C’est arrivé peu après la mort de sa mère. Blanche n’a plus parlé. Son père est désemparé et tente tout pour la faire s’exprimer de nouveau. C'est dans ce but que la fillette se retrouve chez Annie dans une petite maison loin de la ville. Un robinet qui fuit, l’odeur du pain qui cuit, un renard aux aguets sous le saule, un cheval dans l’enclos, les cerfs cachés entre les arbres, un amoureux inquiet dans la menuiserie, les silences compliqués et ceux qui sont simples comme l’air… Là-bas, entre la prairie et la forêt, entre Annie et son homme, Blanche retrouvera peu à peu le chemin des mots.
Cette histoire du deuil est singulière, elle nous rappelle les vertus du silence, d'écouter vraiment, à travers les mots. « Les humains, elle les entend, même quand ils ne disent rien. Elle sait ce qu’ils veulent, elle entend sous les mots, leur impatience, ce besoin d’être écoutés, d’exister, les tristesses cachées sous les paquets de phrases bien emballés. Ils ne parlent pas pour dire quelque chose, ils parlent parce qu’ils veulent ceci ou éviter cela »(p. 35)
Que de trésors symboliques dans ce premier roman à l'écriture subtile et poétique ! D’autre part, les illustrations d'Alexandra Duprez ponctuent le texte de Veronika Mabardi avec beaucoup de finesse.
Une belle réussite des éditions Esperluète
(Présentation Marie-Claire Royer)