.
..Suite à un signalement de soupçon de maltraitance, une travailleuse sociale, Mathurine, va chercher à rencontrer Darwyne et à comprendre ce qui se passe à Bois sec, dans un bidonville au plus près de la forêt où Darwyne vit avec sa mère, Yolanda. Il voudrait tellement être son seul centre d’intérêt mais Yolanda est belle, désirable, elle a de nombreux prétendants et ne peut vivre seule dans ce lieu où il faut sans cesse consolider l’habitation, couper les arbres et les lianes qui envahissent les lieux.
Se sont déjà succédés 7 beaux-pères qui ont tous disparu sans laisser de trace, ni indiquer la raison de leur départ. Arrive un huitième beau-père que Darwyne déteste tout autant que les précédents.
Mathurine et Darwyne ont un point commun, ils sont fascinés par la faune et la flore amazonienne.
Dès qu’il pénètre dans la forêt, Darwyne se transforme, il se fond dans cette jungle qu’il connaît parfaitement. Mathurine découvre vite que cet enfant si singulier et différent est dans son élément dans la forêt amazonienne. Son corps recroquevillé, malhabile, paraît soudain se déplier, il marche pieds nus avec aisance sans jamais se perdre. Il communique avec toutes sortes d’animaux, reproduit leurs cris, leurs vocalises, leurs feulements. Elle, qui est en mal d’enfant, se prend d’affection pour cet être si mal aimé.
Mais qui est vraiment Darwyne ? Un enfant maltraité, un monstre, un mutant ? Le récit oscille entre plusieurs univers, plus proche du fantastique et du conte que du simple thriller, la place laissée à la forêt, à l’environnement tout à tour menaçant et menacé est un des charmes de ce livre qui nous fait perdre nos repères.
Extrait : "Et à présent que Bois Sec s’est assoupi, que se sont tus tous les vacarmes humains, Darwyne écoute les bruits de la jungle. Après cette journée de plus avec le nouveau beau-père, ça l’apaise. Jamais il n’irait dire cela, ni à la mère ni à personne d’autre, mais ce qu’il entend d’abord, c’est la lisière débroussaillée en train de guérir de ses blessures. Les plaies qui se referment lentement, le crissement ligneux des tissus végétaux. Et, plus loin, Darwyne entend gronder la faune nocturne qui se presse derrière l’orée. Il entend les oiseaux de la nuit, feuler le grand ibijau, crisser la chouette à lunettes, il entend les rainettes et les adénomères, il entend brailler les singes hurleurs, tout là-bas. Et ne sachant aucun de ces noms-là, ces noms couchés dans les livres des naturalistes, il les nomme à sa manière, dans sa tête. Et pourtant conscient que la mère n’aimerait pas le voir ainsi, il reste longtemps à écouter ce sous-bois plus étendu que la ville elle-même, déployé à l’infini sous le tapis des cimes. L’Amazonie entière à quelques mètres de sa couchette."
(Présentation : Simone Delorme)