Samba Cissé, un jeune Malien qui vit de petits boulots à Paris, se rend à la préfecture un beau jour de l'année 2008, pour demander un titre de séjour auquel il a droit après dix années passées en France. Mais il est arrêté et se retrouve au centre de rétention administratif de Vincennes où on lui annonce qu'il doit quitter le territoire français dans les trente jours. Grâce aux bénévoles de la Cimade, association de soutien aux migrants, il en sort libre, mais expulsable à tout moment.
Il ne lui reste plus qu'à entrer dans la clandestinité, troquant tout d'abord son identité contre celle de son oncle Lamouna avec qui il partage un logement insalubre dans une cave d'un vieil immeuble, puis en « empruntant » celle de son copain Jonas après la mort accidentelle de celui-ci.
Il tombe amoureux d'une jeune Congolaise, Gracieuse, réfugiée elle aussi à la suite du massacre de sa famille par des miliciens et fait la rencontre d'autres personnages en situation irrégulière.
Pas de pathos ni de misérabilisme dans ce roman qui évoque pourtant les événements terribles qui ont contraint l'oncle Lamouna, Jonas et Gracieuse à s'exiler. On plonge dans les pratiques des boîtes d'intérim et du travail clandestin, avec les petits chefs qui appellent tous les Noirs "Boubou" et les ouvriers immigrés en règle qui n'aiment pas trop les sans-papiers.
L'auteure ne juge pas, ne dénonce pas vraiment, mais fait avec beaucoup d'empathie le constat de la situation souvent désespérée des clandestins qui vivent dans la peur de l'expulsion.
Avec une écriture réaliste, un style très vivant nourri d'images visuelles, Delphine Coulin -elle même bénévole à la Cimade- atteint son objectif : sensibiliser le lecteur à la cause des sans-papiers.
Ce roman, qui a été adapté au cinéma en 2014 sous le titre « Samba » par Eric Toledano et Olivier Nakache, est le troisième de Delphine Coulin. Celle-ci a aussi réalisé avec sa sœur Muriel plusieurs courts métrages, ainsi que deux films pour le cinéma, « 17 filles en 2011 » et « Voir du pays » en 2016.
(Présentation : Catherine Soubigou)