Ce livre nous offre de subtiles nouvelles qui, toutes trois se déroulent en Inde et, toutes trois en ce temps qui a suivi son indépendance et donc la fin de l’occupation anglaise. Leur dénominateur commun est la manière dont les réalisations humaines, les lieux et objets, se défont et se transforment avec le temps. Le cours des choses et de la vie en quelque sorte.
La première nouvelle, « Le musée des ultimes voyages », nous parle du goût des voyages et de la passion du collectionneur. Le dernier et unique héritier d’une riche famille entreprend un périple dans les pays d’Asie. Depuis chacun des lieux qu’il visite il envoie à sa mère, devenue veuve et seule en charge du vaste domaine, une caisse emplie d’objets. Le contenu de chaque caisse est installé dans une pièce de la grande demeure du domaine, qui ainsi se transforme peu à peu en musée. Arrive un jour une dernière caisse, vide, puis, à pied depuis la lointaine Birmanie, une éléphante et son cornac… Les ressources du domaine se réduisent inexorablement et s’enclenche l’effacement…
La seconde nouvelle, « La traductrice », débute par la rencontre de deux anciennes élèves d’un collège. L’une d’elles, après une brillante carrière de journaliste est devenue éditrice, alors que l’autre, de condition plus modeste, est restée dans l’ombre. C’est un petit livre écrit en oriya, l’un des nombreux idiomes du sous-continent indien, qui va les rapprocher, la première offrant à la seconde de traduire le livre. Mais peu à peu, la traductrice se substitue à l’auteure, modifie ses écrits, l’efface en quelque sorte…
Dans la troisième nouvelle, qui a donné son titre au livre, il est question de la décrépitude et de la ruine d’une branche d’une grande famille et de l’obstination de l’un de ses descendants à vivre dans les ruines calcinées de son ancienne demeure, dans la campagne. Son refuge est un vallon secret… Trois jeunes citadins cherchant à tourner un documentaire sur la dégradation de l’environnement dans cette région sont amenés à découvrir le vallon secret, mais la magie de celui-ci s’est effacée…
Une écriture lumineuse qui nous emporte ailleurs, qui nous fait habiter ces moments particuliers de la dissolution, de ce qui se défait et de ce qui s’efface.
Présentation : Danielle Alloin