Dans les années 1870, William Andrews, originaire de Boston et étudiant à Harvard, décide de quitter le confort de sa vie bourgeoise pour tenter la grande aventure dans les territoires de l’Ouest. Le jeune homme, tout imprégné de ses lectures de Thoreau et d'Emerson, est persuadé que seuls les grands espaces sauvages peuvent redonner un sens à sa vie. Après de longues semaines de voyage, il débarque à Butcher’s Crossing, petite ville minable au fin fond du Kansas et l'un des derniers bastions du commerce des peaux de bisons, maintenant sur le déclin.
William se lie d'amitié avec Miller, un chasseur, qui le persuade de financer une expédition sur les traces d'un immense troupeau de bisons, repéré il y a plusieurs années, dans une vallée isolée, par-delà les montagnes du Colorado. Ils sont accompagnés d'un conducteur de chariot manchot et d'un écorcheur de peaux particulièrement bourru.
Le voyage est long et éprouvant. Les quatre hommes avancent au rythme des bœufs, dans des étendues infinies et désertes. Et si la chasse s'avère répondre aux attentes des hommes, les conditions de vie dans ce vallon fermé, entouré de parois montagneuses infranchissables, sont particulièrement rudes. Puis l'hiver arrive, piégeant les chasseurs au fin fond de la vallée. A partir de là, seule la survie compte...
Au rythme de la description minutieuse des événements et des changements de saisons, on s’imprègne de la situation et du paysage, on partage le quotidien des quatre hommes, leurs doutes et leurs espoirs, leur faim et leur soif. C'est à travers le regard de Will Andrews que le lecteur avance au rythme du convoi et participe à ce voyage initiatique. Par son écriture sobre, au style économe et au rythme lent, l'auteur nous fait ressentir la force implacable de la nature, les contradictions propres au Grand Ouest américain, l'impression de grandeur et de vide, de liberté et d'isolement.
Ce roman, paru initialement aux Etats-Unis en 1960, n'a été publié en France pour la toute première fois qu'en 2016, et John Williams, auteur reconnu dans son pays était jusqu'alors totalement inconnu chez nous. Son second roman « Stoner » avait été publié en 2011 aux éditions Le Dilettante.
Présentation : Catherine Soubigou