Jacqueline, une jeune femme dont la famille est proche d’un dirigeant politique qui vient d’être renversé, doit quitter précipitamment son pays, le Libéria. Avec l’aide d’un journaliste européen, elle parvient à s’échapper ; mais elle se retrouve aussitôt totalement démunie et dans une complète solitude. Commence alors son errance d’immigrée clandestine, errance qui l’amènera finalement sur l’île de Santorin.
L’auteur nous dit les combats de Jacqueline pour survivre, ses sursauts de dignité, ses instants de chute… A chaque instant affleurent les traumatismes des derniers moments partagés au Libéria avec sa famille, avec son amant. La violence inouïe de ces évènements se superpose au tissu des rapports entre les personnages, Jacqueline au carrefour de quatre forces : la parole de la mère, la complicité avec le père, la douceur et la fantaisie de la sœur, l’évanescence de l’amant… La solitude et les allers-retours incessants entre passé et présent, douloureux à l’extrême, la propulsent aux marges de la folie. Pourtant, comme un animal que l’on apprivoise, Jacqueline va réapprendre la confiance et l’amitié.
L’écriture est superbe, restituant parfaitement le chaos mental de l’être déstabilisé qui flotte entre présent et passé, mais qui, dans le même temps, est déterminé à survivre, à s’ancrer quelque part. C’est un texte d’une grande beauté. Une fois le livre refermé, notre regard sur l’immigration imposée aura gagné en humanité, en empathie.
(Présentation :
Danielle Alloin)