L’exil d’Alexandra est un roman épistolaire, c’est la correspondance bouleversante entre deux sœurs : Alexandra et Ioana , pendant 17 ans de 1973 à 1990. Alexandra, jeune dramaturge de talent, fuit la Roumanie en 1973 et s'exile en Suisse. Elle est confrontée à la solitude et aux privations mais elle puise du courage dans les lettres qu’elle échange avec sa sœur restée en Roumanie.
Les lettres des deux sœurs offrent un regard critique sur la Roumanie au temps de la guerre froide sous le règne du dictateur Ceausescu. La censure les oblige à utiliser des ruses, elles n’écrivent pas librement. Le régime totalitaire de la Roumanie au temps de la guerre froide est très oppressif, les rationnements, la prison arbitraire sévissent.
Voici ce qu’écrit Ioana :
« Je t'écris librement parce que j'envoie ce billet par un ami étranger (on ne lui retournera donc pas les poches à la douane, comme on le fait à nos compatriotes) qui te le postera depuis l'Italie. Surtout, ne reviens pas ! Après ton départ, ils sont venus perquisitionner chez nous. Je croyais, en raison des précautions que tu prenais avant ton départ, que tu étais paranoïaque. Pas du tout : le lendemain du jour où tu devais revenir au pays, trois flics de la Securitate sont venus et ils ont tout fouillé. Heureusement que je t'avais écoutée et que nous avions déchiré, durant la longue nuit blanche précédant ton départ, tous tes manuscrits compromettants. »
Ce roman traite d'une réalité douloureuse, l'exil, qu'il soit politique, géographique, linguistique, familial, sentimental. Alexandra a bien du mal à faire connaître son talent de dramaturge et à subvenir à ses besoins, l'exil et l'éloignement de sa famille lui pèsent particulièrement.
Les deux sœurs passionnées de théâtre, ont une vie sentimentale pleine de rebondissements. Leur amitié reste inaltérable, l’affection qu’elles se portent résiste au temps, à l’éloignement et aux rivalités.
Le roman est servi par une écriture fluide qui rend la lecture très agréable, le livre est aussi plein de délicatesse et d‘humour. Vies privées, politique, dérision, suspense, tout y est. Une pièce a été tirée de cet ouvrage.
(Présentation : Mireille Le Louet)