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Le livre se déroule en 1992. Avant la grande vague migratoire qui va déferler sur l’Europe, des pionniers vont tenter le voyage pour s’implanter en région parisienne (forêt de Sénart, Villeneuve le Roi) : il y a Virgil, le Moldave qui compte faire venir sa femme et ses 3 enfants, Chanchal, le Bangladais, désigné par sa grand-mère pour laisser sa misère à Dacca et Assan, le Somalien qui fuit avec sa seule fille restée en vie, les massacres de Mogadiscio l'ayant privé de sa femme et ses autres enfants.
Ce livre décrit avec beaucoup de justesse le sort de ces déracinés prêts à tout pour survivre. Mais Pascal Manoukian construit un véritable roman avec des personnages vivants, attachants, de solides amitiés interculturelles, la part belle aux sentiments qu’ils éprouvent : joie, souffrance, étonnement, peur. Il montre la confrontation entre des occidentaux confortablement installés dans l’existence sans prendre de risques et des peuples qui connaissent la misère et la guerre.
L’auteur ne fait aucune concession face à l’hypocrisie des Européens devant l’esclavage accepté par les migrants comme un mal nécessaire. Ainsi, la police ferme les yeux sur le marché clandestin du travail dans la sous-traitance, les employeurs en profitent ce qui conduit au chômage pour les Européens. Il avoue que les passeurs, moissonneurs et recruteurs-dresseurs sont considérés comme un mal nécessaire par les exploités qui ne font rien pour les faire arrêter « il fallait des salauds pour faire le voyage ».
Une belle leçon de géopolitique avec le rôle de Kadhafi dans le filtrage des migrants et des déclarations surprenantes : « il aurait suffi de supprimer les cabines publiques pour faire baisser les chiffres de l’immigration », et constat sans appel « après 1/2 siècle de bons et loyaux services, les immigrés n’étaient plus les bienvenus », l’affaiblissement des pays quittés « que le dernier qui quitte le pays n’oublie pas d’éteindre la lumière » (proverbe moldave).
Il y a aussi des ouvertures sur l’humanisation de ce monde brutal par quelques éclairés : la bonté des « gens d’en face », le rôle d’un syndicaliste. Une certaine poésie au fil des pages permet de rêver à un monde meilleur : parallèle avec la migration des oiseaux, découverte du loto du clandestin, rôle de Victor Hugo « Demain dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, je partirai… », le mont Ogo peint par Rembrandt, la jeune Iman qui veut aller en France « pour inventer des robes ». On voit la France avec leurs yeux émerveillés, toute en propreté et policée et leurs illusions aussi.
La place de la religion est abordée : Assan, musulman, doute de l’existence de Dieu qu’il accuse de détuire son pays et prône l’excision des petites filles; il remplace le Coran par son dictionnaire français. Il a un regard sur le fanatisme religieux « ils ont l’arme absolue : la foi », et voit dans la facilité à devenir musulman une ouverture vers toutes les dérives. Chanchal, bouddhiste pratiquant appartient à une génération condamnée à vivre sans femmes parce que chez lui on noie les petites filles à la naissance. Virgil porte la médaille de St Sauveur mais laisse les prières orthodoxes à sa femme. Mais leurs croyances ont une importance capitale car ils se nourrissent d’illusions, ce qui leur permet de survivre.
Le livre est très dense, tous les problèmes liés à l’immigration y sont abordés. Il ouvre la voie à une réflexion sur la bombe à retardement qu’a constitué cette première brèche dans la forteresse européenne ouverte par ces éclaireurs. L’auteur ne donne pas de solutions mais témoigne d’une vision claire et objective d’une situation dramatique, tout en proposant un roman aux personnages haut en couleur, profondément humains.
Pascal Manoukian, journaliste (France Inter, agence CAPA) a témoigné dans de nombreuses zones de conflits de 1975 à 1995. A publié en 2013 « le Diable au creux de la main » sur ses années de guerre.
(Présentation : Colette Lagier )
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