Gap -  Hautes-Alpes

La femme en vert

Arnaldur Indridason

Ed. Métailié, 2006

 

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 Un enfant fête son anniversaire avec ses copains. Sa petite soeur, assise par terre, machouille un objet qu'elle tient dans ses mains. En fait, très vite on se rend compte qu'il s'agit d'un os humain que son grand frère a trouvésur le chantier d'une maison en construction, sur une colline. Et c'est tout un squelette que l'on va retrouver à l'endroit indiqué par le garçon, un squelette profondément enfoncé dans le sol, enterré là depuis une soixantaine d'années.

      Le commissaire Erlendur est chargé de l'enquête, avec ses deux adjoints. Il va rechercher les disparus de la région pendant la seconde guerre mondiale et pour cela, va remonter le temps pour faire ressurgir des événements et bien souvent des secrets et des rumeurs que les familles veulent garder enfouis.

      D'un chapitre à l'autre, et même quelquefois à l'intérieur d'un même chapitre, l'auteur va faire des allers-retours entre le passé et le présent, pour revenir sans cesse sur un récit particulièrement douloureux : la vie d'une femme qui subit devant ses enfants, des violences horribles de la part de son mari,violences physiques et morales, tortures qui la rendent totalement impuissante et dépendante de lui. L'auteur décrit ces sévices avec un tel réalisme qu'on n'hésite pas à penser qu'il a voulu faire des violences conjugales le centre et la raison de son récit.

     Et ce qui rend le récit encore plus tragique, c'est qu'Erlendur lui-même vit un drame personnel qui n'est pas sans rappeler celui de son enquête : drame de l'enfance, puis divorce, rupture violente avec sa femme et ses enfants, retour d'une enfant junkie vingt ans plus tard, une fille qu'il retrouve au moment où elle tombe dans le coma après un dramatique accouchement. Alors lui aussi devra faire un retour en arrière dans sa mémoire pour faire surgir la vérité qui n'a cessé de le hanter; lui aussi devra se confronter à de vieux démons enfouis qui remontent à la surface.

    C'est bien un roman policier puisqu'il y a bien eu meurtre dévoilé par l'enquête de police. Mais ce qui nous attache à ce roman, c'est la plongée dans la mémoire, la mémoire individuelle et collective qui va faire ressurgir des drames dont les victimes sont essentiellement des enfants blessés dont la vie ne peut que suivre les traces de la douleur de leurs parents.

Extrait de "la femme en vert".

Mikkelina se rappelle les violences subies par sa mère, dont elle était le témoin quand elle n'était qu'une enfant :

...."Petit à petit les coups se résument à du pur sadisme parce que le seul pouvoir que l'homme violent détienne au monde, c'est celui qu'il exerce sur cette unique femme qui est son épouse, mais ce pouvoir n'a aucune limite puisque l'homme sait que la femme ne peut rien faire face à lui. Elle est totalement impuissante et complètement dépendante de lui parce qu'il ne se contente pas de la menacer elle, il ne se contente pas de la torturer avec la haine et la colère qu'il éprouve pour elle mais il la torture également avec la haine qu'il éprouve pour ses enfants en lui faisant clairement comprendre qu'il leur fera du mal si jamais elle essayait de se libérer de son emprise. Et pourtant, toute cette violence physique, toute cette souffrance et ces coups, ces os cassés, ces blessures, ces bleus, ces yeux au beurre noir, ces lèvres fendues, tout cela n'est rien comparé aux tortures que l'âme endure. Une terreur constante, absolument constante, qui jamais ne faiblit. Les premières années, quand elle montre encore quelques signes de vie, elle essaie de chercher de l'aide, elle essaie de s'enfuir mais il la retrouve et lui murmure qu'il a l'intention de tuer sa petite fille et d'aller l'enterrer  dans la montagne. Et elle le sait capable de le faire, alors elle abandonne. Elle abandonne et remet sa vie entre les mains de cet homme....

Alors son existence n'est plus que l'ombre de celle de son mari... Toute résistance l'abandonne et avec la résistance, c'est aussi son désir de vivre qui s'évanouit, sa vie à elle se confond avec sa vie à lui, du reste, on ne peut plus dire qu'elle soit en vie car, en fait, elle est morte et elle erre, comme une créature de l'ombre à la recherche d'un échappatoire. Afin d'échapper aux coups, à cette torture de l'âme, et à l'existence de cet homme, parce qu'elle ne vit plus sa vie à elle et qu'elle n'existe plus qu'à travers la haine qu'il lui porte. Pour finir, c'est lui qui remporte la victoire. Parce qu'elle est morte. Et qu'elle est un zombie"...

     (Présentation : Anne-Marie Smith)