« Bel Abîme » est le quatrième roman de Yamen Manaï, jeune auteur tunisien, paru aux éditions Elyzad.
Il commence au moment où le narrateur, ayant été arrêté par la police, va raconter à l’avocat commis d’office puis au psychologue, les raisons qui l’ont poussé à commettre ces actes de violence. C’est une décision prise par son père qui va provoquer ces gestes remplis de rage et de colère.
Issu de la classe moyenne, vivant dans une banlieue modeste, le narrateur va être confronté à la violence que subissent les plus faibles. Celle infligée par ses parents, ses instituteurs, ses coreligionnaires et dont sont aussi victimes les jeunes qui l’entourent. Cet enfant chétif va trouver dans un premier temps une force en découvrant celle des mots « Lire ne donne pas de pouvoir, lire ne sauve pas ? Cela ne fait aucune différence, on finit toujours les pieds devant ? OK, lire ne rend pas immortel, je vous l’accorde, mais ça rend moins con, et ça, c’est déjà beaucoup ». « C’est là que j’ai remarqué que personne ne vous cherche de noises quand vous avez le nez dans un livre ». « Ca m’a donné des mots, des idées, une force à l’intérieur que je n’osais pourtant pas exprimer tant j’étais frêle et gringalet ».
Cette situation va durer jusqu’à l’arrivée de Bella, pour qui il fera tout jusqu’à affronter l’autorité toute puissante de son père. En sa compagnie, le chétif garçonnet va se transformer en adolescent vigoureux. « Tout au long de notre relation, elle n’a eu de cesse de faire ressortir ma meilleure face, la plus brave, la plus digne, et de forger en moi une force que je ne me soupçonnais pas. »
Pour elle, il va devenir un homme et il va se battre pour elle.
Porté par une écriture au vocabulaire à la fois cru et poétique, on traverse cette histoire fasciné et ému par la puissance des sentiments, des émotions qu’elle raconte.
A travers cette histoire d’amour différente, particulière et inconditionnelle, Yamen Manaï nous engage à réfléchir sur le monde actuel : sur les conditions de vie de la jeunesse tunisienne, et plus largement sur l’écologie, sur la cause animale et sur notre rapport à la terre.
Ce jeune auteur, né en 1980, confirme, roman après roman, une place incontestée dans la nouvelle génération d’auteurs tunisiens, bâtissant ses œuvres comme des contes modernes inspirés tant par l’actualité que les nouvelles technologies.
Ce livre fait partie de la sélection catégorie « romans » du Prix PACA lycéens et apprentis 2022.
Bibliographie :
- La Marche de l'incertitude, Tunis, Elyzad, 2010 : roman venu durant un voyage à Barcelone
- La Sérénade d'Ibrahim Santos, Tunis, Elyzad, 2011 : inspiré d’un voyage à Cuba
- Collectif, Nouvelles de Tunisie, Paris, Magellan et Cie, 2012
- L'Amas ardent : roman, Tunis, Elyzad, 2017 avec lequel il a remporté plusieurs prix (Prix des cinq continents de la Francophonie
- Bel abîme : roman, Tunis, Elyzad, 2021 : Prix obtenus : Prix de la Littérature Arabe 2022, Prix orange du livre en Afrique 2022, et bien d’autres.
Editions Elyzad
Les éditions Elyzad sont nées à Tunis en 2005, et ont à leur tête 2 femmes Elisabeth Daldoul et Vanessa Pecastaings . Elles donnent à entendre les voix des romanciers, «ces historiens de l’imaginaire », qui disent la parole tue, explorent l’âme humaine dans toute sa nudité. L’important pour elles est de découvrir l’Autre dans sa singularité, dans son universalité, combattre les préjugés, faire entendre les battements du cœur du Monde. Avec toujours la même exigence, des textes garants d’une pensée libre…
(Coup de coeur pour "le Dauphiné libéré" de Claudine Mathieu)