Un roman de la transition vue de Chisinau, capitale d’une Moldavie en perdition depuis la chute du bloc soviétique. Au travers de personnages désabusés, l’auteur dresse un portrait au vitriol des rêves déchus du communisme. Même les arbres se souviennent de l’ère radieuse de Brejnev.
Tandis que le peuple endure la promiscuité des logements collectifs, la saleté des rues, l’existence misérable et l’absence de perspectives, une élite corrompue vit sur une autre planète, traversant la vie en limousine, écrasant les pauvres sans ménagements, après s’être enrichie dans des affaires louches lors de la libéralisation de l’économie. La bureaucratie, héritage de l’U.R.S.S., permet aux « cinovniks », les fonctionnaires, de faire la loi. Il y a bien eu une révolte prônant le retour aux sources roumaines après l’occupation russe mais ces « bikovks » traditionnalistes sont vus comme des veaux par les citadins, alors les gens se résignent à vivoter chichement ou partent gagner leur vie en Europe, accessible grâce à la délivrance d’un passeport roumain.
Peinture sociale d’une Europe reléguée aux confins, ce roman fleurant l’humour au deuxième degré nous parle d’un peuple qui a perdu son identité dans une transition sans âme. Il s’inspire de la vie courante des moldaves confrontés à la transformation économique et morale de leur pays postcommuniste.
(Présentation : Colette Lagier)