Robert Bober écrit une longue lettre posthume à son ami Pierre Dumayet, décédé en 2011, journaliste littéraire qui anima de nombreuses émissions littéraires à la télévision (Lectures pour tous, Lire et relire) dans un style fort différent de La Grande Librairie. Robert Bober, écrivain et cinéaste, préparait et filmait les entretiens, avec des personnes aussi célèbres que André Schwarz-Bart, Marguerite Duras, Robert Doisneau, Georges Perec, Jean Tardieu ou encore Roland Dubillard. Il sait rendre compte des blessures des uns et des non-dits des autres, souvent enfants traumatisés, qui ont vu leur famille déportée.
On sait par ces livres précédents que Robert Bober fut une enfant d'origine polonaise, juif caché, tailleur dans l'atelier de son père, assistant de François Truffaut.
Ici, il égrène ses souvenirs, comme ils lui viennent, en désordre apparent, passant de souvenirs d'enfance en Pologne ou à Paris, dans les rencontres qu'il fit comme cinéaste, assistant ou réalisateur. On y rencontre des écrivains, des peintres, des cinéastes, Chagall, Georges Perec, Erri de Luca, un grand rabbin qu'il a suggéré à Pierre Dumayet de rencontrer.
On y visite les lieux avant tournage où Marguerite Duras souhaitait être filmée.
On voit comme Pierre Dumayet respectait les silences des personnes interviewées. Il attendait, ne meublait pas.
Un bel hommage aussi à Paul Otchakovsky-Laurens, son éditeur et ami, qui avait un profond respect pour ses auteurs.
A la langue yiddish aussi, qu'il chérissait entre toutes, et qui restait un pont entre tous ces hommes et femmes juives traumatisés.
Un livre-puzzle touchant sur l'écoute, la lecture, le silence. Mais aussi sur l'amitié et la complicité entre deux hommes.
Si vous voulez entendre la voix de Robert Bober lisant un extrait de son livre, cliquez sur ce lien :
https://www.humanite.fr/robert-bober-des-memoires-pour-penser-un-auteur-comme-pense-un-ami-697399
(Présentation : Annette Rit)