Ne vous fiez pas à la brièveté de ce roman de 117 pages, il est aussi court que puissant, acéré comme une lame.
C' est un roman épistolaire constitué de quatre lettres dont deux du narrateur, les deux autres écrites par d' anciens amis. Ahmed, le narrateur, a quarante ans , est marocain, et fait une remise en question totale et bouleversante de ce qu 'a été sa vie jusque là.
Ces lettres nous font remonter le temps: d'août 2015 à juillet 2010 et 2005; la dernière datant de 1990. La première s'adresse à sa mère Malika morte cinq ans auparavant. Il y règle ses comptes plein de colère et de haine pour une mère qui ne l'a jamais aimé voire rejeté " une femme cruelle dictatrice et mortifère" mère de neuf enfants, elle même victime de la misère ambiante dans un quartier déshérité de Rabat.
La troisième lettre, de 2005, est une lettre de rupture qu' Ahmed adresse à son amant et mentor Emmanuel qu 'il a rencontré à Rabat, parisien en vacances. Ahmed a alors quinze ans il est homosexuel. Une rencontre amoureuse s'ensuit, décisive pour le jeune garçon puisqu 'il part à Paris s ' installer chez son amant fuyant ainsi un futur sans avenir. Les années ont passé et le jeune homme, désillusionné, accuse son protecteur de l'avoir dépossédé de ses racines, assujetti jusqu 'à l'avoir rebaptisé" Midou"! "Tu n'as eu aucun scrupule à reproduire sur moi dans mon corps et dans mon coeur tout ce que la France refuse de voir: du néo colonialisme" mais avec son parfait consentement par amour mais aussi par intérêt. Un réquisitoire glaçant à lire et à méditer.
Présentation : Mireille Lamberty