Gap -  Hautes-Alpes

Quatre soldats

Hubert Mingarelli

Le Seuil , 2003

 

- Accueil

- Qui sommes-nous ?

- Livres nomades 2024_2025 :

   Presentation de l'action
    Choix des livres nomades
    Les lieux relais

- Livres nomades :
      (années précédentes)


   2024_2025
   2023_2024
   2022_2023
   2021_2022
   2020_2021
   2019_2020
   2018_2019
   2017_2018
   2016_2017
   2015_2016
   2014_2015
   2013_2014
   2012_2013
   2011_2012
   2010_2011
   2009_2010
   2008_2009

- Autres livres autour du theme choisi :

    Les livres nomades retournent vers le futur
    Les livres nomades passent à l'Est
    Le roman, écho de notre temps
    Petites maisons d'édition
    Terres d'Afrique
    Des histoires de grands espaces
    L'art dans le roman
    Chemins d'exil


- Rencontres littéraires :

     Sylvain Prudhomme et Marion Bortoluzzi
     Dima Abdallah
     Fanny Saintenoy
     Giosue Calaciura
     Laurent Petitmangin
     Yamen Manaï
     Céline Righi
     Andreï Kourkov
     Hadrien Klent
     Serge Joncour
     Sorj Chalandon
     Clara Arnaud
     M. de Kerangal et S. Prudhomme
     Luc Bronner
     Mohamed Mbougar Sarr
     Abdourahman Ali Waberi
     Catherine Gucher
     Guillaume Jan
     Jean Hegland
     Pierre Benghozi
     Jean-Baptiste Andrea
     David Vann
     Joseph Boyden
     Guy Boley
     Franck Pavloff
     Michel Moutot
     Nicolas Cavaillès
     Sandrine Collette
     Slobodan Despot
     Gauz
     Pierre Lieutaghi
     Kaoutar Harchi
     Sylvain Prudhomme
     Olivier Truc
     Maylis de Kerangal
     Antonio Altarriba et Kim
     Makenzy Orcel
     Metin Arditi
     Dinaw Mengestu
     Gilles Leroy
     Denis Grozdanovitch
     Alice Zeniter
     Serge Joncour
     Liliana Lazar
     Joel Egloff
     Christophe Bigot
     Boualem Sansal
     René Fregni
     Jean Pierre Petit
     Hubert Mingarelli
     André Bucher
     Beatrice Monroy
     Samuel Millogo
     Alfred Dogbé
     Ghislaine Drahy
     Autour d'Isabelle Eberhardt
     Hélène Melat, littérature russee

- Des coups de coeur :

   La Liste

- Lecture à haute voix :


    2024_2025
    2023_2024
    2022_2023
    2021_2022
    2020_2021

- Lectures partagées à Gap :

    2024_2025
    2023_2024
    2022_2023
    2021_2022
    2020_2021
    2019_2020
    2018_2019
    2017_2018
    2016_2017
    2015_2016
    2014_2015

- Pérégrinations littéraires :

    2023_2024
    2022_2023
    2021_2022
    2020_2021
    2019_2020
    2018_2019
    2017_2018
    2016_2017
    2015_2016

- Emission-radio sur la ram et rcf :

    2024_2025
    2023_2024

- Emission-radio sur Fréquence Mistral (archives)

    2022_2023
    2021_2022
    2020_2021
    2019_2020
    2018_2019-

- Contact

-bulletin adhesion


 

« Alors j'ai rencontré Pavel » et la vie de Bénia, le narrateur, va être transformée par cette rencontre. Ils boivent ensemble le thé que Pavel a fait chauffer au-dessus des flammes dans une boîte en fer blanc et partagent une cigarette que Bénia a sortie de sa poche.
C'est une histoire d'amitié, de solidarité, de fraternité même que Hubert Mingarelli nous raconte dans son dernier livre. Une histoire de fraternité entre des soldats de l'armée rouge qui, en 1919, est en perdition du côté de la Galicie. Bénia et Pavel ont décidé de rester ensemble. Puis vont se joindre à eux Kyabine, un colosse un peu benêt mais tellement attachant, et Sifra, un jeune tireur qui possède des bottes de cavalerie.
A quatre, l'épreuve de l'hiver sera moins terrible. Un hiver qu 'il a fallu passer dans la forêt, dans « le froid et le vent furieux », un long hiver auquel beaucoup de soldats n'nt pas survécu :« nous avions mangé nos mules et nos chevaux, et un grand nombre d'entre nous étaient morts dans la forêt ». Mingarelli ne nous en dira pas plus sur cet hiver long et douloureux, mais on devine les souffrances qu'ils ont endurées et les épreuves qu'ils ont dû surmonter. Et quand à la fin de l'hiver, la compagnie quitte la forêt pour installer son camp dans la plaine, leur amitié sera scellée à jamais et ils pourront continuer à survivre grâce à de petits rituels qu'ils garderont secrets et qui seront des petits bonheurs simples qui feront toute leur force : les sorties en cachette vers un étang tout proche, un « endroit précieux » où ils se baignent, où ils attrapent des poissons, où ils lavent leurs couvertures en les frottant avec du sable, où ils goûtent le bonheur simple d'une sieste au bord de l'eau ; la montre prise sur le cadavre d'un officier avec laquelle ils dorment à tour de rôle « pas pour la montre dont le mécanisme était cassé mais pour la photographie(celle d'une femme) qui était à l'intérieur ; nous nous imaginions que cela nous portait chance » ; les parties de dés sur une caisse en bois, où Kyabine se fait systématiquement plumer par Pavel à qui il remet, la mort dans l'âme, toutes les cigarettes qu'il a perdues : « il n'y avait plus de cigarettes posées en face de Kyabine. Elles étaient toutes passées du côté de Pavel » ; mais Pavel sait aussi, quand la détresse de Kyabine est trop forte, lui rendre une partie de son tabac. Car l'amitié entre les quatre hommes ne fléchit jamais : elle passe par des regards, des silences, des injures parfois vite oubliées dans un fou rire, des échanges de petits riens, une présence silencieuse de l'autre quand l'un fait des cauchemars et a besoin de soutien : « Je n'avais rien trouvé à lui dire pour le consoler sur la berge de l'étang et je ne cherchais plus. Je lui ai simplement demandé : -« ça va Pavel ? - Oui » Et ces petits riens suffisent à leur redonner du courage, face à leur vie de misère et de désolation.
Et puis un jour arrive un gamin (il y en a toujours un dans les livres de Mingarelli). Le sergent leur impose de le prendre avec eux et très vite il est adopté. Le gosse a un carnet et il écrit les choses qu'il voit, les événements, les petits riens de leur vie quotidienne.
On retrouve dans ce roman les caractéristiques du style de Mingarelli. A l'heure où la littérature nombriliste nous fait plonger au plus intime des gens à coups de révélations fracassantes, lui Mingarelli, continue à écrire avec ses phrases courtes, laconiques, dans un style simple, dira-t-on, concis, minimaliste peut-être oui, mais surtout avec des mots qui donnent toute leur importance à des faits et gestes qui en apparence semblent anodins ; ce qui fait que le lecteur se laisse envahir par une émotion subtile qui naît par petites touches de détails infimes qui portent en eux l'universalité du monde. Ces quatre soldats qui marchent dans la plaine, en Galicie, en 1919, deviennent des hommes intemporels qui luttent pour leur survie avec l'arme de la fraternité et du partage, face à l'abomination de la guerre, de toutes les guerres dans le monde.

(Présentation : Anne-Marie Smith)