Le lieutenant Costa est à la tête d'un détachement militaire chargé de garder la frontière entre deux pays ennemis, sur un col situé à près de 5000 mètres d'altitude dans la cordillère des Andes. Il occupe ses journées à observer les mouvements de la garnison d'en face, à tenter de se faire obéir d'un sergent insolent et à organiser des expéditions noctunes avec les soldats de la troupe, originaires des régions tropicales et particulièrement vulnérables au mal des montagnes.
Bref, la routine....
Mais quand des apparitions étranges observées à la jumelle viennent bousculer ses journées, il décide de mener l'enquête : la ligne frontière fluctue mystérieusement, des bornes sont déplacées de plusieurs dizaines de kilomètres, des monticules de pierres -les apachetas- apparaissent soudainement dans le paysage vide en principe de toute présence humaine.
Et puis un jour, le commandant à la tête de la garnison ennemie est remplacé par une femme au fort caractère et à la troublante chevelure rousse. Il faudra tous les efforts du monde à notre « héros » pour garder ses esprits. Costa s'interroge sur le sens de sa vie. La mélancolie s'installe, donnant ainsi au roman une autre tonalité, pas seulement sentimentale mais aussi un brin nostalgique.
Dans ce paysage désertique, entre secousses sismiques, orages magnétiques et pluies de météorites, l'auteur nous offre une réflexion à la fois philosophique et burlesque sur la place de l'homme dans un environnement hostile. Les corps et les âmes sont mis à rude épreuve par le manque d'oxygène, parfois victimes d'hallucinations. On assiste à des scènes et des dialogues surréalistes, absurdes, savoureux.
L'auteur fait apparaître également un faux sorcier indien, des mineurs shootés à l'oxygène, des trafiquants de momies, entre autres personnages qui ne font que passer par ce col de Roca Pelada, apportant leur touche d'absurde, de dérision, d'incohérence ou de raison qui font tout le sel de ce roman. Car, pour citer en conclusion Eduardo Varela : « Ici, ce n'est pas un endroit défini, juste un passage d'un lieu à un autre, c'est à ça que servent les cols, à passer, pas à y rester. »
(Présentation : Catherine Soubigou )