Karl et Frederik, deux frères que tout oppose, nés dans une même ville d’Albanie, se retrouvent à la mort de leur père après deux décennies de séparation.
Brutalement confrontés à leurs différences, l’écrivain cosmopolite et le nationaliste enraciné vont devoir faire face au passé de leur famille et de leur pays.
Ce roman à l’écriture ciselée dévoile sans jugement l’humanité qui habite les deux frères, leurs questionnements individuels,leurs incertitudes et leur impossibilité à se rejoindre.
Pour Frederik, « il faut d’abord aimer la partie de l’humanité à laquelle on appartient », être un résistant, un fidèle, en s’accrochant aux joies simples de l’existence lorsque le contexte est difficile.
Pour Karl, le poids du passé, la honte éprouvée lors de représailles infligées à des hommes justes mais non conformes aux attentes communistes, lui rendent son pays irrespirable. Exilé en Grèce, il devient un personnage connu et respecté jusqu’à ce qu’il provoque un scandale en écrivant le drame vécu par une femme survivante des massacres d’après guerre. L’extrême-droite l’attaque violemment et il doit fuir aux Etats-Unis.
Dans ce roman touchant, Kapllani expose les arguments qui séparent ceux qui tiennent à leur sol natal et ceux qui migrent. Il ne juge pas. Ce roman illustre brillamment les dilemmes individuels et collectifs qui traversent l’Europe d’aujourd’hui à travers l’histoire et la politique .
Lire Kapllani, c’est rejeter les pensées toutes faites et être un peu plus humain.
(Présentation : Anne Prénat)