains sur les oreilles pour ne pas entendre le cri de la bête. Il revient au milieu de la fête – on fête une centenaire – il va boire pour oublier cette douleur qui le tétanise et penser au prochain sacrifice. Ce sera chez le vieux Carche, un homme tout puissant qui marie sa fille. Un homme riche, influent, avec des hommes de main, un genre de milice, une mafia en quelque sorte. Son point faible, c’est qu’il est très superstitieux, qu’il voit en Mathias un sorcier qui a une certaine complicité avec les dieux.
Lou, qui est la seconde narratrice, est venue en Albanie avec son ami Elias. Ils ont gagné un trekking gratuit dans les montagnes albanaises. Ils vont partir avec un autre couple, Arielle et Lucas, et deux garçons célibataires, Marc et Etienne, tous des citadins peu aguerris à la marche en montagne. Ils sont très excités à l’idée de partir, on leur a promis qu’au soir du 2e jour ils atteindront un sommet avec un des plus beaux panoramas du monde. Ils rejoignent leur guide local, beau garçon un côté brut qui m’accroche, dit Lou. Vigan, le guide, les trouve un peu trop dilettantes, amateurs. Au début ils plaisantent, se jettent des boules de neige et Vigan doit les recadrer. Mais les premières difficultés les ralentissent : la fatigue, le froid, le manque d'habitude Nous sommes tiraillés entre le grandiose qui s’offre à nous et le gémissement d’Arielle quand elle reprend son sac. J’en peux plus.
Et surtout un invité qu’ils n’ont pas vu venir : Des nuages laiteux pointent à l’horizon, le vent s’est levé. Il devait faire beau mais le temps a viré. Une cotonnade s’est figée autour du soleil et le bleu du ciel n’est plus vraiment bleu. Une appréhension les envahit : que peut-il se passer. Vigan : De toute façon on n’a pas le choix, il faut avancer !
Mais la tempête s'est invitée et c'est le début d'un long cauchemar.
Sandrine Collette a fait de son livre un roman au suspense insoutenable. La tension va crescendo. Superstitions, surnaturel, malaise, peur incontrolable, puissance maléfique de la montagne... vont-ils pouvoir échapper à tous ces pièges tapis dans la tempête ?
(Présentation :Anne-Marie Smith)