Avec « Berline », publié en mai 2022, Céline Righi, originaire de l’Est de la
France et petite fille de mineurs, nous livre l’histoire touchante d’une jeune
vie , celle de Fernand, mineur de 23 ans.
LE RECIT D’UN DRAME
Nous sommes dans l’Est, dans les années 60-70, au pays du fer et du charbon.
Lors d’un effondrement de la mine, Fernand se retrouve bloqué au fond,
coincé contre une paroi, seul , dans le silence et le noir absolus. Il est entre la
vie et la mort.
Une voix intérieure se fait alors entendre, celle de Fernand dont le corps est
brisé mais dont l’ esprit « s’est remis en marche ». Pour ne pas mourir, il
adopte une stratégie de survie : se souvenir.
Dans cet effort désespéré lui reviennent des échos de sa vie passée, comme
autant de flashs de la mémoire. C’est par le biais d’un dialogue imaginaire
avec un étrange oiseau noir ( « Fernand réveille-toi! »), que la conscience de
Fernand lui enjoint de survivre : « J’veux pas crever. »
L’EVOCATION D’UN DESTIN
L’itinéraire de vie de Fernand est ainsi reconstitué à travers une narration
fragmentée faite de « débris » de mémoire .
Entre un père effacé, « courbé par la vie, du début à la fin » et une mère peu
aimante, enfermée dans le silence, Fernand a eu une enfance douloureuse. Il a
manqué de mots. Quand il s’est agi de descendre au fond, il n’a pas eu le
choix : « ... mais voilà, ça avait toujours été comme ça, chez eux on se
transmettait la mine de père en fils, comme un flambeau ... ». ... il aurait voulu
être jardinier...
LA VIE MALGRE TOUT
Fernand est enseveli dans le noir mais le regard qu’il porte sur son passé est ,
paradoxalement , de plus en plus clair. C’est le désir de vie qui s’affirme
malgré tout. Il va « s’accrocher », il veut retourner « là -haut ».
Le souvenir de la philosophie de vie positive de son copain Mario et l’image de
Marta qu’il aime depuis l’enfance, vont accompagner Fernand dans sa révolte
contre le destin.
DES PAGES LUMINEUSES
Dans une langue simple, un parler authentique et familier, le roman fait vivre
tout un monde : le quartier et la solidarité avec les voisins, les jeux des
enfants dans la rue, les jardins ouvriers, la vie de bistrot , les bals populaires.
Il n’y a pas que le noir du charbon et du fond, il y a des souvenirs colorés de
moments heureux, des pages lumineuses sur les joies innocentes de l’enfance
et la beauté de la nature, les couleurs des fleurs au-delà du gris du ciel et de
l’horizon fermé.
Avec ce premier roman, Céline Righi nous plonge dans le coeur meurtri et la
conscience à vif d’un jeune homme qui, confronté à la mort, entrevoit
désespérément la possibilité d’une renaissance.
Présentation : Tiziane Champey