Ces 5  nouvelles d'anticipation se situent en Amérique latine dans une zone  pavillonnaire d'un pays anonyme. Elles nous projettent dans un avenir  inquiétant sous un climat délétère et anxiogène où les protagonistes, atteints  souvent de maladies mystérieuses, sont sous la coupe intrusive er brutale  d'un " Big Brother " tout puissant: la Phonémark, société de  téléphonie mobile et qui assure aussi la sécurité. Ainsi chaque  utilisateur de portable doit utiliser un quota obligatoire de sms sous peine de  représailles. Le ton est donné!
            
            Pour  survivre, chaque famille détient un prisonnier fourni par Phonémark dans  une cellule aménagée et va essayer d'en tirer profit. L'une organise des  combats inhumains entre détenus et molosses dressés à tuer. Dans une autre, la  geôlière devient la maîtresse de son prisonnier au risque de sa vie. Un  docteur  Jekyll réduit les têtes de ses prisonnières enchaînées pour en  faire des poupées. Une grand- mère s'emprisonne au côté de son détenu pour le  protéger de la folie meurtrière du reste de la famille et de tout un quartier.  Autant de situations  scabreuses et absurdes d'une rare violence. 
            Partout  il se passe des choses très étranges et inquiétantes: ainsi des poupées  reviennent à la vie d'une nouvelle à l'autre dans un monde terriblement  dérangeant, délirant même, où l’humour noir règne en maître; Un  monde kafkaïen qui n'est pas sans rappeler celui d'Orwell dans  "1984". En effet, l'auteur y fait la satire féroce d'une société au  corps et à l'esprit malades, marquée par la méfiance, la délation et la peur.  Une société où règnent violence et vénalité et où seules  des grands  -mères résistent.
            
            On  ne  s’étonnera pas si l'auteur Leandro Avalos Blacha est argentin: on  pourrait voir dans ces nouvelles une allusion à l'Argentine des dictateurs où  la vie ne valait pas grand chose, ceux-ci ayant droit de vie et de mort sur  leurs sujets comme la Phonemark...
            Quant  à nous lecteurs, nous oscillons entre effroi et fascination devant un monde qui  pourrait être le nôtre car" demain c'est toujours un peu   aujourd’hui".
          Présentation : Mireille Lamberty