Chérie, petite fille de 10 ans, raconte dans une langue spontannée et imagée la vie quotidienne d'un bidonville des environs de Harare. Elle est heureuse malgré la faim, la misère, car elle vit des aventures passionnantes avec sa bande de copains : Bâtard, Chipo, Dieusait, Sibho et Stina, tout en rêvant du jour où elle partira rejoindre sa tante qui a émigré aux Etats-Unis.
Les enfants observent le monde des adultes tout en étant témoins d'événements politiques et sociaux dont ils ne comprennent pas la portée. Chérie se demande pourquoi les malades atteints de cette maladie tabou qu’est le Sida sont si maigres, elle assiste cachée dans des branches d’arbres à une émeute visant les habitants blancs d’un quartier riche, elle joue avec ses amis à reproduire la scène d’un ignoble assassinat politique dont elle a été le témoin.
Le récit s'organise en en une série de petits tableaux très vivants, tranches de vie racontées à hauteur d'enfant avec son langage spontanné, teinté de fraicheur et d'humour.
Et puis, dans la deuxième partie, le ton change, devient plus caustique: Chérie est adolescente, elle a rejoint sa tante aux Etats-Unis et se trouve confrontée à une société qui lui refuse toute place. Bien sûr il y a le confort de la maison de sa tante, la nourriture en quantité suffisante, les objets de consommation, mais elle découvre en même temps la condition des Noirs dans un pays raciste. Et surtout le déracinement car il n'y a pas de retour en arrière possible, elle ne reverra jamais ses anciens amis qui, pour la plupart, ont eux aussi quitté leur pays.
L'auteure situe l'action de son roman en 2008, en pleine crise des élections au Zimbabwe, alors que le pays est en ruine, les habitants expulsés de leurs maisons se retrouvent dans des bidonvilles tandis que la classe dirigeante s'accapare toutes les richesses.
Mais les élections seront truquées et le changement tant attendu par la population n'arrivera pas, entraînant un exil de masse et plus de misère encore pour ceux qui restent au pays.
NoViolet Bulawayo est née en 1981, au moment de l'indépendance de son pays. Elle a grandi sous le régime marxiste de Robert Mugabe avant de partir aux Etats-Unis à l'âge de 18 ans.
Jeune auteure remarquée pour ses nouvelles traitant de la société zimbabwéenne et de sa diaspora, qui lui valurent en 2011 le prix Caine de la nouvelle africaine en langue anglaise, « Il nous faut de nouveaux noms » est son premier roman.
Présentation : Catherine Soubigou