Ce récit suit l’évolution de la narratrice Enitan et de son amie Sheri à Lagos, dans le Nigeria d’après l’indépendance, des années 70 à la fin du siècle. L’une vit dans une famille bourgeoise, monogame avec un père avocat et une mère soumise à une église catholique africaine sectaire, l’autre moins rangée sans mère, avec un père polygame et des enfants métissés, deux éducations et deux types d’évolutions avec une même quête, la place de la femme dans ce nouveau monde et la manière d’arriver à plus d’équité.
A travers le questionnement de ces femmes et leur implication dans les changements de société possibles, on suit la mise en place des systèmes politiques, l’échec de la démocratie, les coups d’état successifs avec emprisonnements, meurtres, l’arbitraire des situations et des engagements.
On découvre de l’intérieur le cheminement des femmes vers plus d’indépendance, leur implication politique prudente mais bien réelle face aux violences masculines, la résistance à la famille, le lien mère fille, le souvenir et la transmission.
L’auteur dans ce livre nous dit une Afrique où la force vient de ces femmes qui mettent en place les formes d’évolution de façon concrète et parfois difficile à assumer mais volontairement appliquée. Ce roman traite aussi des violences physiques mais en proposant des solutions aux violences relationnelles de couple et de famille. Chacune des héroïnes trouve sa manière de revendication pour davantage d’équité, l’une par le mariage et une révolte interne sous une forme de soumission, l’autre par une indépendance mal acceptée de tous, mais chacune dans l’idéal de trouver un mode de vie plus juste, et une libération pour toutes les femmes.
L’écriture met en valeur les personnages grâce à un sens du rythme de la phrase, avec des dialogues bien menés, des réflexions toujours pertinentes et qui questionnent, et quand certains passages pourraient rebuter lecteur/trice en l’extrayant de la fiction pour l’informer du réel historique, ou quand sont décrites des situations délicates, sensibilité et humour prennent le relais et on poursuit avec intérêt.
Présentation : Annie Contin