Tout commence dans ce roman par une vidéo virale au Sénégal. On y voit des hommes furieux creuser la terre, sortir un cadavre de sa tombe puis le traîner hors d'un cimetière. Ce n'était qu'un "goor-jigéen" ( en wolof, cela signifie "homme-femme"), un homosexuel qui ne doit pas être enterré dans un cimetière musulman.
Cette vidéo n'interpelle pas immédiatement un jeune professeur de littérature Ndéné Gueye, le narrateur.
Déçu et fatigué par son métier et l'hypocrisie morale de la société sénégalaise, il va peu à peu s'interroger. Qui était cet homme ? Sa famille ? Son passé ? Il rencontrera sa mère.
À l'université, le sujet prend de l'ampleur. Une circulaire interdit l'étude des auteurs soupçonnés d'homosexualité. Or Ndéné fait un cours sur Verlaine…Ses étudiants le lui reprochent.
Il va alors chercher à comprendre pourquoi au Sénégal, les homosexuels sont ainsi traités. Est-ce un fléau, importé par les Occidentaux ? qui n'existerait pas en Afrique ?
Plusieurs témoignages vont lui permettre de dresser un portrait de cette situation ambigüe.
D'une belle écriture simple et poétique, l'auteur explore dans ce roman l'attitude intolérante de son pays face à l'homosexualité et à l'identité masculine.
Mohamed Mbougar Sarr est un jeune auteur talentueux . Il utilise la littérature pour traiter d'une actualité passée sous silence dans les médias.
Il espère être lu et compris dans son pays.
Extrait de De purs hommes
Ce n'est pas parce qu'ils ont une famille, des sentiments, des peines, des professions, bref, une vie normale avec son lot de petites joies et de petites misères que les homosexuels sont des hommes comme les autres. C'est parce qu'ils sont aussi seuls, aussi fragiles, aussi dérisoires que tous les hommes devant la fatalité de la violence humaine qu'ils sont des hommes comme les autres. Ce sont de purs hommes parce qu'à n'importe quel moment la bêtise humaine peut les tuer, les soumettre à la violence en s'abritant sous un des nombreux masques dévoyés qu'elle utilise pour s'exprimer : culture, religion, pouvoir, richesse, gloire...
Présentation : Josette Reydet